Elon Musk propose un nouveau monde à un prix défiant toute concurrence. Moyennant huit dollars par mois, tout un chacun pourra fourrer sa syllabe dans la cacophonie démocratique. Parle, mais paie.
— Elon Musk (@elonmusk) November 8, 2022
Quelques jours après avoir racheté Twitter et viré la moitié de son staff, l'homme le plus riche du monde a appelé sa communauté à voter républicain, partagé une poignée d'informations douteuses et commencé à écrire sa propre définition de la démocratie.
Elon Musk, c'est un peu le Donald Trump de l'algorithme. Sans pour autant s'apprécier, ils pilotent actuellement le même bulldozer populiste. Tous deux sont de grands adeptes du free speech radical et messianique. Tous deux embrassent les vérités alternatives à pleine bouche. Et tous deux bouffent de l'egotrip au petit-déj. Le pouvoir au peuple, mais c'est moi qui décide, aimez-moi très fort et tous les coups sont permis. A leur manière, ça veut flinguer l'élite établie, sans s'embarrasser du fait qu'ils en sont les plus dangereux représentants.
«Fiable, selon qui?», avait osé répondre le fondateur du réseau social Jack Dorsey. Tout est là: who the fuck are you pour posséder la définition de la fiabilité, de la vérité, de la démocratie? En bons démagogues paranoïaques, Trump et Musk s'emparent des plus grandes angoisses du peuple pour nourrir leur propre popularité. Et... ça marche.
Comment? En brouillant constamment les pistes, en nourrissant le brouhaha médiatique de colères et de doutes pour qu'on ne s'entende plus réfléchir. En polarisant les âmes plus que de raison. En prenant les Américains pour de grands abrutis incapables de discernement.
Au point de faire croire que la liberté d'expression et la sécurité pour tous ne coûtent que huit dollars par mois. Au point que, dans la nuit de mardi à mercredi, les citoyens du pays de l'Oncle Sam étaient persuadés de devoir choisir entre l'Amérique great again de Trump et la démocratie great again de Biden.
Musk et Trump, acculés de toutes parts, n'ont jamais été aussi puissants. Dans le camp adverse, celui qui avait pour unique mission de rappeler que la prospérité du peuple américain ne vaut plus rien sans démocratie, a bafouillé et trébuché devant les caméras.
Alors que les républicains dominent un scrutin de mi-mandat qui n'aura jamais été aussi décisif et violent, on parie sur la fin de Joe Biden et la future réélection de Donald Trump. Deux salles, deux ambiances. Au centre, l'empereur Musk, en arbitre autoproclamé d'une démocratie en grande difficulté.
Musk, celui qui s'est précisément payé le plus grand bistrot à débats du monde... et où Trump, comme cette nuit dans le coeur des républicains, ne devrait plus tarder à être réhabilité.