Le parti de celui qui voulait rompre avec les partis politiques traditionnels semble finalement être un parti comme les autres. Avec les mêmes hiérarchies, les mêmes tromperies, les mêmes machines à désillusion. Le Monde a recueilli les témoignages de jeunes militants dont le désenchantement est à la mesure de leur engagement – non récompensé – pour Eric Zemmour et la cause qu'il porte désormais dans le cadre des élections législatives, comme candidat dans le Var.
Selon le journal français, une dénommée Delphine Dassonville a par exemple recueilli neuf parrainages dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais pour la candidature d'Eric Zemmour à la présidentielle. Quand elle a relancé le chargé des finances du parti, fin avril, pour le défraiement de ses charges d’essence, rappelant son engagement bénévole et ses «moyens modestes», elle a ajouté: «Il serait convenable et respectueux de vous soucier des militants, les vrais, et ceux qui ont fait du résultat».
Et le responsable de préciser à Delphine Dassonville qu'il n'avait pas vu passer sa demande. La militante, qui assure ne pas être la seule dans ce cas, commente:
Elle raconte également que son amie Michèle L. a récolté 26 parrainages sur toute la France, à qui le mouvement avait promis un livre dédicacé d’Eric Zemmour et des chèques-cadeaux. «Les chèques-cadeaux, on les attend encore! C’est du foutage de gueule. On a vécu une belle aventure, mais on tombe de très haut, ça fait mal au cœur.»
Autre témoignage, celui de Stéphane Durbec, conseiller municipal de la petite commune de Céreste, dans les Alpes-de-Haute-Provence:
Ce n'est pourtant pas faute d'apporter au leader de la nouvelle formation politique «27 signatures d’élus, soit la moitié du total récolté dans la région, sur 12 départements, après avoir parcouru 28 000 kilomètres», toujours selon le quotidien hexagonal. Un autre ex-conseiller régional du FN «en veut d’abord à Sarah Knafo, la compagne d’Eric Zemmour et sa directrice stratégique, qui cristallise le ressentiment».
Reste à voir si le désamour pour Zemmour se ressentira aussi dans les urnes en juin. Le candidat ne part déjà pas en ayant l'avantage: bien qu'il ait fait l'un de ses meilleurs scores dans le département du Var lors du premier tour à la présidentielle (14,6% de voix), sa rivale du camp national Marine Le Pen avait, elle, atteint les 32,3%. Soit plus du double.