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Législatives 2022

Ces militants dégoûtés par leur héros Eric Zemmour et son parti

Zemmour désamour
Le parti de celui qui voulait rompre avec les partis politiques traditionnels semble finalement être un parti comme les autres.Image: Shutterstock
Législatives 2022

Ces militants dégoûtés par leur héros Eric Zemmour et son parti

«Reconquête!», le parti d'Eric Zemmour, désormais candidat aux législatives (qui auront lieu à la mi-juin), compte des déçus parmi ses jeunes militants. En cause, un manque de reconnaissance crasse.
16.05.2022, 10:0916.05.2022, 11:44
Jonas Follonier
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Le parti de celui qui voulait rompre avec les partis politiques traditionnels semble finalement être un parti comme les autres. Avec les mêmes hiérarchies, les mêmes tromperies, les mêmes machines à désillusion. Le Monde a recueilli les témoignages de jeunes militants dont le désenchantement est à la mesure de leur engagement – non récompensé – pour Eric Zemmour et la cause qu'il porte désormais dans le cadre des élections législatives, comme candidat dans le Var.

Défraiements pas reçus

Selon le journal français, une dénommée Delphine Dassonville a par exemple recueilli neuf parrainages dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais pour la candidature d'Eric Zemmour à la présidentielle. Quand elle a relancé le chargé des finances du parti, fin avril, pour le défraiement de ses charges d’essence, rappelant son engagement bénévole et ses «moyens modestes», elle a ajouté: «Il serait convenable et respectueux de vous soucier des militants, les vrais, et ceux qui ont fait du résultat».

Voici la réponse qu'elle a reçue:

«En tout état de cause, je ne peux l’examiner vu le ton de votre message. Si vous voulez le refaire, on pourra éventuellement en discuter»

Et le responsable de préciser à Delphine Dassonville qu'il n'avait pas vu passer sa demande. La militante, qui assure ne pas être la seule dans ce cas, commente:

«C’était 120 euros, pour le principe... La façon dont on a été traités est scandaleuse, même si j’y suis allée avec mes tripes et mes convictions. (...) J’ai l’impression de retrouver le FN d’il y a quelques années. Je pensais que ce serait différent»
Delphine Dassonville, militante de «Reconquête!» dégoûtéeLe Monde

Elle raconte également que son amie Michèle L. a récolté 26 parrainages sur toute la France, à qui le mouvement avait promis un livre dédicacé d’Eric Zemmour et des chèques-cadeaux. «Les chèques-cadeaux, on les attend encore! C’est du foutage de gueule. On a vécu une belle aventure, mais on tombe de très haut, ça fait mal au cœur.»

Vers un désamour
de Zemmour?

Autre témoignage, celui de Stéphane Durbec, conseiller municipal de la petite commune de Céreste, dans les Alpes-de-Haute-Provence:

«"Reconquête!" est une escroquerie, un parti mort-né. Ils ont pris en quatre mois tous les défauts des partis vieux de 40 ans: népotisme, copinage, salaires exorbitants… Zemmour m’avait redonné envie de faire de la politique comme à seize ans. On y a cru, on a pris une gifle monumentale et on se réveille»
Stéphane Durbec, ancien conseiller régional du Rassemblement nationalLe Monde

Ce n'est pourtant pas faute d'apporter au leader de la nouvelle formation politique «27 signatures d’élus, soit la moitié du total récolté dans la région, sur 12 départements, après avoir parcouru 28 000 kilomètres», toujours selon le quotidien hexagonal. Un autre ex-conseiller régional du FN «en veut d’abord à Sarah Knafo, la compagne d’Eric Zemmour et sa directrice stratégique, qui cristallise le ressentiment».

Selon ses mots:

«Une personne centrale et monopolistique» qui «a mis la main sur tout depuis le début»

Reste à voir si le désamour pour Zemmour se ressentira aussi dans les urnes en juin. Le candidat ne part déjà pas en ayant l'avantage: bien qu'il ait fait l'un de ses meilleurs scores dans le département du Var lors du premier tour à la présidentielle (14,6% de voix), sa rivale du camp national Marine Le Pen avait, elle, atteint les 32,3%. Soit plus du double.

La venue d'Eric Zemmour à Genève, en images
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