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Législatives 2022: Pourquoi Macron a toutes ses chances

Non seulement Macron est reconduit à l’Elysée, mais il est sur le point de rafler une nouvelle fois la mise à l’Assemblée nationale.
Non seulement Macron est reconduit à l’Elysée, mais il est sur le point de rafler une nouvelle fois la mise à l’Assemblée nationale.
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Pourquoi Macron a toutes les chances de triompher aux législatives

Emmanuel Macron, réélu président de la République dimanche, a de grandes chances de décrocher une majorité confortable aux élections législatives de juin prochain. Voici pourquoi.
26.04.2022, 19:0228.04.2022, 16:37
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Inutile de faire durer le suspense plus longtemps: Emmanuel Macron a de grandes chances d’obtenir une majorité confortable, absolue même, aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. C’est ce qu’indique un sondage Harris Interactive réalisé pour le magazine Challenges, paru lundi, au lendemain du second tour de la présidentielle. Il reste un gros mois à la France insoumise (LFI) et au Rassemblement national (RN) pour tordre le cou à cette première tendance.

Une projection accorde en effet entre 328 et 368 sièges au tandem LREM-Modem, actuellement majoritaire à l’Assemblée nationale. Une alliance électorale passée avec la droite LR, Les Républicains représentés par Valérie Pécresse à l’élection présidentielle, ne changerait pas grand-chose à la donne. Quand on sait qu’il faut un minimum de 289 députés pour avoir la majorité absolue, la projection en sièges est plus que satisfaisante pour Emmanuel Macron et ses troupes.

Non seulement Macron est reconduit à l’Elysée, mais il est sur le point de rafler une nouvelle fois la mise à l’Assemblée nationale. De quoi faire enrager encore plus, si cela est possible, ceux, nombreux en France, qui haïssent le bonhomme et voient dans le scrutin majoritaire à l’œuvre dans ces législatives un moyen de couper les pattes aux oppositions. Qui réclament à cors et à cris l’instauration de la proportionnelle, au nom du combat, en tout cas à gauche, contre la «monarchie élective», soit une grande quantité de pouvoirs dans les mains d'une seul, le chef de l'Etat élu au suffrage universel.

La proportionnelle? Dans leurs rêves...

A ce propos, qu’est-ce que cela donnerait avec la proportionnelle intégrale? Un sondeur de l’institut Ifop s’est pris au jeu à partir du sondage Harris Interactive. LREM n’aurait plus la majorité absolue. Elle resterait le premier parti, mais serait talonnée par le RN de Marine Le Pen. Le jeu des alliances permanentes ou de circonstances, avec le centre gauche ou le centre droit, permettrait théoriquement à Emmanuel Macron de gouverner. Mais la conduite du pays serait en permanence menacée par l’instabilité. C’est parce que la France était devenue ingouvernable sous la IVe République que la Ve a été créée en 1958 par le général de Gaulle.

Oublions la proportionnelle intégrale. Avec l’actuel scrutin majoritaire, l’hypothèse d’une «chambre jaune horizon», autrement dit d’une Assemblée nationale très largement aux couleurs du parti d’Emmanuel Macron, n’est pas impossible.

«Depuis l’instauration du quinquennat en 2002, la loi électorale fait suivre la présidentielle par les législatives dans un délai d’environ un mois», explique Bruno Cautrès, politologue au Cevipof (Centre d'études de la vie politique française). A compter de 2002, tous les présidents de la République ont disposé d’une majorité absolue plus ou moins solide à l’Assemblée nationale.

Pourquoi ces majorités votées d'une façon qu'on dirait automatique? «Parce que les citoyens dans leur majorité estiment important de donner au président élu les moyens de gouverner dans un relatif confort législatif», répond Bruno Cautrès. Auparavant, lorsque le mandat présidentiel durait sept ans, la législature à l’Assemblée nationale étant, elle, de cinq ans, il arrivait qu’il y ait des périodes de cohabitation entre le président et une majorité à l'Assemblée nationale qui n’était pas la sienne. Cela s’est produit en 1986, 1993 et 1997.

Entre Le Pen et Zemmour, c'est pas l'amour fou

Pour l’heure, il y a de l’eau dans le gaz des oppositions. A l’extrême droite entre Marine Le Pen et celui qui cherche aujourd’hui à manger dans sa main après l’avoir houspillée, Eric Zemmour. A gauche, entre la LFI de Jean-Luc Mélenchon, qui voudrait que les Français l’«élisent» premier ministre en lui accordant la majorité à l’Assemblée nationale, et Yannick Jadot, candidat malheureux d’Europe Ecologie Les Verts au premier tour de la présidentielle. Celui-ci, qui pourrait, qui sait, être nommé par Macron dans le nouveau gouvernement, refuse pour l'instant de se ranger sous la bannière mélenchoniste. Vu son petit score du 10 avril, et s'il décide de concourir comme opposant à Macron aux législatives, a-t-il vraiment le choix?

«Pour les partis politiques ayant obtenu des scores modestes à la présidentielle, c’est aussi et avant tout une question d’argent», rappelle Bruno Cautrès. «Les règles sont simples», écrivait Le Figaro le 18 avril:

«Pour ces élections, deux dotations de l’Etat sont mises à disposition. Dès lors qu’un parti récolte au moins 1% des suffrages dans 50 circonscriptions au premier tour, chaque voix lui rapporte 1,42 euro, et ce, de manière fixe pendant cinq ans. Après le second tour, le nombre final de parlementaires – députés et sénateurs confondus – débloque l’autre volet d’un montant de quelque 37 000 euros par élu et par an jusqu’au prochain renouvellement. De quoi garantir une certaine sérénité. Ou, au contraire, de vives inquiétudes…»
Le Figaro, 18 avril 2022

Il faudrait qu’Emmanuel Macron enchaîne les fautes politiques d’ici aux législatives pour ne pas en sortir vainqueur. Mais ce président détesté d’une partie des Français a tant la baraka dans les urnes, qu’une majorité relative et non pas absolue de son parti, La République en marche, en juin prochain, suffirait à combler ses opposants.

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