Chaque année, de moins en moins de Suisses peuvent se permettre de partir en vacances, que ce soit à l'étranger ou même dans leur propre pays. A l'approche de l'été, les ménages de la classe moyenne supérieure et des catégories plus modestes doivent revoir leurs attentes à la baisse: des séjours plus courts, plus proches, plus simples, bref... moins coûteux.
Une toute récente étude réalisée par Hellosafe a estimé que plus de 70% des ménages en Suisse ne partiront pas du tout cet été. Un tiers de ces ménages évoque l’inflation comme raison principale. Celles et ceux qui voyageront privilégieront les courts séjours. Même le budget de ces voyages est relativement modeste : en moyenne 1180 francs.
Alors évidemment, ce n’est pas forcément mal de profiter de nos contrées ou de faire attention à notre bilan carbone, au contraire. Ce qui l’est, c’est d’avoir de moins en moins de temps, d’argent, et de liberté pour nos loisirs et notre repos.
Sans compter le stress des fins de mois difficiles, qui prend bien souvent aux tripes. Dans ce contexte, se détendre et penser à autre chose ferait le plus grand bien. Mais, ce sont ceux qui auraient le plus besoin de souffler qui en ont de moins en moins le droit ou la possibilité.
Pourtant, les vacances ne sont pas uniquement bénéfiques pour les employés, elles le sont aussi pour les employeurs. En réalité, on fait moins d’erreurs et on arrive à accomplir davantage de travail de qualité en moins de temps si on a bénéficié de vacances.
Cela veut dire qu’en travaillant une heure de trop, on va engendrer des erreurs qui obligeront d’autres personnes à travailler encore plus que cette heure travaillée pour les corriger: on aurait donc mieux fait de rentrer.
Moins nous travaillons, plus nous produisons! Cette idée peut sembler paradoxale, mais elle est vraie. L'Organisation internationale du travail (OIT) a démontré, par exemple, que plus un pays comptait de personnes travaillant plus de 40 heures par semaine, moins la production par heure était élevée. Cette corrélation est flagrante.
De même, bien que les 35 heures de travail hebdomadaires ont souvent été moquées, leur mise en place a entraîné une augmentation de la productivité par personne en France.
Tenez, justement, la France, dont certains critiquent la propension à lutter pour leurs droits, en les faisant passer pour des flemmards. On compare fréquemment les Français aux Allemands, soulignant que ces derniers sont bien plus productifs que les premiers. Et c’est absolument vrai. Par contre… les Allemands travaillent moins que vous ne l'imaginez:
Alors, je vous vois venir: il suffirait du coup de travailler zéro heure et on serait extrêmement productifs! Evidemment, ce n’est pas aussi simple. Ce que montrent ces études, c’est que de travailler un nombre raisonnable d’heures, de ne pas être constamment sous pression, de travailler l’esprit libre et reposé, c’est bien plus efficace.
Donc c’est fou: on a beau présenter les vacances comme un acquis social des employés contre les employeurs, en vrai, lorsqu’on est payés pendant notre congé, on produit plus que lorsqu’on est payés pendant notre travail. On a déjà entendu 1000 versions du slogan de Sarkozy, «travailler plus pour gagner plus», mais le seul qui est correct, c’est:
Ainsi, la crise du pouvoir d'achat que nous traversons actuellement, ce véritable drame vécu par de nombreux ménages, même ceux disposant de revenus supérieurs à la moyenne, est également préjudiciable aux entreprises. Si leurs employés ne peuvent pas profiter de vacances bien méritées, ils seront moins efficaces à leur retour au travail.
Il est donc dans notre intérêt à tous que les salaires permettent non seulement aux familles de survivre et de se loger tant bien que mal, mais aussi de mener une vie heureuse et satisfaisante.
Si les gens peuvent se permettre de partir en vacances, ils sont encore plus productifs pendant le temps de travail. Les patrons devraient donc verser de meilleurs salaires durant les jours de congés, pour être sûrs que les gens aient les moyens de profiter de cette période. C'est bon pour le travail... mais surtout, c'est bon pour l'humain. Et, au final, c'est ce qui compte réellement.