Bon, ça y est, j’ai fêté mes 30 ans, j’entre dans la super période où t’es censé être en train de faire quelque chose de concret de ta vie.
Et quand je dis concret, je veux dire vivant. Des gosses, quoi.
C’est le passage obligé pour ma famille, apparemment. Pour la tienne aussi, je parie? La suite logique à la mise en couple?
Vu que j’ai réussi à éviter cette étape jusque-là (ça a aussi des bons côtés), on me fout un peu la paix. Et puis étant donné que je suis à moitié lesbienne, mes proches ne savent pas tellement bien où j’en suis, alors ils restent plus ou moins en dehors de ça. Ils ne veulent pas s’en mêler.
Du coup, je ne suis pas la plus emmerdée. A l'inverse de ma sœur, la malheureuse, qui a toujours été bien rangée, dans les clous et qui a connu trois mecs dans sa vie, dont un avec lequel ça n’a jamais été au-delà de la «base 2».
D’ailleurs, sa grossesse annoncée récemment, après des années d’essais infructueux, a été accueillie comme un vrai miracle: champagne, parade nationale en F25 et sacrifice d’une chèvre vierge unijambiste tellement on était contents de la nouvelle. On a failli déconfiner!
Donner la vie putain, y'a que ça de vrai!
Non parce qu’on est en cruel besoin d’augmenter la courbe démographique, c’est une question de survie de l’espèce, faut pas déconner avec ça!
Tous ces mécréants avec leurs capotes sont à deux doigts de ruiner l’élan de l'évolution humaine.
En ce qui me concerne, si un jour j’ai des enfants, je pense que je les adopterai.
Quand je dis ça, je suis toujours accueillie avec des regards condescendants, en mode «cette pauvre fille n’a rien compris au concept».
Non parce qu’il faut que ce soit LES TIENS, tu comprends. TA descendance, TON sang. Il s’agit de laisser une trace sur cette planète. De marquer ta Page. Ton héritage quoi, merde!
Finalement, faire des gosses c’est encore un truc qu’on nous vend dans les bouquins de développement personnel. C’est un truc qui nourrit l’égo. Qui nous fournit, emballé c’est pesé, une raison d’exister. Un but. Pour les gens qui ne savent pas bien quoi foutre de leur vie, c’est pratique! En neuf mois t’as répondu à la question à 500 balles «qui suis-je?» Une mère! PAF!
Qu’on ne vienne pas me dire qu’on fait des enfants dans le but de «donner le cadeau de la vie». C’est vraiment la blague du siècle. Si t’as rien demandé, est-ce que c’est vraiment un cadeau?
En fait, faire des gosses, on le fait pour soi. C’est l’acte le plus égoïste qui soit au monde, qu’on a réussi à nous vendre comme le plus beau sacrifice et don de soi désintéressé ultime.
Je ne sais pas qui s’est occupé de la stratégie marketing de ce truc-là, mais c’est de l’or en barre. BRAVO L’ARTISTE!
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