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Pourquoi Sydney Sweeney s'en prend-elle plein la tronche?

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image: getty, montage: watson
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Pourquoi cette «actrice prodigieuse» s'en prend plein la tronche

Sydney Sweeney a été découverte dans la série Euphoria, louée dans White Lotus, détestée dans Madame Web, moquée dans le dernier clip des Rolling Stones et démolie après son passage dans Saturday Night Live ce week-end. Qu'est-ce qui cloche avec l'éternelle révélation de Hollywood? Tentative de diagnostic.
04.03.2024, 18:4904.03.2024, 23:32
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Un collègue cinéphile pourrait en mettre sa main au feu, elle «fait du cash». Entendez par là que ses choix professionnels dépendraient exclusivement de l'appétit de son porte-monnaie. Une façon plutôt polie de dire que, «pour l'instant», Sydney Sweeney n'est pas tout à fait la meilleure actrice de la planète. Qu'on se comprenne bien: ce n'est pas un problème. Nombreux sont ses collègues qui traversent une carrière bien charpentée, sans avoir besoin de tutoyer le mythe d'une Marilyn Monroe ou d'un James Dean.

Le hic, c'est qu'on n'arrête pas de lui prédire le firmament, alors qu'elle mord la poussière à chacune de ses apparitions.

On exagère à peine et elle-même l'a compris très vite.

«Les gens sont si prompts à encenser quelqu'un pour ensuite le démolir»
Sydney Sweeney, dans le magazine Variety

Rien que ce week-end, sa prestation jugée (au mieux) maladroite dans Saturday Night Live lui vaudra un bon cageot de tomates pourries. Sur les réseaux sociaux, bien sûr, mais pas que. Sans s'embarrasser du moindre tact, l'influent Vulture affirme par exemple que «l'émission s'est suffisamment approchée du vide pour remporter le titre de l'épisode le plus lamentable de la saison». Outch.

Honnête, le magazine flinguera (un peu) moins l'actrice de 26 ans que l'auteur chargé de lui fourrer des jeux de mots douteux dans la bouche. Même si elle saura se moquer de son image de bimbo de Malibu, en bombant le torse dans un sketch parodique rafraîchissant, une question demeure:

Qu'est-ce qui cloche avec Sydney Sweeney?

Depuis qu'elle est devenue l'héroïne surprise de la série populaire Euphoria, en 2019, on dirait que la jeune comédienne se (com)plait dans le rôle de l'éternelle révélation du cinéma américain, de la future grande, de la prochaine star indispensable, du nouveau visage de Hollywood. Hélas, le temps file et depuis cinq longues années, Sydney sème son public avec un itinéraire passablement bordélique.

Quelques rôles inspirés, comme dans la fantastique série White Lotus ou la fiction autobiographique Reality. Mais aussi de sacrés parpaings qui restent sur l'estomac, à l'instar du cucul la praline Anyone but you, le thriller érotique The Voyeurs et surtout le plus mauvais film de l'année, aka Madame Web.

Vidéo: watson

On en oublierait presque son apparition remarquée dans le clip Angry, qui a accompagné l'énième renaissance des Rolling Stones l'année dernière. Au menu, la fournaise de Los Angeles et une belle carrosserie décapotée charriant une Sweeney qui aligne les génuflexions lascives, en cuirasses cloutées. Sexiste pour les uns, bêtement paresseuse pour les autres, cette association avec les papys du rock exprime pourtant toute la complexité d'une actrice constamment écartelée entre sa popularité bien réelle et des choix qui ont le don de pétrifier ses fans.

Mick et Sydney à L.A.

Vidéo: youtube

Alors oui, de loin, Sydney Sweeney peut effectivement passer pour une toxico du cachet. D'ailleurs, n'a-t-elle pas glissé sous le pif de ses parents un «business plan sur cinq ans», histoire de leur prouver que le cinoche peut remplir son frigo? Par-dessus le marché, la liste de ses détracteurs se rallonge à chaque fois qu'elle ose causer de fric en public. Durant la grève des scénaristes, elle s'est par exemple fendue d'un discours à double tranchant.

«Les stars bien établies sont toujours rémunérées, mais je dois donner 5% à mon avocat, 10% à mes agents. Je dois aussi payer mon attaché de presse chaque mois et c'est plus que mon hypothèque»

Résultat, sur Internet, on étrille régulièrement la gamine pourrie gâtée, alors que sa famille a en réalité très peu en commun avec celle d'un Jeff Bezos. Et ce franc-parler hautement inflammable, parfois aléatoire, elle l'a toujours revendiqué, sans pour autant viser le destin de la punkette indomptable. Sydney Sweeney refuse mordicus de perdre son «naturel», quitte à se passer de «media training». Alors quand des emmerdeurs font courir la rumeur qu'elle fricote avec son partenaire dans la comédie romantique Anyone But you, Glen Powell, elle peinera à sortir du marécage.

Un festival de quiproquos qui vient constamment nourrir (pourrir?) le flou artistique qui entoure la jeune femme depuis quelques années.

Tenez, un autre exemple. Pour son rôle dans l'imbuvable Madame Web de Marvel, on raconte qu'elle a bûché toute la documentation disponible sur le personnage de Julia Carpenter, histoire de lui offrir un maximum d'ampleur, de corps, de complexité. Un travail soigné qui a fini par être salopé dans le script et sur le plateau de tournage. Elle et ses deux acolytes n'apparaissent que dix-huit secondes en costume de superhéros et Sydney est réduite à la collégienne grise et binoclarde, autant en détresse qu'en jupette.

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Un beau gâchis (un de plus), parce qu'ils sont nombreux à Hollywood à voir en elle la comédienne la plus «prodigieuse de sa génération». Et il est peut-être là le problème. Alors que la profession, en manque systémique de têtes d'affiche qui remplissent les salles, court littéralement après la prochaine (et le prochain) qui fera briller ses films vers l'infini et l'au-delà, Sydney Sweeney a tout pour incarner l'actrice américaine dans sa plus pure (et caricaturale) définition. Le talent et la palette d'émotions, bien sûr, mais aussi un aura constamment sur le point d'exploser, un charisme solide, unique, espiègle, pulpeux. De quoi la hisser naturellement entre Marilyn Monroe et Nicole Kidman.

PARIS, FRANCE - JULY 04: Sydney Sweeney attends the Giorgio Armani Privé Haute Couture Fall/Winter 2023/2024 show as part of Paris Fashion Week on July 04, 2023 in Paris, France. (Photo by Arnold Jero ...
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Le drame, c'est que l'extrême droite et les marques sont (très) en avance sur les producteurs hollywoodiens. Alors que les bourrins ultraconservateurs en ont fait une poupée qu'ils vénèrent exclusivement pour son tour de poitrine, Kérastase vient de poser un gros chèque sur la table pour la catapulter sur tous les panneaux publicitaires de la planète. Les cinéastes, eux, passent leur temps à tergiverser, lui offrant encore trop souvent des rôles d'ado éternelle ou de jeune femme bêtement amoureuse.

Ceux qui croient en elle seraient-ils simplement trop pressés? L'avenir le dira. Avec notre collègue cinéphile, à peine sa main sortie du feu, on se souvient qu'elle est bientôt à l'affiche d'un Ron Howard (Eden) et d'un Michael Pearce (Echo Valley) aux côtés de Julianne Moore. Et puis, peut-être que le film d'horreur qui sort à la fin du mois aux Etats-Unis, et dans lequel elle incarne une nonne enceinte, saura lui offrir un peu de cette stature qu'elle mérite depuis bien trop longtemps.

The Rolling Stones - Angry
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