S’il y a bien une bande de héros qui réconcilie les fans de Marvel et ses haters, c'est bien Les Gardiens de la Galaxie. Une équipe de vaillants bras cassés dont les aventures spatiales arrivent à se démarquer suffisamment bien de «l'Univers Cinématographique Marvel» (le fameux MCU) pour vivre par eux-mêmes, tout en s'intégrant parfaitement à cette longue saga de 31 films qui commence gentiment à s'essouffler.
Bonne nouvelle, dans cet opus, point de multivers ou de liens avec les Avengers. Les Gardiens de la Galaxie Vol.3 est un film centré sur les Gardiens et explore le sombre passé d'un personnage en particulier: Rocket. En effet, le raton laveur le plus intelligent de l'univers devra faire face au terrible Maître de l'Évolution à qui il doit ses origines tragiques.
Mais avant de rentrer dans le fond du sujet…
Après deux volumes, une apothéose avec Avengers Infinity War et Endgame ainsi qu'un anecdotique Holiday Special, l'équipe mise en place par James Gunn en 2014 se retrouve pour une dernière danse qui sonne comme la fin d'une ère.
En effet, James Gunn a quitté Marvel pour la concurrence (DC Comics) afin de faire redécoller Superman après avoir consacré 10 années à développer cet univers qui, bien qu'il soit adapté d'un comic book, a cette vision d'auteur particulière qu'on a du mal à retrouver au sein des autres membres du panthéon Marvel. En effet, les Gardiens ont fait souffler un vent de fraîcheur sur le MCU en apportant un véritable «space opera» à la Star Wars, le cool en plus.
Si le film conserve tous les ingrédients qui ont fait la réussite de cette saga: de l'action, des plans iconiques, beaucoup d'humour, une bande-son du tonnerre et surtout des personnages terriblement attachants, il apporte cette fois une dimension supplémentaire avec des moments d'émotions parfois déchirants et un véritable message animaliste qui s'intègre avec justesse dans ce spectacle jubilatoire. Au travers du passé de Rocket, James Gunn développe avec intelligence une histoire de famille recomposée, de traumas et de dignité à retrouver, tout en n'oubliant jamais ses autres personnages, même les plus secondaires. Chacun a droit à son arc de rédemption, tout en gardant ce ton comique propre à la saga.
On peut néanmoins reprocher le traitement des nouveaux personnages comme Adam Warlock (Will Poulter), connu pour être un monstre de charisme dans les comics et qui se révèle ici être un personnage relativement ridicule. Un constat partagé pour le grand méchant du film, le Maître de l'Évolution (Chukwudi Iwuji) dont le personnage ne va pas plus loin que le stéréotype du savant fou mégalo. James Gunn ayant placé le cœur de son film dans son équipe de Gardiens, le reste n'est que garniture.
Puisqu’on ne va rien vous spoiler, Les Gardiens de la Galaxie Vol.3 démarre là où Avengers Endgame les avait laissés. Installée sur Knowhere, une station spatiale située dans la tête coupée d'un ancien être céleste, la bande va se retrouver confrontée au passé de Rocket. Le film va se concentrer sur ses personnages qui vont tout faire pour sauver l'un des leurs. Ainsi, Peter Quill, Rocket, Drax, Gamora, Mantis et Nebula vont également évoluer dans cette aventure, que ce soit dans l'abnégation, la rédemption ou la résilience.
Le film va là où on ne l’attend pas et tente toujours de surprendre le spectateur par des idées complètement fantasques (comme un vaisseau en... viande) et se permet quelques exubérances aux allures de films d'horreur, au point de proposer des scènes étonnement violentes pour un film qui s'adresse à un public âgé de minimum 12 ans. Il va même jusqu'à franchir la ridicule ligne sacro-sainte du tout public propre au cinéma américain en plaçant le «F-word», une première dans un Marvel.
Si les derniers films de superhéros ont passablement souffert d’un mauvais bouche-à-oreille et d’une certaine lassitude du public pour les héros en collants, le volume trois des Gardiens est tout simplement ce qui est sorti de mieux depuis Avengers Endgame et semble être la véritable conclusion d'une ère cinématographique.
Car si le film ne ferme pas la porte à ses personnages, il clôt néanmoins le chapitre de ceux que nous connaissons avec des allures de pot de départ, où de fin d'été, où l'on en sort avec un léger spleen à l'idée que rien ne sera plus comme avant. C'est peut-être là-dedans que le long-métrage trouve sa plus grande force. La preuve pour un blockbuster que lorsqu'un réalisateur aime ses personnages, les développe et y met du cœur, on peut avoir un bon divertissement. De plus, un film qui commence avec du Radiohead et se termine avec du Bruce Springsteen ne peut pas être réellement mauvais.
Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 sort dans les salles romandes le mercredi 3 mai 2023.