La Nati joue ce soir contre le Portugal, on va se faire laminer tu penses?
On est meilleurs quand tout semble contre nous, j'ai l'impression. Et ce soir, c’est un gros morceau. Donc on y croit! Le match contre la France (réd: lorsque les Bleus ont été sortis par la Suisse) fait office de jurisprudence, bien sûr.
À propos de la Nati, du foot, du Mondial, si on déteste ça, on est obligés de venir à ton spectacle?
Non, je pense qu'on doit se forcer à aller nulle part dans la vie. Sauf les baptêmes des cousins... Plus sérieusement, le spectacle est fait aussi bien pour les fans de foot que pour ceux qui n'y connaissent rien, voire qui détestent ça.
T'as pas peur de décevoir, au final, à essayer de plaire à tout le monde?
J'aurais pu faire un spectacle juste pour les fans de foot, on est assez nombreux. Mais en l'abordant de manière à ce que ça parle à tout le monde, ça explore des choses universelles. La mauvaise foi, l'intolérance, la violence, ça n'est pas exclusif au foot. C'est un spectacle qui parle d'humanité (dit-il sur un ton niais).
Rajouter des vannes pas rodées pendant le Mondial, c'est cool ou ça fait peur?
Le spectacle, dans l'ensemble, je l'ai déjà joué, j'ai de bons retours, ça va. Et dans le stand up, je ne suis fermé à rien, un texte est appelé à évoluer. Disons que c'est mon job, je devrais être capable de rajouter des blagues et que ça soit drôle! Enfin, j'espère (rires)!
Sportivement, les Suisses détestent les Français, qui eux-mêmes détestent les Espagnols... Toi tu détestes qui, du coup?
Tu dis ça parce que j'ai les trois nationalités? (Rires) Dans le sport, j'étais souvent pour l'Espagne, avec mes frères et mes cousins. Mon père, qui est français, il aime le golf. Rien d'excitant quand j'étais gosse.
Le niveau de ton spectacle, tu le situes plutôt vers Harry Maguire ou Karim Benzema?
Aha! Alors, j'aimerais bien que ce soit plutôt du Benzema, même si je ne pense pas qu'il aurait été élu «meilleur spectacle 2022». Mais je dirais Maguire aussi, parce que mon spectacle, il est carré.
Hein?
Les fans de foot comprendront l'analogie, t'inquiète (rires). On dirait que ses parents sont des briques.
C'est difficile de faire de l'humour sur un sport où le supporter lambda est un peu...
Con?
J'allais dire «susceptible et premier degré».
Je paraphrase... Disons, parmi la quantité des gens qui aiment le foot, il y en a un certain nombre qui ne sont pas hyper futés. Mais personne n'est encore venu me casser la gueule après le spectacle pour avoir vanné un joueur! Les footeux ont de l'humour, et je pense qu'ils sentent que, comme eux, j'ai beaucoup d'amour pour ce sport.
À quelle occasion le foot t'a fait pleurer?
Je me rappelle quand mon équipe a gagné la Ligue des Champions, j'avais seize ans, j'étais avec mon petit frère. On hurlait dans le salon et mon père, qui était déjà couché, s'est relevé. On gueulait «ON A GAGNÉÉÉ» et il était là «Ah c'est du foot... OK bonne nuit.» Mais je pleure plutôt devant des docus, avec un bon storytelling. Dans le foot, il y a des histoires fascinantes, et si c'est bien raconté, c'est touchant. Et des fois, je suis touché... (Rires)
Si t'avais un billet magique pour ton spectacle à offrir à une star du monde du football, tu le donnerais à qui?
C'est marrant comme question, je sais qui j'adorerais rencontrer, pour autant, je ne suis pas sûr de vouloir les voir à mon spectacle (rires)! Une fois, il y avait Patrick Müller (ancien joueur pro), alors qu'en même temps, Servette était en train de battre Lausanne à Genève. Et il vient me voir à la fin en me montrant le score sur son téléphone, en me disant «Charles, qu'est-ce qu'on fait dans une cave à Carouge alors qu'il se passe ça?!» (rires). Sinon Pep Guardiola, j'aimerais bien qu'il vienne.
C'est vraiment un deuil?
Il a fait partie des héros de ma jeunesse, alors oui. D'ailleurs, c'est la dernière coupe du Monde où je suis plus jeune que quelques joueurs. La prochaine, c'est fini! Est-ce qu'on arrive à regarder de la même manière, après, quand on sait que les joueurs sur le terrain apprenaient à écrire en attaché alors qu'on était déjà à l'université? Je ne sais pas (rires)!
À propos de vieilles gloires, tu en parles dans le spectacle: c'est pas un peu lâche d'avoir attendu que Platini soit vieux pour lui piquer le ballon?
Aha, quand il était pas vieux, j'étais pas en mesure de lui piquer le ballon. J'apprenais même pas à écrire en attaché, j'étais pas né! Pour de vrai, c'était hyper cool de jouer avec lui (réd: Charles a travaillé à la Fifa). Tu voyais que même s'il était plus tout jeune, il pouvait te sortir un geste technique... Waouh.
Les gens qui mettent la musique de la Champions League à leur mariage, on en pense quoi? (réd: le spectacle débute sur cette chanson)
Mmhh... En vrai, je comprends l'instinct. Les gens comprennent pas, genre «gna gna gna, c'est juste du foot», mais elle est magique. Elle suscite de la joie, c'est ce que t'as envie de ressentir à ton mariage. Après, ça ne fera pas vibrer tout le monde de la même manière.
Ça te rend triste de savoir que le seul endroit où les Suisses peuvent entendre cet hymne, cette année, c'est à ton spectacle? (réd: aucune équipe suisse n'y joue)
Aïe! Ouais, je me réjouis que ça arrive de nouveau... (Charles part dans une explication sur le système d’attribution de points.) Young Boys, peut-être? On est pas si ridicules que ça quand on y est. Enfin, pas à chaque fois... En vrai, comme je suis un fan de foot, je ne suis pas les équipes suisses (sourire perfide).
Tu les vannes dans ton spectacle... C'est pas un peu facile de taper sur les commentateurs de la RTS?
Ah oui, carrément! C'est d'ailleurs le premier truc que j'ai fait en montant sur scène, preuve que c'est facile. Mais ces commentateurs sont iconiques, quand je commence à en parler dans le spectacle, avant même de lâcher une vanne, les gens rigolent. Et ceux que j'ai rencontrés savent comment ils sont, ils ont beaucoup d'autodérision.
Qu'est-ce que tu as préféré faire par rapport au foot: joueur assis sur un banc, coach pour enfant ou stagiaire responsable des photocopies à la Fifa?
Hé, je faisais pas que les photocopies (rires)! J'adorais être coach, en vrai. Des fois, ça me manque, c'est tellement cool d'aider des gosses à s'améliorer. Ils sont hyper marrants.
Tu préfères faire salle comble à toutes les dates ou que la Nati gagne le Mondial?
Ahaha, c'est dur, c'est fourbe comme question! Bon, t'as pas dit que la salle serait vide pour autant... Alors que la Nati gagne, et qu'il reste quatre places vides à une date.
Ah non, si la Nati gagne, dans ton public, c'est clairsemé!
T'as pas le droit de préciser la question après. Non non, je décide que la Suisse gagne et qu'il y a quatre places vides à Vuarrens! Ça serait tellement fou que la Suisse gagne... Et, bon, j'ai déjà eu tout le premier rang vide, je m'en suis remis. Je choisis la coupe!
Bien, alors je te souhaite que ton spectacle fasse un bide et que la Suisse gagne!
On a dit quatre places vides à Vuarrens! (Rires)
7 décembre – Théâtre de la Madeleine, Genève
9 décembre - Grande salle, Vuarrens
10 décembre – Théâtre de Colombier
12 décembre – ComedyHaus, Zürich
15 et 16 décembre – Théâtre Boulimie, Lausanne
17 décembre – Hameau-Z’Arts, Payerne
20 et 21 décembre - Casino théâtre, Rolle
20 janvier - Salle des hospitalières, Porrentruy
Billets disponibles ici.