Je crois que je peux facilement dire de moi que je suis maniaque. Pas maniaque du genre «j’aime que les choses soient propres et rangées», maniaque comme Monk: s’il y a un livre sur ma table basse qui est légèrement de coin, je vais devoir le remettre parallèle aux autres sinon c’est crise d’urticaire assurée et ma paupière gauche va se mettre à dysfonctionner façon Katy Perry.
Maniaque du genre: je regonfle les coussins de mon canapé après m’y être assise. Maniaque comme David Beckham qui nettoie les mèches des bougies chez lui le soir avant d’aller se coucher. Il a raison, sinon la prochaine fois qu’il les allumera, la cire se consumera de manière moins homogène et des morceaux de mèche tomberont dans la cire… quel enfer!
Donc forcément, quand j’ai eu un enfant, ma première crainte (avant de savoir si j’allais réussir à m’en occuper) c’était de voir mon appartement se transformer en une garderie géante avec des jouets en plastique moches et bruyants partout. Je m’étais promis de ne pas devenir ce genre de mère qui lâche prise.
Les gens me disaient: «Tu verras, t’auras pas le choix». Très (trop) confiante et un peu Kim Jong Hun sur les bords, je leur riais au nez en leur expliquant que si eux avaient été faibles, ça ne serait pas mon cas, que mon bébé jouerait avec une peau de banane et un paquet de mouchoirs.
J’ai tenu bon les cinq premiers mois. Mon bébé se divertissait sur un tapis d’éveil aussi pâle que sa peau et ses jouets étaient tous dans des tons neutres.
Son arche était en bois et à chaque fois qu’il en avait marre d’un jouet, je le rangeais immédiatement dans sa boîte pour éviter que ça devienne un champ de mines. A ce moment-là, je me disais que finalement, ce n’était pas si dur, que je tenais le cap…
… Et puis tout à coup, j’ai acheté ça:
J’ai acheté un Baby Jumper. Un mastodonte de plastique et de ferraille permettant à bébé de se tenir debout tout en étant maintenu. C’est coloré, bruyant et ça jure avec à peu près tout. Croyez-le ou non, celui que j’ai acheté est le plus sobre du marché.
En parcourant les différents sites spécialisés, j’ai vu des trucs qui ont fait mal à ma rétine, des Baby Jumper qui ressemblaient à des Transformers. On m’aurait dit qu’ils se déployaient pour devenir des armes de destruction massive, j’y aurais cru.
D’abord, le tapis d’éveil, c’est sympa cinq minutes, mais bébé a vite fait de foutre le camp s’il n’a pas de parc pour le retenir. Le nombre de fois où il s’est fait la malle à reculons sur le ventre et que je le retrouvais sous le canapé… Alors oui, j’aurais pu acheter un parc, mais j’ai cédé à la pression des sites spécialisés et des apps. Je n’arrêtais pas de me faire spammer pour acheter tel ou tel Jumper pile-poil à l’âge auquel mon bébé était concerné. Eh oui, la NSA écoute aussi les mamans.
J’ai aussi senti la pression de bébé qui s’ennuyait très vite sur son tapis et j’ai beau avoir demandé l’avis de mes amies, c’était 50/50. Quant à ma mère, elle a toujours deux réponses concernant les bébés: soit elle ne se souvient plus soit elle me sort la phrase typique des vieux:
Bref, j’étais paumée.
Ce qui m’a vraiment fait craquer, c’est mon manque de patience et mon envie de faire des choses à la maison sans être dérangée toutes les cinq minutes. Je n’y suis pas encore, mais je suppose que c’est le même raisonnement pour l’Ipad. Quand on est jeune parent, on se dit «mon enfant?! Un écran?! JAMAIS!» On lui cache les yeux avec la main dès que son regard s’accroche à un iPhone ou à la télévision comme si c’était Satan. Et puis tout à coup, on lâche l’affaire, parce qu’on a envie d’avoir une conversation d’adultes au restaurant, parce qu’on a envie de cuisiner, parce qu’on a envie de passer un vol en avion au calme.
Au-delà du design anxiogène du machin, je ne regrette pas du tout cet achat. Ma fille peut me regarder quand je cuisine (ce qui est l’une de mes activités principales), elle est occupée par les nombreux bidules qui pendouillent de son jumper et elle est en sécurité surtout vis-à-vis du chien qui ne s’approche jamais quand elle est dans sa forteresse de plastique.
Après, je sais pertinemment que certaines personnes et «experts» sur YouTube critiquent ce genre de produits, car soi-disant, ça freine le développement de bébé. A voir certaines vidéos sur les réseaux sociaux, ce serait même très dangereux. Je pense qu’il faut prendre toutes ces infos avec des pincettes. L’avis du pédiatre est selon moi le plus légitime, même si d’un pédiatre à l’autre, ils peuvent diverger. Il faut aussi suivre son instinct, comme pour tout avec un bébé. Et comme les parents le disent souvent: on fait au mieux.