L'un de ses derniers succès, la chanson Tuta Gold, présentée lors du Festival de Sanremo en février dernier, a atteint 49 millions de vues sur YouTube et plus de 70 millions d'écoutes sur Spotify. Peu après sa sortie, le morceau se hissait en deuxième position derrière Kanye West et Ty Dolla $ign dans le classement Top 10 Debut Global Chart de la plateforme. Il est aujourd'hui sacré triple disque de platine en Italie.
Alessandro Mahmoud, Mahmood de son nom de scène, est né le 12 septembre 1992 à Milan d'une mère sarde et d'un père égyptien. Son style – qu'il décrit lui-même comme «pop marocaine» – et sa voix ont fait de lui l'un des artistes les plus incontournables de cette nouvelle génération de chanteurs italiens dont l'influence ne cesse de croître, jusqu'à s'étendre bien au-delà des frontières du pays. Il s'est produit à Zurich ce mercredi, où nous l'avons rencontré, et sera en concert ce vendredi 12 avril à Thônex.
Tu es actuellement en tournée européenne pour la sortie de ton troisième album Nei letti degli altri (dans les lits des autres). En quoi est-il différent des deux premiers?
Mahmood: Il s'agit de l’album le plus emphatique que j'ai écrit, le plus direct. Ces dernières années, j’ai énormément muri notamment au niveau émotionnel. Je pense que cette évolution s’est transférée dans mes textes et dans la manière dont je raconte mes relations avec les autres.
C'est-à-dire?
Le lit est l'endroit le plus privé de la vie de quelqu'un, une sphère pure où ne sont invités que les amis proches et les personnes que tu aimes vraiment. C'est là que tu trahis, que tu es trahi. C'est là aussi où tu te retrouves seul et où tu penses à tes problèmes de la journée. Selon moi, cela parle à tout le monde, raison pour laquelle j'ai choisi le lit comme point de départ.
Dans l'album figure une chanson avec Angèle: Sempre/Jamais. Comment s'est passée cette collaboration?
Elle est très sympa et c'est une vraie professionnelle. Lorsque nous nous sommes retrouvés dans le studio à Paris pour réaliser ce morceau, nous étions focalisés sur le fait que la chanson devait représenter mon univers musical mais aussi le sien. Avec elle, ce point de rencontre a été facile à créer.
C'est vrai que cette chanson est un parfait mélange de vous deux. Pourquoi avoir voulu chanter avec Angèle en particulier?
Parce que je l'ai toujours beaucoup appréciée. Je la suivais déjà depuis un certain temps. Une fois, nous nous sommes écrit sur Instagram et quelque chose est né. Nous nous sommes ensuite croisés à un défilé à Paris et avons énormément discuté lors du souper. Elle m'a raconté plein de choses sur son passé et ses expériences. J'ai retrouvé dans son histoire de nombreux points communs avec la mienne.
Ce que tu représentes est fort. Un symbole pour une génération qui a diverses origines et qui se sent appartenir à plusieurs pays. Est-ce que c'est quelque chose que tu souhaites représenter?
J'ai toujours du mal à dire que je veux représenter quelqu'un ou quelque chose. En réalité, je représente ma vérité, c'est-à-dire ma vie à cent pour cent.
Je pense que c'est le cas, car je reçois énormément de messages de personnes qui ont expérimenté des choses similaires. Et ça me fait vraiment plaisir. Mais c'est toujours difficile de dire: «J'aimerais être le symbole de quelque chose.» Je souhaite simplement être moi-même.
Tu as gagné à deux reprises le Festival de Sanremo, en 2019 avec Soldi et en 2022 avec Brividi. Qu'est-ce que ces victoires t'ont apporté?
Elles m'ont offert la possibilité de faire ce que je fais aujourd'hui, c'est-à-dire vivre de ma musique, faire des tournées à l'étranger, être connu et avoir la possibilité de collaborer avec des producteurs étrangers.
Est-ce que c'est la première fois que tu viens à Zurich?
Non! Je me suis déjà produit ici il y a deux ans. C'était magnifique, très amusant. La ville est belle et propre. J'aime ce qui est propre, minimaliste, du coup Zurich me plaît beaucoup.
Ton concert commence dans quelques heures. Tu as un rituel avant de monter sur scène?
Oui. Je me prépare pendant deux heures (rires)!
Vraiment?
Oui! Je me douche, j'échauffe ma voix et je prends un moment pour me relaxer. J'ai besoin d'un peu de temps pour me préparer. Lors de mes derniers concerts, j'ai eu du mal à garder ce rituel parce que tout va très vite. J'ai des interviews, etc. et je n'ai que très peu de temps. La preuve: je n'ai même pas mangé à midi. C'est pour ça que je carbure aux bananes (réd: il a effectivement mangé une banane en début d'interview). Mais j'adore l'esprit qu'il y a en tournée.
Tu arriveras à avoir ton moment de détente avant le concert de ce soir?
S'il ne reste que deux heures, je ne pense pas (rires)!
En général, que fais-tu après un concert?
Si on peut, on va manger après le concert. Dernièrement, on n'a pas vraiment réussi le faire. D'ailleurs, je pense qu'il faut qu'on trouve un restaurant pour ce soir.
J'ai plusieurs adresses à Zurich. Je peux te les donner si tu veux?
Oui, génial! On en discute après.
Si je te demande d'ouvrir ton Spotify, quelle chanson étais-tu en train d'écouter?
Oh mon dieu, laisse-moi regarder, parce que j'étais dans l'avion. Headhigh de Doja Cat.
Tu dis qu'avant de faire écouter un de tes morceaux à quelqu'un, tu es gêné car tu partages quelque chose d'intime.
Oui. Ça me gêne un peu, parce que ce que je n'arrive pas à dire de vive voix je l'exprime dans mes chansons. C'est comme si tu disais la vérité à tout le monde. Les gens écoutent, te regardent et te disent: «Tu ne nous avais jamais dit ça!»
Mahmood se produira à Thônex ce vendredi 12 avril.