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Qui est Lola Young, dont le talent n'est pas «sorti du cul»?

Qui est Lola Young, dont le talent n'est pas «sorti du cul»?
image: lola young, montage: fred valet

Qui est Lola Young, dont le talent n'est pas «sorti du cul comme Beyoncé»

Imaginez Lily Allen qui aurait mangé Amy Winehouse et Billie Eilish, avec la même élégance qu'on s'enverrait un kebab à la sortie d'un pub londonien.
23.10.2023, 17:0423.10.2023, 19:08
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Au départ, sans doute parce que TikTok nous est peu familier, on ignorait que Kylie Jenner, Madonna et Bella Hadid avaient déjà flashé sur la vaurienne. Oui, c'est inexcusable.

Don't Hate Me, ode gutturale à cette salope d’adolescence, que l'on sait si sournoise et bardée de contradictions, est devenu un hymne au pied de l'été. De ceux que l'on scande le poing dans la poche et la tête dans le cul, en rentrant au bercail le samedi au petit matin, sous une pluie lourde.

«Je crois que je t'aime, mais c'est dur»
Lola Young, Don't Hate Me

Il paraît qu'une poignée de secondes suffit pour être terrassé par un coup de foudre. Avec Lola Young, de notre côté, et bien après ce satané premier buzz, ce fut dans les méandres d'Instagram. Vous savez, ce magma de milliers de vidéos, à l'horizontale et sans intérêt, que l'on fait défiler machinalement au lieu de dormir. Soudain, vautrée à même le sol, le dos appuyé sur le hublot d'un lave-linge jaune pisse, cette jeune Anglaise qui tire la gueule dévoila trente petites secondes de ce qui a tout intérêt à devenir le tube de l'hiver.

Trente secondes, c'est peu. C'est même particulièrement cruel quand on trépigne. Deux semaines plus tard, finally, Conceited sortait.

Depuis, c'est en boucle dans les tympans.

Comment diable, à 22 misérables printemps, peut-on abriter autant d'apathie magnétique et de rouille luxuriante sur les cordes vocales? C'est quoi cette voix de femme qui a déjà trop vécu? Combien de vies antérieures? Combien de chicanes dans la prime enfance? De Guinness avalées en douce dans la maison familiale? De paquets de clopes? Mauvaise pioche: Rolling Stone nous apprendra qu'elle se contente de vapoter entre deux canettes.

Mais la petiote a un bagage. Elle s'est récemment confiée sur ses sautes d'humeur, ses crises, son «cerveau bizarre». Diagnostic? Troubles schizo-affectif «pouvant entraîner des épisodes maniaques prolongés et une hospitalisation». Même si elle voudrait en faire un super-pouvoir, elle sait que son oncle schizophrène et sa tante dépressive «sont tous morts aujourd'hui».

«Et puis, c'est vrai, je suis quand même assez toxique»
Lola Young dans le Telegraph

Allez, musique! Lola Young, quand on se décide à décapsuler YouTube pour en savoir un peu plus, c'est la voix granuleuse et le charme brutal qui saute au visage. Une frange martyrisée, un look écartelé entre l'école d'art et la garde-robe d'une réparatrice de boguets et un make-up qui n'a rien à envier au dessin d'un bébé qui touche des crayons pour la première fois. «Ouais, je m'amuse. J'ai longtemps volé le maquillage de maman pour faire mes vidéos YouTube», confessera-t-elle en juillet dernier, au magazine bien nommé The Face.

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instagram

Mais ne nous laissons pas embobiner.

Si la liberté effrontée et la folie créative transpirent par tous les pores, tout est magistralement prémédité. Tout est salopé avec le même soin qu'une couturière de chez Dior. Jusqu'à cette moue britishement maussade, que l'on a pu croiser chez Lily Allen, Amy Winehouse, voire même Adele. Dans la voix, comme dans la dégaine, Lola Young est déjà une diva des fonds de fût, une jeune cagole de Camden.

En fouillant le garde-manger de cette gamine du sud de Londres, on tombe sur un tout premier album, sorti cette année et composé «dans la douleur», sous le soleil orange de Los Angeles. Mais bien peu de légumes à se mettre sous la dent. Sa nourriture musicale se résume à une bonne vieille odeur de bière tiède, que les Anglais se crachent à la gueule le dimanche après-midi, bedaine qui dépasse du T-shirt, dans un pub décati de Southwark.

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De la pop? Yes sir. Mais lancinante et débraillée, comme trempée volontairement dans un bac à cambouis. Bien sûr qu'on pense très vite à Lily Allen lorsque, quasi effrayée par son propre culot, elle nous enjoignait poliment à aller nous faire foutre.

Le tube Fuck you (very, very much)

Mais Lola Young, c'est bien plus qu'une talentueuse indomptable qui affole les charts et couvre de sa bobine les murs des chambres d'ados. C'est une âme torturée, qui a piqué un peu de talent au papa, bassiste, et à la maman, chanteuse. C'est un savoir-faire gainé sur les bancs de l'une des plus prestigieuses écoles artistiques de la planète.

C'est aussi la plus controversée, que l'on accuse aujourd'hui de démouler de l'artiste british à une cadence froide et industrielle. Depuis sa création en 1991, la BRIT School a notamment accouché d'Amy Winehouse, d'Adele, de Katie Melua et de l'homme-araignée... Tom Holland. «Bah, oui, c'est une école impressionnante. J'étais effrayée et excitée, même si je trouve que l'école, de manière générale, c'est un truc stupide. Ce n'est pas pour me vanter, mais je savais déjà une grande partie de ce qu’on m'enseignait».

Crâneuse, va.

Dans Rolling Stone, elle se ravisera un peu, tout en mouchant la plus grande star de la pop mondiale, jurant qu'elle a bossé cette voix rauque et profonde, qui fait constamment mine de trébucher sans jamais s'effondrer.

«Je ne suis pas née avec cette voix. J'ai dû m'entraîner comme une folle. Je ne suis pas sortie toute propre d'un cul, comme Beyoncé»
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C'est elle qui va déterrer le manager d'Amy Winehouse

A l'âge de six ans, Lola Young, qui déteste autant les limaces qu'elle adore Eminem et les «nonnes coquines», s'est vue forcée de répéter ses gammes sur le piano familial. Maman y voyait une manière de lui éviter le chômage, la came, le caniveau. Anyway, Lola chante depuis qu'elle sait parler et on pourrait presque remercier le rigorisme éducatif de mummy, tant la progéniture fait aujourd'hui un bien fou à la relève anglo-saxonne. Et bien avant de faire la maline sur TikTok, armée d'un gros micro et chantant dans des situations absurdes en pleine rue, elle s'est farcie les pubs miteux et le public infréquentable.

«J’ai dansé, joué et bu de la bière avec tellement de vieux gars ivres, dans des endroits dégueulasses. Mais je devais le faire. Je devais me rôder»

Une tournée des enfers, qui ressemblera à un gros câlin au destin. Alors qu'elle n'a que 17 ans, dans une salle quelconque de la capitale, un certain Nick Shymansky attend poliment la fin du concert pour aller se présenter, en coulisses et en précisant qu'il est producteur. A l'époque, nous sommes en 2017, Lola Young émoustille déjà le petit milieu londonien. Peu encline à se laisser intimider par ce grand mâle du show-biz, elle rétorquera que...

«...Non! tu n'es pas producteur. Tu es le manager d'Amy Winehouse. Tout le monde veut être mon manager putain, mais je veux bien te choisir»

Un culot qui sortira d'un coup sec Nick Shymansky de sa retraite, lui qui s'était pourtant juré, à la mort d'Amy, de ne plus jamais s'occuper du moindre artiste, conscient qu'ils sont la plupart du temps «ingérables». Mais sa femme va le convaincre de réveiller un autre Nick, Huggett de son patronyme, qui fît notamment décoller la carrière d'Adele, pour qu'ils dorlotent Lola en duo et à plein-temps.

Excusez du peu.

Amy Winehouse, sur les genoux de Nick Shymansky, à Londres
Amy Winehouse, sur les genoux de Nick Shymansky, à Londres facebook

Dans un premier temps, Shymansky va méchamment déchanter, replongeant très vite dans le tumulte qu'il a connu avec l’inoubliable interprète de Back to Black: «La semaine suivante de notre rencontre, Lola a eu une grave crise de santé mentale. Tous les labels qui voulaient la signer se sont rebiffés, effrayés. Young est un diamant brut, mais c'est surtout une enfant vulnérable». C'est finalement la prestigieuse maison de disques Island Records, sous l’aile massive d'Universal, qui produira la Londonienne.

Lola, sur un carrefour californien, entre deux concerts.
Lola, sur un carrefour californien, entre deux concerts.

Aujourd'hui en pleine tournée, revenant tout juste d'une série de petits concerts en Californie, Lola Young a un défi à relever, qui n'a pas grand-chose à voir avec la musique: ne pas s'écrouler en pleine gloire et éviter le destin tragique de sa grande soeur musicale, brûlée prématurément par le soleil de la célébrité.

Et son manager a la même bombe entre les mains:

«C'est terrifiant. Littéralement. Mais, pour moi, finalement, c'est une chance de pouvoir recommencer et d'essayer de bien faire les choses. Comme cela aurait dû être fait pour Amy.»
Nick Shymansky, hyper franc, au Telegraph.

Bien faire les choses? Imposer à tous ceux qui voudront faire du business avec sa petite protégée, «d'investir financièrement dans le risque que ça comporte». Car, cette fois, quand la santé de Lola Young le demandera, on annulera les tournées, les apparitions télé, les clips, les promos, les conneries sur les réseaux.

Pour le reste, sa musique, sa voix d'or, sa tronche unique et ce magnétisme grisâtre digne des plus talentueux locataires de la perfide Albion, il y a peu de souci à se faire. Billie Eilish et Lana Del Rey, elles, peuvent commencer à trembler.

Lana Del Rey se fait couper son micro à Glastonbury
Video: watson
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