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Netflix: la série «Danse avec le diable» déçoit

La nouvelle série documentaire de Netflix conte les déboires d'une bande de danseurs.
Danser pour exister. Ces danseurs basés à Los Angeles vont déchanter lorsqu'ils vont découvrir qu'ils sont dans une secte.Image: Netflix

Des danseurs piégés par une secte: que vaut le nouveau docu Netflix?

Des danseurs aux millions de fans sur TikTok pris dans les filets d'un gourou. C'est en substance la nouvelle série documentaire Netflix Danse avec le diable: une secte sur TikTok?. Mais l'emballage est plus intéressant que le contenu.
05.06.2024, 18:49
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Des regards embués et des gamins animés par la soif de danser coûte que coûte, si accrochés à leur art qu'ils n'ont pas vu venir les dérives sectaires d'une église qui prône une culture de vie bien étrange.

Trois épisodes de 55 minutes qui démarrent avec l'histoire de deux sœurs: Miranda et Melanie Wilking. Les deux frangines sont des stars sur Instagram et TikTok (sous le pseudo Wilking Sisters) et leurs vidéos sont visionnées par des millions de fans jusqu'au jour où... Miranda (qui deviendra Miranda Derrick) part sous le soleil californien avec son boyfriend «BDash», alias James Derrick, pour s'enrôler dans l'agence 7M - fondée en 2021. Premier constat étrange: elle est affiliée à une église chrétienne, nommée Shekinah.

Danse avec le diable: Une secte sur TikTok?
Miranda Wilking (à g.), «BDash» et Melanie Wilking (à d.) Image: Netflix

L'église Shekinah, pilotée par un pasteur nommé Robert Shinn, oblige les membres à couper les ponts avec la famille et les proches. Même là, avec cette toujours obsédé par une soif de réussite (et de célébrité), les danseurs et danseuses en herbe (qui sont apparus dans des talk-show ou des émissions à forte audience) n'y voient que du feu. TikTok est plus fort; le fric en prime est une raison valable pour «mourir à soi-même», comme le clame Robert Shinn himself - sorte de mantra éculé et martelé.

Vous ne comprenez pas ce que ça signifie? Nous non plus. L'un des danseurs lésés l'explique: «Mourir à soi-même signifie que quoi que vous vouliez ou tout ce dont vous avez besoin, vous devez "mourir", car chaque fois que vous mourez à quelque chose, cela reviendra à la vie et sera ressuscité.»

Un discours à la philosophie de comptoir pour ferrer des jeunes à la mentalité malléable et matrixée par la parole divine faussée.

Sauf que la tendance aux dérives sectaires est de plus en plus visible: des ordres de dons financiers pour l'église toujours plus grands, des obligations pour choisir des morceaux pour leurs vidéos pour les réseaux sociaux. Mais l'homme de Dieu est détenteur de la parole divine - et mesquine - et les artistes s'exécutent sans piper mot. Les refrains de gloire et de compte en banque bien garni sont plus forts. Mais surtout, Shinn brandit cette menace: s'ils ne suivent pas son discours, ils finiront en enfer. Ma foi, c'est un homme de Dieu à la fin. Tu ne décevras point un disciple de Dieu, jeune pécheur-danseur.

Ainsi, le premier épisode noue et décrit plutôt habilement le processus du pasteur-producteur. Le disciple de Dieu n'est pas un enfant de choeur, loin de là, mais bien un sombre individu à la pateline arrogance, aux désirs de richesse masqués en foi chrétienne. Ce même pasteur qui roule au volant d'une Bentley, qui s'était d'abord essayé à la production de films hollywoodiens, en vain. On est bien loin de l'abbé Pierre.

Chape liturgique et costard cravate

La chape liturgique du gardien de la sainteté cache en vérité un costard cravate de l'entrepreneur véreux. Shinn se glisse dans chaque brèche et flaire le bon coup avec ces jeunes qui se trémoussent devant leur smartphone et leurs réseaux sociaux aux millions d'abonnés; une machine à cash en puissance avec l'avènement de TikTok.

La série brosse le portrait d'un grand manipulateur accusé de traite d'êtres humains en plus d'être un violeur, apprend-on plus tard par l'intermédiaire de plusieurs anciennes membres de l'église. Un homme qui utilise ses fidèles pour coucher avec et pour s'enrichir sans vergogne.

Outre un premier épisode engageant, les deux autres parties ne sont qu'une succession de vidéos TikTok et de complaintes. Derek Donneen, le créateur de la série, nous prépare à un feu d'artifice, mais le tout fait pschitt. On ne cesse de faire des va-et-vient entre les différents danseurs aveuglés par les discours musclés de Shinn qui leur pompait un paquet de fric pour nourrir son train de vie de pacha. Il y a quelques témoignages poignants, mais l'histoire, qui se veut trouble et efficace comme toute bonne série documentaire sur Netflix, n'évite pas l'écueil de la thérapie un peu artificielle pour jouer l'usine à tire-larmes.

On nous fait des promesses qui ne sont jamais validées. L'emballage cadeau débouche sur un contenu un peu fade. La série n'a aucune conclusion, simplement parce que l'enquête est en cours. Comme nous l'indiquent les producteurs de la série: à ce stade, aucune accusation pénale n’a été déposée contre Shinn et le procès civil est en cours. Danse avec le diable: Une secte sur TikTok? est surtout une manière de faire avancer l'enquête avant d'être un projet sériel abouti. Problème: la plupart des intrigues majeures de cette histoire complexe et enchevêtrée restent non résolues. La seule conclusion: Miranda Derrick est toujours dans le giron 7M aux côtés de son cher mari «BDash» et n'a toujours aucun contact avec sa famille.

«Danse avec le diable: Une secte sur TikTok?» est disponible sur Netflix.

Voici la bande-annonce:

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