Insubmersible, biopic réalisé par Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, ne laisse pas indifférent. Il retrace un chapitre de la vie de Diana Nyad, une nageuse hors pair, dont le nom d'adoption signifie littéralement «nymphe aquatique», en grec. Voilà qui était prédestiné.
Nyad n'est pas une sportive comme les autres. En 1975, du haut de ses 26 ans, elle repoussait déjà les limites de sa discipline, la natation marathon en eau libre, en battant un record vieux de 45 ans, celui du tour de l'île de Manhattan à la nage en moins de 8 heures. Longtemps détentrice de la meilleure performance féminine sur la traversée de Capri à Naples, l'Américaine est allée encore plus loin en 1979, reliant les Bahamas à la Floride en un peu plus de 27 heures.
Reconvertie en tant qu'autrice, conférencière et commentatrice, Diana Nyad reprend du service 30 ans plus tard, à l'âge de la retraite. Son objectif? Atteindre Key West à l'extrémité sud de la Floride, en nageant depuis Cuba. Un défi fou auquel elle s'était déjà attaquée durant sa jeunesse, mais qui lui résistait encore, et que le film Insubmersible nous invite à découvrir.
Les biopics sportifs ont parfois sale réputation, à juste titre. Ils peuvent vite devenir lents, barbants voire interminables, surtout lorsque la performance athlétique prend le dessus, et que l'on s'attache à reproduire un exploit pendant de longues minutes.
Nul doute qu'Insubmersible perd certains téléspectateurs en chemin, d'autant qu'Annette Bening, qui incarne Diana Nyad, se retrouve vite à l'eau, prête à relever son défi. On se dit alors qu'il vaudrait mieux couler, tel le Titanic, pour en terminer au plus vite. Il n'en est finalement rien, et ceux qui persistent devant leur écran, se voient offrir une aventure inspirante, passionnante. Les différentes tentatives infructueuses, entrecoupées par des scènes de vie, donnent même un certain élan au film.
On nous présente ainsi une femme mûre, marquée par un viol durant l'enfance. Une lesbienne assumée. Une sexagénaire qui ne recule devant rien, pas même un environnement hostile, infesté de requins et de méduses. Son leitmotiv, «Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves», est peut-être un peu bateau, il a néanmoins le mérite de nous donner une véritable bouffée d'air frais, tout en présentant aux spectateurs des corps «usés», un brin ridés, loin des représentations habituelles des athlètes jeunes et vigoureux.
Aussi, le film ne fait pas toujours l'éloge de Diana Nyad, comme nous pourrions nous y attendre à première vue. Il dépeint le portrait d'une femme certes sympathique, mais trop souvent désagréable. Un être égoïste, supérieur, auto-centré, bref, des traits de caractère cultivés par le sport de haut-niveau, ce qui détonne tant cela n'est pas toujours mis en exergue, qui plus est, chez les sportives.
Malgré ça, la nageuse parvient à fédérer autour d'elle, pour mener à bien son projet. Une bande de joyeux lurons, à laquelle nous voudrions tous appartenir, finit par se former de manière bénévole. La meilleure amie de Diana Nyad est évidemment de la partie, et le fait qu'elle soit jouée par Jodie Foster, plus rayonnante que jamais, donne encore un peu plus de hauteur à cette œuvre. Le biopic tend à rappeler qu'à plusieurs, nous sommes plus forts, rien de très original certes, mais tellement vrai dans une épreuve comme celle-ci, où pour réussir, l'athlète ne peut pas uniquement compter sur ses qualités physiques et son mental à toute épreuve. Tout doit être millimétré, au niveau de la navigation, de la météo, de la sécurité ou encore du ravitaillement.
Insubmersible n'est pas parfait, il n'ira jamais décrocher la palme d'or. Qu'importe, la résilience de cette femme, et ce défi hors norme, partagé à plusieurs, nous plonge dans une aventure rafraichissante, loin de prendre l'eau. Tant pis si la traversée de Diana Nyad est, à ce jour, toujours controversée, et non homologuée par la World Open Water Swimming Association (WOWSA), l'association mondiale de natation en eau libre, ou le Guinness des records, en raison du manque d'observateurs indépendants présents et de dossiers incomplets.
Car oui, une fois le générique de fin installé, le film pousserait presque à se rendre à la piscine du coin, pour y renouveler un abonnement expiré depuis bien trop longtemps. Et ça, ce n'est pas rien!