La marque à la pomme propose assurément le catalogue sériel le plus intéressant actuellement. Et Silo vient gonfler à son tour une liste déjà bien fournie.
Avec leur nouvelle création, C'est tout un monde qui prend vie, tout droit sorti du bouquin de Hugh Howey, adapté à l'écran par Graham Yost. Intitulée Silo, la nouvelle production de l'équipe de Cupertino offre une nouvelle dystopie, une nouvelle promesse de partir des années dans un futur peu emballant. Suite à un événement apparemment apocalyptique un siècle auparavant, une communauté de dix mille personnes vit dans ce tube en béton: 144 étages peu accueillants en forme de vaste bunker souterrain. Personne ne sait qui l'a construit, pourquoi ils sont là ou ce qui est arrivé au monde extérieur. La seule information: le monde extérieur est invivable et mortel.
Quoi de mieux que s'enfermer pour survivre au terrassement de la race humaine. Ils sont une petite dizaine de milliers à tenir bon, dans les souterrains peu ragoûtants, le tout sublimé par la caméra et les plans élégants du cinéaste Morten Tyldum.
Là, les secrets enfouis des personnages qui peuplent cette colonie enterrée et heureuse en apparence vont voler en éclats; nombreux sont ceux qui veulent...s'arracher de ce bourbier organisé. Les idées complotistes fleurissent, les soulèvements sociaux commencent à poindre au milieu d'habitants bien dociles.
Dans cette pseudo ambiance apaisée, un shérif (David Oyelowo) et une ingénieure (Rebecca Ferguson) sont sur le point de découvrir la vérité. Turbulences au programme pour faire la lumière autour d'autorités silencieuses, tandis que les premières pulsions de révolution bruyante accélèrent d'épisode en épisode.
Un combat qui dessinera une ambiance intrigante, pesante comme l'est ce huis clos à la fois un poil longuet dans son premier épisode, avant de débrayer et accélérer, éclairant les non-dits.
A l'image d'une série (et film) telle que Snowpiercer, Silo forge sa veine mystérieuse, son contexte de guerre des classes qui couve et prête à éclabousser l'ordre établi dresse une métamorphose (latente) d'une civilisation. Comme souvent dans une dystopie, il y a une belle analogie de notre époque actuelle, le monde bien réel qui dévie de son axe et se berce de mensonges.
Mais la question demeure: quel est le secret derrière ce fichu silo? Surtout, qui laisse propager ces non-dits pour maintenir ces personnes enfermées? Le slogan répété à l'envi sonne comme celui d'une secte digne de Waco:
A force de le répéter à tire-larigot, ces survivants enfermés comme des rats dans ce tunnel métallique n'ont pas la moindre idée de l'origine du chaos extérieur, ni même de leur habitat. On étouffe avec eux, et ces individus commencent à devenir sceptiques concernant l'autorité. A force de persévérer dans le brouillard de l'ignorance, Yost pond une étonnante allégorie de la caverne de Platon (même si c'est un poil tiré par les cheveux), se transformant en percée dans les entrailles d'où s'évaporent des tourbillons d'une conspiration. On penserait même entrevoir le spectre de Fahrenheit 451; la population n'a plus conscience de son passé: aucun objet, livre, photographie, vidéo ou encore film n'a résisté à l'apocalypse extérieure.
Pas dupes, les habitants vont sonner la charge, incarnée par l'excellente Rebecca Ferguson, toujours intense et fascinante. Silo révèle une guerre froide, où le département de la Justice n'offre pas des garanties de sûreté. Les faux jetons forment une sorte de police secrète (sorte de Stasi) qui déroule un plan de nature inconnue.
Des non-dits et un oppresseur invisible, Silo est un sacré morceau joliment porté par une distribution plaisante. Des gueules et des acteurs tels que David Oyelowo, Tim Robbins, Common, Iain Glen. De la bonne came emballée dans une musique entêtante signée Atli Örvarsson. Pas de doute, vous savez quelle plateforme choisir pour votre week-end.
«Silo» est disponible dès le 5 mai sur Apple TV+