Dans les années 60, Elizabeth Zott (Brie Larson) voit son rêve de devenir scientifique contrecarré par une société misogyne. Une biographie imaginaire d'une scientifique à l'époque d'Eisenhower, Zott se confronte au bon vieux patriarcat régnant, pour former le noyau dur de Lessons in chemistry.
Passer au crible (dégommer surtout) la misogynie est le cheval de bataille de cette création signée Lee Eisenberg, adaptée du best-seller de Bonnie Garmus. Une femme est renvoyée du laboratoire dans lequel elle travaillait, après être tombée enceinte, pour atterrir sur les plateaux télé. Sa trajectoire étonnante sonnera la révolte silencieuse des femmes enserrées dans le patriarcat.
Le point fort est simple: Brie Larson. Une performance qui remet du baume au coeur aux fans inconditionnels de l'actrice, exploitant son jeu d'actrice si souvent éteint par des choix de carrière douteux - ou juteux. Dans le costume d'une femme refusant le conformisme de l'époque - ou plutôt le poids des hommes.
Avec allant et paroles furtives, l'actrice, récompensée par un Oscar en 2016 pour le film Room, jongle entre féminisme, politique et romance classique pour distiller sa science (infuse) à ses hordes de fans.
Et à tirer sur les différentes cordes narratives, entre sérieux et humour acide, Lessons in chemistry perd parfois de sa précision, de son mordant. L'objectif, parfois un brin boiteux, qui essaie de casser les codes et la superficialité des années 60, se cherche un rythme dans les premiers épisodes.
Or, dans ce remue-ménage de talents (féminins) gâchés par une poignée de mecs désireux de se cantonner à leur place, il réside, malgré les petits ratés, une réelle tendresse, une honnêteté incarnée par Brie Larson. La blessure dont est victime son personnage, encore marquée au fer rouge par une histoire, adopte cette facette mélodramatique qui fonctionne très, très bien dans le show, mieux que la trame comique.
Car l'intensité dramatique, avec l'acteur Lewis Pullman dans la boucle, partenaire et amant dans la peau du scientifique Calvin Evans, injecte une plus-value à la partition de Larson; en soutien, il permet à sa partenaire de faire baver l'aigreur et la peur d'Elizabeth.
Une fois lancé, le récit fictif d'Elizabeth Zott, dans son costume d'outsider de la science et de star de la petite lucarne, agit comme une histoire simple, mais complexe, à l'image de la série qui s'affirme au gré des situations et d'une écriture qui se fluidifie, pour aboutir à deux derniers épisodes comme une cerise sur un gâteau.
«Lesson in chemistry» est disponible sur Apple TV+. Deux épisodes le 13 octobre, puis un épisode chaque vendredi.