Les fans de The Witcher devront patienter encore quelques mois avant de retrouver les aventures de Geralt de Riv: la sortie de la nouvelle saison, la troisième, est prévue pour l'été 2023. Pour tuer l'attente, Netflix a diffusé un spin-off de quatre épisodes, mis en ligne le jour de Noël: L'Héritage du sang. Il n'aurait peut-être pas dû.
L'intrigue, assez simple, se situe près de 1200 ans avant la série originale. On retrouve sept guerriers qui, chacun pour une raison plus ou moins personnelle, décident d'unir les forces à la suite de ce qu'on pourrait qualifier de coup d'Etat de la part d'une impératrice ambitieuse et sans scrupules.
Cette aventure immerge le spectateur dans un univers fantasy kitch à souhait, où de majestueux paysages à l'arôme écossais s'alternent à de somptueux palais qui rappellent bizarrement le monde de Star Wars. La ville impériale de Xin'trea se présente comme un étrange mélange entre la capitale de la République galactique et des éléments romains... Notons au passage que ce spin-off n'échappe pas au fastidieux réflexe ethnicisant et syncrétique de beaucoup de produits similaires, où les civilisations avancées ressemblent à des Romains, les nomades à des Mongoles et les populations périphériques à des Vikings.
Mais on ne va pas critiquer The Witcher: l'Héritage du sang pour son manque de bon goût esthétique: la série originale se distinguait pour son kitch effronté, c'était même l'un de ses atouts principaux. Non, le décor et les effets spéciaux, globalement assez réussis, sont probablement le seul point positif de toute l'opération.
Le vrai problème se situe ailleurs, beaucoup plus en profondeur: ce sont l'histoire et l'écriture qui font cruellement défaut. Tout, dans ce spin-off, est extrêmement prévisible. Des répliques qu'on devine avant même que les personnages ouvrent leur bouche à la certitude de savoir qui va tomber amoureux de qui dès que les acteurs se parlent pour la première fois, en usant d'échanges déjà entendus des milliers de fois auparavant.
On ne demande pas à The Witcher de développer des personnages particulièrement profonds ou de créer des situations complexes et sophistiquées, mais la série ne fait aucun effort pour éviter tous les clichés du genre, encastrés dans un ensemble d'une rare pauvreté narrative.
Il en résulte un spectacle divertissant, même agréable à suivre le cerveau éteint, mais rendu fade par son absence de tension et presque gênant pas son caractère prévisible.
Pour couronner le tout, à la fin du visionnage, on n'en sait même pas beaucoup plus sur le premier sorceleur ou la fameuse «Conjonction des Sphères», comme pourtant annoncé par Netflix. Ce qui reste, c'est une aventure qui ne surprend pas et se consomme en l'espace de quatre épisodes, dont on ne ressentait, au bout du compte, pas vraiment le besoin.