La pression. Celle à qui on a fait des infidélités malgré nous depuis des mois, à grands renforts de bières en bouteille, bues à la cuisine, faute de mieux, faute de bars, faute d'avoir une tireuse à bière sur le plan de travail, à côté de la machine à café qui a bien trop servi depuis plus d'une année.
La blanche. Celle que je demande «avec une tranche de citron», au serveur que je tutoie, celle que je me réjouis de vous offrir en clamant «c'est ma tournée», celle que la serveuse nous amène avec une quatrième addition qu'on se bat pour payer, celle qu'on commande encore et encore, celle qui nous fait oublier qu'on est en terrasse mais qu'on n'est pas sortis de l'auberge.
La mousse. Celle qui déborde légèrement du verre, derrière le comptoir, dans les mains des serveurs, débordés eux aussi. Celle qui nous laisse un petit duvet sur la lèvre et une saveur de fin de journée en bouche.
La chope, le demi, la pinte, qui laissent une forme ronde sur la table à chaque fois qu'on porte la bière à nos lèvres. Celle qui rafraîchit et qui réchauffe à la fois. Celle dont le verre est toujours légèrement humide, d'où coulent quelques gouttes de condensation. Celle qu'on boit avec désir plus que modération.
La pression, l'incomparable, celle qui nous a manqué, celle qu'on n'a pas à la maison, celle qu'on se réjouit de retrouver en terrasse, celle qui annonce le retour des beaux jours et du soleil, celle qui signale la fin de la journée et des emmerdes. Les nôtres, d'emmerdes. Au moins le temps de l'apéro. Le reste, on verra demain. A votre santé.
* on rappelle évidemment que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé*