Christian Despont, chef de la rubrique sport chez watson m'a prévenue: «Je doute que tu sois transportée mais tu me diras.»
Lui qui a assisté à la cérémonie d'ouverture des JO d'été à Pékin en 2008, m'explique qu'il faut préparer un thermos de café pour tenir. J'ai sorti la vodka aussi, par précaution.
Un journaliste de la RTS qui est sur place à Pékin en rajoute une couche: «L’image de ces JO est mauvaise: aberration écologique, organisé dans un pays non-démocratique où le problème des droits de l’homme se pose à bien des égards.» Bonjour l'ambiance.
Il est 13h (en Suisse). La cérémonie s'ouvre sur une danse sans intérêt. Le président Xi-Jimping arrive avec sa femme ainsi que Thomas Bach, président du CIO.
Puis vient le moment des délégations qui agitent des drapeaux et qui font coucou à la caméra.
Normalement, le passage se fait par ordre alphabétique mais comme l'alphabet chinois n'a rien à voir avec le nôtre, ça part dans tous les sens. C'est la Grèce qui ouvre la marche et il faut prendre son mal en patience pour voir la Suisse parader.
Même les commentateurs trouvent ça ennuyeux:
Pas de fausse note durant cete cérémonie, on s'ennuie, comme prévu. Seul problème: la musique. Ravel, Vivaldi, Strauss... On dirait qu'ils ont mis une playlist Spotify «Best Classic Music» et qu'ils sont partis boire le café (celui de Christian). Je crois même avoir entendu deux fois plusieurs airs.
C'est le moment le plus croustillant. Le porte-drapeau des îles Tonga a défilé torse nu et huilé. Non, ce n'est pas Pita Taufatofua, le fameux porte-drapeau star des réseaux sociaux des JO de 2016 et de 2018. Mais il est très bien aussi.
On nous avait promis une cérémonie de deux heures mais on nous a MENTI. C’est beaucoup trop long. Si ça continue comme ça, je serai en retard pour regarder «La meilleur boulangerie de France» sur M6. Ça c'est du spectacle!
Quand toutes les délégations sont passées, le président du CIO Thomas Bach fait un discours «inspirant» sur la paix et la solidarité, deux valeurs précieuses aux yeux de la Chine. Puis, le président Xi Jinping déclare les Jeux ouverts. C'est pas trop tôt.
Et alors que je pensais avoir suffisamment souffert, voilà qu'un groupe d'enfants, tous parfaitement parallèles et synchronisés, qui se met à chanter a capella.
Christian Despont m'a dit: «Il peut y avoir des surprises au moment où la flamme est allumée.» On ne sait jamais à l'avance qui s’en charge. C'est un secret bien gardé. Alors cette année, je me suis dit, y aura-t-il une surprise? Est-ce que la star chinoise du tennis Peng Shuai, portée disparue, va réapparaître en mode: «C'était une blague, on vous a bien eu, hein!» Si seulement. A la place, deux jeunes athlètes de 21 ans, un homme et une femme, dont je n'avais jamais entendu parler. Super.
Voilà, j’ai perdu 3 heures de mon existence. Rappelons que je suis mortelle, chaque seconde de mon existence compte. Je vous laisse, je vais regarder Norbert et Bruno bouffer du pain.