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«The New Look»: que vaut la série d'Apple TV sur Christian Dior

Ben Mendelsohn campe Christian Dior.
Ben Mendelsohn campe Christian Dior. Image: Apple

«The New Look», que vaut la série XXL d'Apple sur Christian Dior

Apple s'attaque à Christian Dior, à la guerre et à la résilience. Intitulée The New Look, créée par l’Américain Todd A. Kessler, cette série arrive ce 14 février sur la plateforme. Notre avis.
14.02.2024, 16:5614.02.2024, 18:09
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Le champ lexical de la mode et de la haute couture sera à l'honneur pour cette nouvelle production Apple. Une série qui se déroule dans une France durant l'occupation nazie, là où deux icônes se battent pour se faufiler au milieu des SS: Christian Dior et Coco Chanel.

Dans un climat où l'horreur était dominante, Christian Dior, dans une exploration d'une époque mouvementée, «a aidé l'humanité à retrouver la beauté après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale».

Et le showrunner Todd A. Kessler, co-créateur de la brillante série Bloodline, travaille cette veine élégante, poétique qui brode un fil rouge au milieu d'une France angoissée, meurtrie; une patrie de créateurs qui ont dû défendre leur position dans le Paris occupé. Il le fallait, pour défendre leurs produits convoités, pour se préserver face à l'envahisseur: le monde de la mode s’est adapté en collaborant avec l'ennemi.

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Alors, Christian Dior, un collabo? Comme il le rappelle dès les premières minutes du premier épisode: «La vérité est plus complexe qu'on ne le pense», confesse-t-il, penseur, le regard dans le vide, assit devant un parterre d'étudiants venus des quatre coins du monde pour l'écouter. C'était en 1955.

C'est le point de départ d'une série de dix épisodes, qui nous remâche la lutte entre Dior et Chanel. C'est surtout un bond dans le temps, une rétrospective où les grands noms de la mode se croisent, redoutent de voir les troupes allemandes phagocyter leur art. Christian Dior (Ben Mendelsohn), lui, dans les ateliers de Lucien Lelong (John Malkovich), dessine des robes de bal pour l'envahisseur allemand. Balenciaga (Nuno Lopes) lui fait la morale, Balmain (Thomas Poitevin) observe et désapprouve. Le dilemme est difficile: de l'argent pour survivre et résister face à l'oppresseur, mais une dignité rangée aux côtés des réalités commerciales.

Christian Dior doit également composer avec la disparition de sa soeur, Catherine Dior (Maisie Williams), qui flirte avec la Résistance française.

Deux parties: Histoire et renouveau de la mode

The New Look se lit en deux parties. Le premier point de vue prend le pouls de la figure (controversée) Coco Chanel, qui s'aventurait en terrains minés pour garder la main sur sa marque. Son passé d'agent pour les renseignements allemands ou encore sa relation avec un diplomate allemand, le baron Hans Günther von Dincklage, alias Spatz (Claes Bang) sont décryptés, elle qui logeait à l’année dans l’hôtel Ritz réquisitionné par les nazis.

Les destins croisés de Coco Chanel et Christian Dior se mêlent au fracas de la guerre, là même où marine (et façonne) la mode moderne, avec des noms, des caractères enserrés dans cette guerre qui n'épargne personne.

John Malkovich dans The New Look.
John Malkovich. Image: Apple

Outre l'aspect historique longuement épluché, cherchant à éviter l'écueil du cliché, la série s'applique lors des premiers épisodes à exhaler un parfum de malaise et de survie. Kessler encapsule la mode dans ce contexte historique pour l'utiliser comme accessoire, un coup plutôt intelligent, pour ensuite s'intéresser à cet épineux exercice de traiter avec l'ennemi pour ne pas péricliter.

Une fois le cours d'Histoire avalé, la deuxième partie de The New Look lâche l'ombre de la guerre pour redorer le blason de la mode, retrouver de l'empreinte de la haute couture que la Ville Lumière a fait grandir - et qui pulse à travers l'ascension de Christian Dior.

Juliette Binoche campe Coco Chanel.
Juliette Binoche.Image: Apple

L'ombre de l'armée allemande et les suspicions ne sont plus; ces battements mortifères de la guerre débarrasseront les pavés parisiens, pour faire place aux esprits créatifs qui infusent une période d'après-guerre où les rêves de grandeur reprennent vie.

La mode viendra au chevet d'un pays en pleine reconstruction.

C'est là que The New Look bascule de point de vue et fait place à la mode, dans une deuxième partie plus tenue.

Au final, une déception

Or, fulgurances et grands noms ne font pas la grandeur d'une série. Malgré le casting XXL, une écriture élégante (qui pêche parfois par manque de nuance), une Juliette Binoche à son affaire, la série apparaît un poil quelconque au vu des forces en présence. The New Look n'est pas la grande série espérée, elle reste très scolaire, figée dans ses mouvements, et pose des questions sur son traitement qui ne captive pas.

Il manque de l'incarnation, comme l'illustre Ben Mendelsohn, qui végète en dessous de ses standards habituels, ou John Malkovich qui n'approche pas son niveau de jeu habituel. Et sans parler du choix voulu de faire causer ces icônes parisiennes en anglais. C'est fort de café. Mais peut-être que notre attente était trop grande.

La série est diffusée à partir du 14 février sur la plateforme Apple.

The New Look | Bande-annonce

Vidéo: watson
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