«Bring yourself back online.» Le retour de Westworld dans une quatrième saison ravira les plus fervents admirateurs de la petite perle concoctée par Jonathan Nolan et Lisa Joy.
Le drame de science-fiction passionnant, dantesque, à la narration tentaculaire, au langage parfois codé; les trois saisons de la production HBO ont appuyé le conscient des machines jusqu'au soulèvement de celles-ci. Une déshumanisation de l'homme, cette race humaine et son envie obsessionnelle de contrôler. La création et l'autodestruction, mais surtout le contrôle pour objectif principal.
Après trois saisons sur le thème de la nature humaine, nous basculons du parc à la réalité durant la saison 3. Westworld a délaissé les saloons pour embrasser les paysages urbains et futuristes. La série opère telle une cathédrale des réflexions, une immersion physique et psychique d'une intensité hors norme.
Avant de visionner cette quatrième saison, n'oubliez pas que Dolores (Evan Rachel Wood), le personnage central depuis la première saison, est morte. Enfin, sa personnalité (effacée par Serac, le personnage de Vincent Cassel) et non le personnage. Elle a inspiré Caleb (Aaron Paul) à enclencher une révolution des hôtes contre les êtres humains (les hôtes, si jamais, ce sont des droïdes). Désormais, Dolores est Christina, une écrivaine bien plus docile que la précédente version incarnée par Wood.
Le retour de Westworld amène son lot d'interrogations: Maeve (Thandie Newton), Bernard (Jeffrey Wright), Charlotte Hale (Tessa Thompson), Stubbs (Luke Hemsworth), Serac (Vincent Cassel) et même Teddy (James Marsden), absent de la saison 3 mais annoncé de retour dans cette nouvelle mouture. Les motivations des personnages restent floues, tout comme la narration opaque du show.
La grande question est centrée sur le personnage de William, interprété par l'inusable Ed Harris. Lui qui s'est mis en tête de supprimer tous les hôtes pour sauver le monde. Si impressionnant dans son numéro de psychopathe enfermé dans ses tourments, remettant en cause les croyances religieuses, décapitant point par point l'humanité. Ce personnage reste l'énigme principale de ce nouveau chapitre.
Ajoutez une autre énigme, celle de Bernard, le bras droit du défunt Ford (Anthony Hopkins dans la saison 1), apparu en scène post-générique du final de la saison 3. Il se profile comme la clef de voûte de l'histoire.
Un premier épisode poussif, des pions posés délicatement, un nouveau monde qui s'ouvre. Rien de palpitant, pas de retour dans le parc de Westworld, mais des premières attaques placées dans le deuxième épisode. Un rythme qui s'emballe, mais le charabia techno-politique devient si obtus.
Un récit labyrinthique qui joue sur cette notion du réel, sur ce «grand remplacement» des êtres humains par des hôtes - mission menée par Charlotte Hale. La densité du récit nous oblige à garder une attention de tous les instants, misant sur un équilibre narratif qui a tendance à nous faire perdre le fil. Westworld orchestre un complot mondial et emprunte des airs de Black Mirror avec cette frontière toujours plus mince entre la race humaine et l'intelligence artificielle. Mais pas uniquement, ce nouvel acte brosse une méditation sur la nature de soi.
Les épisodes voguent de personnage en personnage, créant des ellipses nombreuses, parfois indigestes. Mais à force de dur labeur, l'écriture se fluidifie grâce à un bon troisième épisode qui ravive les années folles. La mayonnaise prend, la boîte à mirages se rouvre et les mouches (annonciatrices d'une mort prochaine si vous ne l'avez pas encore compris) peuvent voler de plus belle.
La série perpétue cette leçon d'esthétique et nous offre toujours quelques séquences délicieuses. Même si elle est imparfaite, même si la narration est parfois inutilement confuse, Westworld reste une production de très grande envergure dans le paysage télévisuel qu'il faut empoigner avec minutie et rigueur.
«Westworld» est disponible sur OCS à partir du 27 juin.