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#NoNutNovember: comment j'ai survécu à un mois sans sexe

Close up of two walnuts on a black slate background.
Image: Watson
Immersion

Comment j'ai tenu un mois sans sexe en faisant le «No Nut November»

Si vous n'en avez jamais entendu parler, sachez que ça consiste à avoir une vie vertueuse durant 30 jours. Il y a un an, j'avais dédié mon corps à la science en tentant l'expérience.
01.11.2022, 20:5402.11.2022, 06:44
Sainath Bovay
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Dans la famille des challenges du mois de novembre, il y a le «Movember» qui encourage les hommes à se laisser pousser la moustache pour les sensibiliser aux maladies masculines. Alors j'aurais pu le faire et j'aurais probablement eu beaucoup plus de charisme, mais j'ai choisi son cousin demeuré: le «No Nut November». Je vous le dis tout de suite, ça ne consiste pas à retirer les noix de son alimentation. Le pitch: ne pas éjaculer durant un mois.

Et ce, du 1er au 30 novembre. Plus précisément, ça consiste à s’empêcher de se masturber ou d’avoir un rapport sexuel ponctué d'une éjaculation. Oui, parce que comme toute discipline qui se respecte, il y a quand même un règlement. Par exemple, vous avez le droit d'être stimulé et de partir sur quelques actions, mais interdiction de dépasser la ligne d'arrivée, sinon vous êtes disqualifié.

Le respect des règles, c'est important.Vidéo: YouTube/raydenzero

Mais au-delà de la discipline sportive, c'est tout un tas d'interrogations existentielles qui se posent. Ne pas se traire a-t-il des bienfaits sur la santé? Des méfaits? Quels sont les impacts physiques et psychologiques? Peut-on atteindre un état de conscience cosmique «vers un nouvel âge reminiscent»? Mon corps allait-t-il s'atrophier pour ressembler à un corps chétif et rachitique comme celui d'Eric Zemmour ou de bébé Voldemort?

Sortez les mouchoirs, voici mon histoire.

Semaine n°1: Rendez-vous en terre inconnue

Nous sommes aux premiers émois des quatre semaines de novembre. Les arbres ont revêtu leur plus beau manteau, le soleil se veut encore réconfortant. On débriefe des sujets que nous allons traiter à la rédaction et le «No Nut November» apparait dans les tendances Twitter. Le thème est abordé. «Et si on en faisait du journalisme de terrain?». Comme je n'ai pas beaucoup de chance dans la vie, c'est sur moi que ça tombe. J'accepte donc cette mission et me voilà devenu un ascète.

Alea jacta est, si Thomas Pesquet a tenu un an dans l'espace, je peux bien tenir quatre petites semaines sans me lustrer la rambarde. D'ailleurs, est-ce que les astronautes se masturbent dans la Station spatiale internationale (ISS)? Est-ce qu'ils éjaculent du liquide séminal contenu dans une sphère parfaite contenant la vie, flottant ainsi en apesanteur dans le vide intersidéral?

Me voilà donc plein d'ambition et plein d'interrogations. Je me dis que ça ne doit pas être si difficile, étant donné que je suis célibataire; ce n'est pas comme si j'avais une partenaire qui pourrait réveiller en moi le démon du bas-ventre. Une semaine, c'est la base des cures. D'ailleurs, les cures de jus Biotta, ça dure une semaine, pas un mois.

Quand t'es gonflé à bloc et que tu enfiles ton gant de chasteté.

Semaine n°2:Mi-figue, mi-raisin

Voilà dix jours qu'il y a un escargot mort dans mon caleçon, replié dans sa coquille comme durant une canicule estivale. Si la première semaine a été relativement simple à vivre, je dois admettre que les choses ont changé, que les fleurs ont fané, et que le temps d'avant, c'était le temps d'avant.

La bonne nouvelle, c'est que je me suis découvert de nouveaux super-pouvoirs. Au sport, j'ai la niaque. Je tabasse un sac de frappe sans avoir envie de vomir, je cours plus vite, plus longtemps sans que ma rotule sorte de son axe et j'ai l'impression de pouvoir traverser le Léman en rameur. Je ne sais pas si l'onanisme est en réalité un sport extrêmement éprouvant et qu'une fois délivré du mal, mon potentiel est devenu plus grand, mais il s'avère que depuis que je ne le pratique plus, j'ai un bien meilleur niveau.

Quand tu te découvres de nouvelles capacités.

Moralement, par contre, c'est une autre histoire. Comme les premières neiges, un peu de fatigue s'installe sur l'épaule gauche, un peu de morosité sur l'épaule droite. Après tout, ne sommes-nous pas en novembre? Que serait le mois de novembre sans fatigue ni dépression?

Parfois, des pensées impures m'accablent. Comme nous le savons tous, le cœur des hommes est aisément corruptible et, tel l'anneau de pouvoir dans le Seigneur des Anneaux, j'entends parfois son appel. Prenant cette quête au sérieux, je résiste néanmoins à toucher au précieux. Si ça se trouve, Gollum est juste quelqu'un qui a fait le «No Nut November» pendant beaucoup trop longtemps.

Semaine n°3: Not today, Satan

Ce troisième acte est celui du constat: si les deux premières semaines sont une insidieuse descente aux enfers où tout va bien, la troisième est probablement le fond que l'on atteint en réalisant soi-même ce qu'est un sevrage. Il y fait sombre, il fait froid, tout est sec. J'ai dû louper le panneau à l'entrée qui disait: «Toi qui entre ici, abandonne tout espoir».

Le seum dans une vie pieuse et chaste, c'est la tentation. C'est l'élément déclencheur de passablement de récits chrétiens. Je le sais, j'ai grandi en Valais et j'ai eu le catéchisme. Ma tentation à moi, c'est une notification WhatsApp qui illumine mon écran un mardi soir. Une notification d'un amour sporadique, venue d'un temps lointain où j'avais une vie sexuelle.

Ana de Armas*nom d'emprunt
Hey, je suis en ville, ça me ferait plaisir de te voir, tu fais quelque chose ce soir?

Mio Dio! Est-ce un signe du Divin? Le Buisson Ardent? Le Serpent ? Le démon du bas-ventre ? Comme Abraham avant moi, est-ce un test où l'on me demande de sacrifier mon zizi sur l'hôtel de l'abstinence?

Prenant mon courage à deux mains, ou plutôt mon téléphone, j'essaie de choisir les mots justes.

Moi
Ça te dit une pizza?

J'ai donc rendez-vous avec Ana De Armas*nom d'emprunt à la pizzeria. Après avoir vidé mon sac d'anecdotes passionnantes entre deux parts de pizza aux pepperonis, je me retrouve à lui avouer mon terrible secret: «Ana, c'est pas toi, c'est moi. On peut rester amis si tu veux.»

Elle est dans mon lit, le mal est fait, le démon du bas-ventre a pris possession de mon corps. La lutte est grande, mais l'intégrité journalistique l'est plus encore. Le règlement est respecté: le volcan gronde, mais n'entre pas en éruption. Pompéi ne sera pas détruite ce soir. Ma partenaire de patinage en a bien conscience, et ce qui suit est aussi bienvenu qu'une oasis dans un désert aride. Ma nuit est aussi édulcoré qu'un Disney. Des bisous, des calins, j'ai l'impression de retrouver la naïveté de mes quatorze ans et c'est agréable. Comme quoi, l'éjaculation, c'est surfait: make papouilles great again.

Quant au syndrome des «couilles bleues» qui ferait soi-disant souffrir les hommes qui seraient trop excités sans pouvoir éjaculer à cause d'un afflux sanguin trop élevé, sachez que cela relève presque du mythe. Presque, parce que si ce syndrome existe vraiment, qu'il touche autant les hommes que les femmes et se nomme vasoconstriction en médecine, la probabilité d'avoir des crampes à vos organes génitaux est de 5%, ce qui est donc plutôt rare. Pour rappel, près de 60% des femmes n'ont pas d'orgasme en couchant avec un homme et on ne les voit pas se plaindre, donc prenez un peu sur vous les gars.

Semaine n°4: Hello darkness, my old friend

Si le «No Nut November» était un roman de fantaisie écrit par J. R. R. Tolkien, la dernière semaine serait le voyage au Mordor. J'ai d'ailleurs renommé mes testicules Sam et Frodon (l'une étant plus grosse que l'autre, je laisse les fans reconnaître qui est qui).

Les symptômes de mon abstinence, c'est principalement mon sommeil qui en devient troublé. Moi qui d'habitude ne rêve jamais, les songes sont beaucoup plus présents, tout comme la fatigue induite par une activité cérébrale déréglée alors que celle-ci devrait être en vieille. Ejaculer, ce n'est pas que souiller un Kleenex, une chaussette ou une tarte aux pommes, c'est aussi libérer un peu de dopamine et d'endorphine, des hormones équivalentes au vin rouge, qui vous détendent et qui vous font bien. D'ailleurs, les deux font des taches difficiles à enlever.

Mes testicules, devant le calendrier.

Le marathonien est fatigué, mais la ligne d'arrivée n'est plus très loin. La dernière étape du deuil, c'est la résilience et je la vois au loin, comme un phare dans la nuit. Hardi, tel un candidat de Top Chef parti sur un poireau en cuisson lente, je ne lâche rien. En vrai, ce n'est pas si difficile. Ignorer sa libido, c'est comme ne plus souffler sur les braises d'un feu de bois: il s'éteint et sans doute que moi aussi je m'éteins. C'est peut-être ça, devenir vieux. Un «No Nut November» qui dure 20 ans, ou 30 si l'on s'hydrate suffisamment et qui ne devient plus qu'un vague besoin de tendresse. Le temps où j'écumais les chantiers du désire avec mon marteau-piqueur semble si lointain.

La lumière au bout du tunnel.

Quelle est cette chaleur qui m'envahit? Ce sentiment de libération et de béatitude? Serait-ce les lumières de décembre au bout du tunnel?

Epilogue

Je vous le dis tout de suite: ne le faites pas, c'est nul. Arrêter la pignole, ça n'apporte rien, ou sinon faites-le en juillet parce qu'au mois de novembre, ça vous rend juste triste. Vous dormez mal, vous êtes épuisé et vous vous privez de la seule hormone du plaisir disponible gratuitement.

Moi, le 1er décembre.

Aucune illumination, aucune épiphanie, aucune cure de jouvence. Le constat est simple: la vie est juste un peu plus fade.

Mais je reconnais tout de même que:

  • Je me suis défoulé au sport.
  • Je me suis sans doute libéré de la consommation récréative d’œuvres pornographiques.
  • J'ai définitivement compris que l'orgasme, si on est deux, ce n'est pas une finalité en soi, mais juste du bonus.

Bref, je me languis de retrouver ma baignoire, avec quelques bougies, en écoutant l'album Sexuality de Sébastien Tellier pour un repos du guerrier bien merité.

Parce qu'on rêve tous de Biarritz en été.

Quant à vous, mes amis, c'est bientôt l'hiver et il va falloir économiser de l'énergie. Alors, Messieurs, frottez-vous le bâton suffisament pour faire des étincelles et allumer un feu, faites «la chose» avec quelqu'un qui vous plaît pour vous tenir chaud, jouissez, soyez romanesques, car le sexe c'est sympa, c'est rigolo, ça fait du bien et c'est surtout indispensable à une vie saine.

Après ce long témoignage, vous devez probablement avoir faim:

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La Confédération peut économiser des milliards et ne le fait pas
Le Contrôle fédéral des finances a analysé l'état des subventions et est arrivé à une conclusion claire: les règles ne sont souvent pas respectées lors de l'attribution. La Confédération verse donc beaucoup trop d'argent. Malgré les critiques, il est probable que rien ne change.

L'Office fédéral de l'agriculture octroie une subvention à une organisation active dans le domaine de l'élevage. Cette association dispose toutefois d'un capital propre qui est plusieurs fois plus grand que ses dépenses annuelles. L'office fédéral devrait alors vérifier s'il est possible d'exiger des éleveurs une contribution propre plus élevée, mais il ne le fait pas, et l'argent fédéral continue d'affluer dans des caisses bien remplies.

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