C'est difficile à concevoir aujourd'hui, avec nos bougies à la vanille ou à la cannelle qu'on achète par packs de douze chez Ikea. Mais à l'époque où l'on s'éclairait à la bougie, ces dernières fouettaient sévèrement. Pourquoi? Parce que quand on a inventé la chandelle il y a 5 000 ans, elles étaient faites à base de suif, le plus souvent, de graisse de porc. (Et non, ça ne fleurait pas bon le bacon.)
Bon, dès le 19e siècle, on en faisait aussi à base de cire d'abeille. Mais comme ça coûtait un bras, il n'y a que chez les riches que ça ne sentait pas le cochon mort.
Il était peu judicieux de laisser des bougies allumées la nuit. Il fallait y aller à tâtons, et le pays faisait déjà une fixette sur le mobilier. Même s'ils n'avaient pas encore inventé l'armoire en pièces détachées, les Suédois avaient une technique débile originale pour ne pas se prendre la commode dans le petit orteil, la nuit, en allant au petit coin. En fait, avant d'aller au lit, ils retournaient leurs chambres et déplaçaient... les meubles.
Une façon de ne pas se péter les orteils, certes, mais de se fracasser le dos un peu plus chaque soir. Mais comme l'espérance de vie ne dépassait pas les 40 ans en 1800 en Europe, c'était pas si grave.
Avant l'éclairage public, il était peu recommandé de se promener à la nuit tombée si on ne voulait pas se faire détrousser, agresser ou zigouiller.
Selon Le Temps, des archives genevoises montrent qu'une commission s'était penchée sur la question en 1843, vantant l'utilisation des becs de gaz. Les élus soulignaient qu'ils permettaient notamment «l’éloignement de certaines habitudes immorales qui redoutent la lumière». Avant la généralisation de ladite lumière, selon The Guardian, certains tarés à Munich attaquaient des citoyens la nuit mais aussi des... chats, qu'ils suspendaient aux portes.
Au lieu de nos huit heures d'affilée, jadis, on dormait en deux fois quatre heures. Dans son livre, l'historien Roger Ekirch fait part de plus de 500 références qui relatent une telle façon de segmenter sa nuit, de l'Odyssée d'Homère à des archives judiciaires, en passant par un compte rendu de tribus au Nigeria.
Selon un manuel médical du 16e siècle, la pause d'une ou deux heures au milieu de la nuit était le moment idéal pour procréer, «lorsque les couples ont le plus de plaisir et le font le mieux».
La nuit, c'était le moment où seuls les marginaux osaient s'aventurer dehors. C'est-à-dire les serviteurs, les prostituées, les pauvres, les criminels, les ivrognes, mais aussi les infidèles, qui allaient faire crac-crac avec leurs amants sous les platanes.
Mais les religieux aussi trouvaient un côté pratique à l'obscurité. Si la journée, chacun lisait sagement sa Bible, protestants et catholiques se retrouvaient parfois la nuit pour tenir des services secrets. Wow, on savait faire la fête à l'époque.