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Top 2 des choses qu'on attendait le plus en 2022:
Pour l'instant, on a un taux de réussite de 50%.
Allez, c'est parti pour une nouvelle saison à base d'ail noir, de man buns, de jeux de mots légumiers et d'émissions plus longues qu'un Paris-Marseille. Et ça commence très mal: avec du Imagine Dragons. Je sais que les temps sont durs et qu'on préférerait tous vivre en 2008, mais y a des limites quand même. Et puis ça commence doublement mal, puisque le chef le plus sympa de l'émission, Michel Sarran, papa de notre cœur, Toulousaing suprême, n'est plus là. Michel, on pense très fort à toi.
Pour remplacer Michel, le jury de «Top Chef» accueille cette année Glenn Viel, panneau publicitaire humain pour le Pento. Point négatif: il n'a pas d'acceng du Sud.
Point positif: niveau compétition, il a prouvé par le passé qu'il pouvait être un bon coach, et un gagnant (no offense Michel). Enfin, de notre côté aussi, une petite innovation: on a décidé de décerner un label Ça A L'Air Bon (CALAB), aux plats qui auront l'air bons.
Allez, c'est l'heure de découvrir nos quinze nouveaux candidats, dont trois meufs. Tout va bien* (*tout ne va pas bien). Les sept premiers s'affronteront sur une épreuve au thème plus large que mon découvert: réaliser un plat sucré.
Louise: cheffe de son restaurant à Lisbonne, marque des points dans mon cœur avec sa brigade 100% féminine, puis en perd avec son intention de faire un trompe-l’œil de sous-bois. Objectif pour 2022: arrêter de faire des plats qui ressemblent à du terreau mouillé. Manger de la terre c'était cool en maternelle, maintenant ça suffit! Ceci dit, son plat contient de la glace à l'ail noir, et ça, CALAB.
Placement: brigade Darroze.
Mickaël: a un t-shirt «le gras c'est la vie», fait de la cuisine «cochonne et sexy en même temps» (on est dans «Top Chef» ou dans une parodie porno intitulée «Top Fesses»?). Pour impressionner le jury, Mickaël va faire un kebab de céleri, car l'histoire est un éternel recommencement.
Placement: brigade Etchebest.
Arnaud: «un peu beau gosse, tatoué, homosexuel», automatiquement mon numéro 1. Le Xavier Dolan de la cuisine belge. Il dit des choses comme «la pression monte hyper fort, pourtant je préfère la boire», et «la cellule de refroidissement c'est pas une église les filles, faut la laisser fermée». Je sais pas pourquoi c'est drôle, mais c'est drôle.
Malheureusement, Arnaud décide de faire un dessert healthy, qu'il va sucrer à la stévia (le truc que votre oncle met dans son déca), et j'ai immédiatement peur pour lui. En plus, ses choix en matière de dressage laissent à désirer. C'est moi ou on dirait un peu une main qui transporte une teub?
Placement: repêchage.
Lilian: directeur d'hypermarché, n'a pas pu ouvrir son restaurant à cause du Covid, n'a pas été en cuisine depuis deux ans, et se met à trembler quand les chefs arrivent. Bref, c'est un choupi et il doit être protégé à tout prix. Il a l'air d'avoir une grosse exigence technique et nous explique qu'il est «très tac tac»: moi aussi Lilian.
Placement: brigade Pairet. La technique et le génie créatif, ça va faire des étincelles.
Renaud: était le premier candidat éliminé de la première saison de «Top Chef» et revient treize ans plus tard pour prendre sa revanche. La vengeance est un plat qui se mange périmé. Pour se qualifier, il va faire une crème de maïs (alerte GARMONBOZIA). Fait cramer son assiette volontairement à la dégustation. Potentiellement un habitant de la Black Lodge.
Placement: brigade Viel.
Tania: italienne, vient de Sardaigne, a l'air sympa et dit des choses comme «c'est chaud dou string». Elle va faire un dessert vegan et quand on lui demande si elle-même est vegan, elle répond «non absolument pas, moi j'adore l'entrecôte». Je m'identifie beaucoup à Tania.
Placement: repêchage.
Wilfried: a l'air très sûr de lui, dit souvent «c'est cool». Apparemment, on va encore nous vendre le fait de marcher lentement comme un trait de personnalité? J'ai encore du stress post-traumatique lié à Adrien Cachot, je ne peux pas revivre ça une deuxième fois, par pitié. Wilfried n'arrête pas de dire que son univers à lui «est très brut», et quand on lui dit que son plat n'est pas bon, il répond: «Je comprends, c'est un risque que j'ai voulu prendre, qui est assumé.» Celle-là, je vais la ressortir la prochaine fois qu'on me dit que j'ai un truc coincé entre les dents.
Ceci dit, son dessert à la langoustine: CALAB.
Placement: repêchage.
La deuxième épreuve démarre, et cette fois-ci, l'objectif est de réaliser un plat salé. Mais POURQUOI ont-ils décidé d'inverser le sucré et le salé? Ne savent-ils pas qu'on essaie tous de synchroniser notre repas du mercredi soir avec les épreuves de l'émission?
Ambroise: tiens, cette année le commandant Cousteau a décidé de tenter l'aventure «Top Chef». À la base, j'avais décidé de faire cette blague en me basant uniquement sur son bonnet décalotté, mais ensuite il a commencé à expliquer qu'il était passionné de pêche, puis s'est ramené avec le plus gros poisson jamais pêché. C'est vraiment le commandant Cousteau en fait.
Au moment où Ambroise soulève son cachalot d'eau douce, les graphistes en profitent pour sortir le bandeau «comme sur chaque épreuve, les produits qui ne seront pas cuisinés par les candidats seront redistribués», parce qu'en effet, va y avoir du rab. Je ne sais pas encore quoi penser de lui. D'un côté, il décide de cuisiner un «condiment de foie»: on est obligé de valider. Par contre, le boudin de sang de poisson, c'est mon arrêt, je descends là, merci bonne journée.
Placement: repêchage. Ce qui est drôle parce que... (Vous l'avez?!)
Thibaut: sponsorisé par François-Régis Gaudry, a une étoile verte, veut cuisiner de l'escargot parce que ça pollue pas. C'est un peu le candidat normal de cette année. Quant à ses escargots aux échalotes et à la crème aux herbes: CALAB.
Placement: brigade Darroze.
Lucie: tout ce qu'on sait, c'est qu'elle est hyper contente d'être là. Et qu'elle a refusé un poste chez Alexandre Mazzia, et espère intégrer le concours pour le revoir et s'excuser. Un simple mail aurait sans doute suffi, mais on lui souhaite de réussir. Pour son aubergine brûlée avec du baba ganoush et du labneh, on lui décerne aisément le label CALAB.
Placement: brigade Viel.
Elis: il s'appelle Bond. Elis Bond. Il vient de Guyane, est artiste, va faire de l'agneau cuit dans un estomac de mouton et dresser ses plats sur des toiles de peinture. Au moment où il se met à peindre avec de la sauce, je sais que je devrais trouver ça prétentieux, mais en fait je trouve ça ouf. Quand les autres découvrent qu'il a intitulé son plat «Les saveurs perdues de l'agneau sous une toile d'histoire», tout le monde fait «wooooooooooah». Attention à ne pas trop virer copie de philo de première L, tout de même.
Placement: repêchage.
Elliott: il est haut potentiel et a décidé de détruire des décennies de déstigmatisation de la santé mentale en se parlant tout seul à voix basse en ricanant. Ressemble un peu à un Louis Garrel belge.
Son plat constitué à 92% de céleri, avec une palette de couleurs allant du kaki au caca d'oie: CAPLAB, Ça A Pas L'Air Bon.
Placement: repêchage.
Sébastien: un Polly Pocket humain, il vit au pays des papillons et a un sourire encore plus épuisant qu'un post Facebook d'antivax. Même quand il court, il sourit. Je suis sûre qu'il sourit dans son sommeil. En un seul épisode, il a réussi à dire trois fois «c'est que du bonheur», ce qui est strictement interdit par la Convention de Genève. Sébastien «considère que sourire c'est gratuit» et que faire la gueule n'a aucun intérêt. Si, parfois ça repose les muscles de la mâchoire.
Le truc, c'est que Sébastien a décidé de préparer une ballotine de lapin au lard fumé, avec une farce au foie gras et aux rognons, et un jus de lapin corsé. Je suis donc légalement obligée d'être fan... Jusqu'au moment où il décide d'accompagner son lapin d'une carotte, «comme Bugs Bunny», et de dessiner un lapin en poudre sur ses assiettes parce qu'il «espère que ça donnera un sourire» aux membres du jury. Entre être quelqu'un de positif et être un totalitaire du bonheur, il y a une frontière à ne pas franchir, et Sébastien l'a enjambée avec autant de fougue qu'Usain Bolt aux JO de Londres.
Placement: brigade Etchebest.
Logan: tiens, cette année dans la compétition on a aussi le chanteur de Limp Bizkit. Encore un Belge. Logan nous explique que «le fait de casser les codes, ça c'est moi» (on attend encore le candidat qui nous dira «rentrer dans les cases, être comme tout le monde, ça c'est moi tout craché»). Pour casser les codes, il va tremper des sacs de jute dans de l'eau de mer pour sa cuisson? Avec des feuilles de banane et de vigne? Comme le dit Paul Pairet: «Je n'ai rien compris, mais il a cet enthousiasme communicatif.» On dirait moi face à tous les films de Lynch. Mais on va quand même garder Logan parce qu'il a l'air sympa et que c'est pas tous les jours qu'un candidat revendique fièrement un univers féminin. Je voudrais pas dire, mais c'est un peu la saison des soft boys cette année. Sauf Wilfried, qui est «trop brut» pour nous.
Placement: brigade Pairet.
Ça fait désormais vingt-huit ans que cette émission a commencé, mais il reste encore six candidats à départager, avec une épreuve autour de la pomme.
Tania prépare du thon à la pomme, je crois qu'on n'avait pas vu pire association depuis Mary-Kate Olsen et Olivier Sarkozy. Elliott continue de faire des blagues qui ne font rire que lui: «Hé les gars on est un peu paumés eh eh eh eh.» Elis Bond a décidé de prendre moins de risques cette fois-ci, et donc de faire de la pomme au poulet. Logique. Et Wilfried transforme tous les défauts de son plat, «Caractère pomme», en qualités: «C'est légèrement brûlé, c'est ce que je voulais.»
La dégustation de la dernière chance est enfin terminée. Depuis que cette émission a commencé, vingt-cinq jours se sont écoulés, huit nouveaux candidats se sont déclarés à gauche, Pete Davidson a changé de meuf cinq fois, et le réchauffement de la planète a encore augmenté de 3%.
A mon grand désespoir, Hélène Darroze sélectionne Wilfried. Tania part chez Glenn Viel, et Ambroise chez Pairet, qui n'aime que les candidats qui portent des petits chapeaux désuets.
Finalement, Elis et Arnaud (ouf) restent dans le concours et forment une «brigade solitaire» (marrant, c'est le surnom que j'ai donné aux préservatifs rangés dans ma table de nuit depuis 2016). Tandis qu'Elliott et son haut potentiel repartent en Belgique.
Quand c'est la troisième démarque à Zara:
Je voudrais pas paraître excluante, mais ils ont pas «Top Chef» en Belgique?
Cette nouvelle saison s'annonce déjà très riche: Mauro Colagreco va revenir, Philippe Etchebest va pleurer...
Question technique: quand plusieurs candidats préparent un plat avec de la glace, comment ils font pour qu'elle ne fonde pas avant d'être servie aux chefs?
Anne Hidalgo tous les matins:
«Je peux pas dire que j'aime pas et je peux pas dire que j'aime vraiment, mais je dois quand même saluer l'audace et le culot»: exactement mon opinion sur Bad Luck Banging or Loony Porn.
Pour sa première émission en tant que chef de brigade, Glenn Viel s'en est très bien sorti. Il est même presque aussi choupi que Michel Sarran.
Cet article a été publié initialement sur Slate. watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original