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Ce mercredi 9 juin, après des mois d'agonie, notre pays a enfin pu savourer ce moment tant attendu: les Français ont pu rester en terrasse jusqu'à 23h.
Ah oui, et y avait aussi la finale de «Top Chef»!!
Pour rappel, tout va se jouer entre Sarah et Mohamed. Les candidats vont devoir réaliser un repas de gala pour 70 convives: entrée, plat et dessert. Stéphane nous annonce «un véritable marathon culinaire», une expression qui pourrait aussi qualifier un repas chez Flunch.
Mais avant ça, place à des images auxquelles la France peut vraiment s'identifier: Momo en train de manger des fruits avec une fourchette dans une chambre du George V.
Quant à Sarah, on la voit? se mettre du mascara? Ok. Et pourquoi pas des bigoudis, des bas résilles, et un petit splash de parfum avant de sortir de la chambre? Et pourquoi on n'a pas vu Momo faire des haltères ou se couper les poils de nez?
Bref. La finale se déroulera donc au George V, le palace le plus étoilé d'Europe, etc. Mais c'est surtout l'occasion de retrouver les anciens candidats, revenus pour épauler nos deux finalistes. Momo est rejoint par Chloé (yasss) et Arnaud «Capitaine Crochet», tandis que Sarah retrouve Baptiste (!!!!!!!!!!!!!!) et Pauline.
Par contre, l'OMS devrait sans doute publier un communiqué, parce que «Top Chef» semble être le point de départ d'une nouvelle épidémie inquiétante: les moustaches de Français des années 1940.
Ce qui pose les questions suivantes: pourquoi? Qui a perdu un pari? Et est-ce que la France n'a pas déjà assez souffert comme ça, sans qu'en plus tous les candidats de «Top Chef» se lancent dans un cosplay de Gaulle?
Stéphane n'en revient tellement pas qu'il nous rejoue le mème avec John Travolta.
Au final, on passe tellement de temps sur cette histoire de moustache qu'on aurait presque raté le retour de Charline! Nous, on est très contents de te retrouver Charline, même sans moustache.
Pour finir de répartir les brigades, Momo récupère Pierre, le Taz de la mandoline, et Thomas, le Michael Jackson du dressage. Sarah, elle, sera avec Charline et Matthias.
Paul Pairet se réjouit d'avoir plusieurs femmes dans sa brigade, et s'exclame: «Je suis le représentant du girl power.» On dirait tous les mecs après avoir lu un (1) bouquin de Mona Chollet.
Le gros atout de Momo sur cette épreuve, c'est qu'il se sent chez lui: il a déjà travaillé dans des palaces, a l'habitude des grandes cuisines et des grosses brigades. Sarah, elle, a plutôt l'habitude de travailler seule dans son restaurant. J'ai très peur pour elle.
Le menu de Mohamed est assez classique, entre gastronomie française et influences nord-africaines: homard aux épices, crémeux au chocolat et caramel beurre salé en dessert? En gros, Momo mise sur le réconfort, alors que Sarah va nous faire bouffer de l'herbe et des fourmis.
Ou presque: la candidate a prévu un menu terre-mer de l'entrée au dessert, avec un dessert au nori et aux salicornes. Bref, elle est tarée. C'est vraiment la Adrien de cette année. Enfin, on aura également droit à un featuring du meilleur ami de Sarah, sa moitié, son partenaire de toujours: le sarrasin. On peut donc s'attendre à une superbe finale, un match au sommet entre la gourmandise et le conceptuel. Entre Creed et Rocky. Entre Friends et David Lynch, quoi.
Dans cette histoire, Sarah est l'outsider absolue: elle travaille seule dans un restaurant bistronomique, n'a pas trop confiance en elle, fait partie des rares femmes à avoir atteint la finale, et va devoir mener une brigade dans le palace le plus prestigieux d'Europe pour faire ses preuves? Espérons que M6 a le sens du récit, parce que sa victoire serait fabuleuse.
Chez Momo, on prépare l'entrée à base de salsifis (aliment du diable), et Chloé est de corvée d'épluchage. Malheureusement, l'ancienne candidate n'épluche pas les salsifis comme Momo le voudrait, et se fait passer un petit savon. En fait, Momo est grave un Vierge, non?
Un peu plus tard, Hélène commence à tirer la gueule quand elle apprend que c'est Arnaud qui va préparer le jus de homard. Pauvre Arnaud!
À part ça, tout semble bien se passer dans la brigade de Momo, et son seul vrai problème est qu'il n'a pas d'idée pour le dressage de son dessert. Heureusement, il a Thomas, le Mozart de la farine, dans sa brigade, donc on ne se fait aucun souci pour lui.
De son côté, Pierre est toujours aussi fatiguant qu'un DJ de mariage.
Sarah, elle, a l'air hyper bien partie: elle est enjouée, confiante, à l'aise avec sa brigade? Mais rapidement, les drames s'enchaînent. D'abord, la candidate est perdue tellement sa cuisine est grande, et n'arrive pas à trouver de frigo. Ah, comme j'aimerais avoir ce problème. Personnellement, j'arrive à trouver le frigo depuis mon lit, donc bon.
Ensuite, la candidate découvre qu'elle a mis ses Saint-Jacques au congélateur au lieu de les mettre au frigo, et qu'elles sont dures comme de la pierre. Après une légère panique, Sarah rattrape le coup, mais un peu plus tard, elle réalise qu'elle a mal calculé sa quantité d'agneau, et qu'elle n'en a pas assez pour soixante-dix convives. Cet épisode est aussi stressant que recevoir un texto «Faut qu'on parle».
La brigade commence alors à faire des pesées: il y a soixante-dix convives et huit épaules d'agneau, et il faut 100 grammes d'agneau par convive. J'ai l'impression de revivre mes pires problèmes de maths en CM2.
En toute décontraction, Paul Pairet observe qu'il n'y a pas assez d'agneau avant d'en engloutir une grosse bouchée. Naturellement.
La dégustation démarre pour les chefs et les convives, et ça me rappelle qu'il faut vraiment que je devienne bénévole de la Croix-Rouge.
Mais avant que les plats n'arrivent, je suis obligée de signaler la tenue de gala de Paul Pairet. C'est la cravate au motif bandana qui m'a achevée. Paul, ne change rien.
Les entrées arrivent, et les retours des bénévoles sont merveilleux: «Visuellement, mettre une coquille Saint-Jacques sur de la paille, c'est rigolo.» On dirait moi qui essaie d'analyser un solo de batterie alors que j'ai fait trois cours de djembé en 6e.
Paul Pairet, comme d'habitude, remporte le prix de la meilleure remarque: «Deux très belles entrées, avec une que je préfère largement.»
Au moment des plats, le homard de Momo est un très franc succès, alors que l'agneau de Sarah, en comparaison, semble un peu moins chic. Même Etchebest le trashe, alors que c'est censé être le plat de son équipe. Il le trouve «grossier et mal proportionné», exactement comme ma garde-robe. Malgré tout, les bénévoles de la Croix-Rouge ont l'air de trouver ça bon. On y croit.
Enfin, c'est le moment du dessert. Pour son dressage, Mohamed opte pour trois longues crottes de chien, alors qu'il a à sa disposition Thomas, le Boticelli du dressage! Occasion ratée, Momo.
On note que les chefs dégustent l'assiette de Momo en premier, alors que la glace de Sarah est en train de fondre à côté. COMPLOT.
Les convives, eux, sont très surpris par le dessert de Sarah. L'un d'eux s'étonne même que «la salicorne a été cuisinée en sorbet»? Mais y a vraiment des gens qui savaient naturellement ce qu'était la salicorne? Sans avoir à sortir leur portable? Je refuse d'y croire.
Finalement, tout le monde s'accorde à dire que le dessert de Sarah est très original, tandis que celui de Mohamed est «bon». À tous les coups, Momo va gagner parce qu'il a fait de la crème au chocolat.
C'est le moment du vote, et le simple fait de voir les convives glisser des bulletins dans l'urne me donne des sueurs froides en pensant à 2022.
On commence par révéler le vote des chefs, qui ont chacun dix points à distribuer aux finalistes. Sans surprise, Darroze et Sarran offrent un léger avantage à Mohamed pour la réussite de son plat principal. Etchebest et Pairet inversent le score en offrant plus de points à Sarah, et Pairet couvre sa candidate d'éloges pour son dessert très audacieux. Même si Sarah perd, c'est beau de la voir impressionner un chef aussi créatif que Paul Pairet.
Enfin, après une fin de saison aussi interminable qu'un Intercités Paris-Toulouse, on passe à la révélation du vote des convives, qui désignera le vainqueur de la finale. Dans deux pièces séparées, Mohamed et Sarah retrouvent leurs proches pour la cérémonie des couteaux.
Quelques derniers flashbacks larmoyants pour la route, et c'est finalement Mohamed qui remporte le concours. Après les 328 clins d'œil appuyés de Sarah qui disait que «ça serait super qu'une femme gagne ?Top Chef? cette année», j'avoue que ça fait un peu mal. Momo n'a pas volé sa victoire. Mais comme l'année dernière, c'est la gastronomie classique qui l'emporte sur le risque et la créativité. Sarah, j'ai très hâte de venir goûter ta glace aux salicornes, même si je ne savais pas ce que c'était il y a trois mois.
C'était beau de voir une finale aussi bienveillante entre Sarah et Mohamed, pleine de câlins et de compliments mutuels. Bravo à eux pour leur fairplay.
Moi quand je porte ma valise toute seule dans l'avion pour prouver que j'ai pas besoin des hommes:
Moi quand la prof de maths m'appelait au tableau et que je faisais semblant d'avoir compris.
Le petit rire de Baptiste me fait si chaud au cœur.
Michel: «Moi j'aurais pas fait comme ça.» Paul: «C'est bien pour ça que t'es pas en finale.» Paul Pairet n'a aucune pitié, et c'est génial.
Merci à toutes et à tous d'avoir fidèlement suivi ces recaps, c'était un immense plaisir de lire vos retours toutes les semaines!
À l'année prochaine!
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original