Je suis allée à Sanary-sur-Mer (France) faire de la voile il y a dix ans. J'avais besoin de faire pipi, mais j'étais en retard pour aller rejoindre l'équipe. Du coup, je me suis retenue (on portait des combinaisons). Pendant quatre heures, au milieu de la mer. Jusqu'à ce que je ne puisse plus. A tel point que je ne pouvais plus marcher. J'exagère pas, on a dû revenir sur la terre ferme et un bénévole m'a portée pour aller aux toilettes. Sauf que je ne pouvais plus me retenir alors il m'a jetée à la mer, à côté de la terre ferme, pour que je fasse pipi dans l'eau devant tout le monde. Voilà.
Melissa N'Dila
Je passe un mois en Australie pour perfectionner mon anglais. J'avais loué une petite voiture. Dernier soir, j'organise une grande fête avec les potes de l'école. Le lendemain, ma copine arrive de Suisse (tôt le matin). On devait partir direct pour un périple dans l'Outback. Encore bien «fatigué», je rends ma petite voiture, prends le camping-car que j'avais loué, passe chercher ladite copine à l'aéroport et file tout droit au supermarché où j'avais pris mes habitudes, dans le parking souterrain. Sauf que le camping-car était évidemment plus haut que la petite voiture et que je l'ai encastré, à moitié détruit, dans le plafond en béton à l'entrée. Il a fallu beaucoup de bras pour le sortir, même en reculant avec les gaz à fond. Voilà voilà...
Christian Despont
C'était il y a dix ans, j'avais fait un voyage de quatre mois avec un pote en Thaïlande. Le jour du départ, on va à l'aéroport et je réalise que j'ai oublié de passer prendre une valise chez mon oncle qui habite à l'autre bout de Bangkok. Je suis Thaïlandais et j'ai de la famille là-bas. Comme on était très en avance, on avait encore du temps.
On sort de l'aéroport, on cherche un taxi et puis on voit un type qui se balade un peu autour des taxis et qui nous demande où est-ce qu'on va. Je lui donne l'adresse de mon oncle. Il nous dit: «Ok, pas de soucis». Je le vois marcher vers un taxi et parler avec un chauffeur. Il nous fait signe de la main que c'est bon. Mon pote et moi, on entre dans la voiture ainsi que le mec. Il s'assied sur le siège passager. On s'est dit que c'était bizarre mais on a pensé que c'était un des responsables des taxis et que le chauffeur le posait un peu plus loin.
Le taxi commence à rouler. Mon pote me dit: «Tu veux pas regarder sur Google Maps où est-ce qu'on se dirige?». Et là, je vois qu'on ne va pas du tout à l'adresse que j'avais donnée. Je parle thaï alors j'essaie de communiquer avec le pseudo responsable, parce que le chauffeur ne disait pas un mot. Je lui demande: «Où est-ce qu'on va parce que c'est pas la direction que j'avais donnée». Il me dit: «T'inquiète, c'est un raccourci, avec la circulation le soir, il faut éviter certaines zones». Il donne une explication bancale. On se pose des questions mais on pouvait pas sortir de la voiture, on était sur une quasi-autoroute.
Après quinze minutes à rouler, je dis aux deux mecs que c'est pas du tout là où on va. Aucun des deux ne me répond, ils nous ignorent. Avec mon pote, on commence à rire nerveusement. Puis, on quitte cette semi-autoroute et on se retrouve sur un chemin de terre sans lumière. Avec mon pote, on se dit: «Mais dans quelle merde on s'est foutus». Tout d'un coup, la voiture s'arrête et le passager sort. J'ai été pris par un moment de panique, je suis sorti de la voiture et j'ai donné tout l'argent que j'avais dans mes poches au type. Je lui ai dit qu'on voulait pas de problèmes. Je lui ai mis l'argent directement dans la main et je suis retourné vers le taxi. Le mec avait l'air surpris.
Pendant ce temps-là, mon pote expliquait au chauffeur qu'il fallait retourner à l'aéroport. J'étais hyper nerveux, en plus j'étais en tong, s'il fallait courir, j'étais dans la merde. Puis finalement, le type se casse. Moi je rentre dans le taxi, je lui donne la vraie adresse de mon oncle. Le taxi rebrousse chemin et là, je commence à lui demander qui était ce type. Il me dit: «Bah, aucune idée, moi je croyais qu'il était avec vous, il m'a donné cette adresse donc j'y suis allé». En fait, c'est une combine. Le pseudo responsable traîne devant les taxis et se débrouille pour aller là où il le souhaite. Le chauffeur de taxi, je le comprends, il pensait que je parlais à l'autre type.
L'ironie de l'histoire, c'est qu'on avait fait quatre mois de voyage sans aucun problème et que le dernier jour, on a pensé qu'on allait mourir, se faire kidnapper ou se faire dérober et finir en caleçon dans une ruelle de Bangkok. Maintenant, quand tu vas à Bangkok, tu dois prendre un ticket à l'aéroport à une borne de taxi donc plus de moyen de court-circuiter le système.
Jérémie Crausaz
J'avais 19 ans et j'étais parti avec ma copine de l'époque à Nice en week-end. C'était le soir assez tard, on est allés se baigner près du port, on avait laissé nos affaires pas loin, sur un rocher. Et on s'est tout fait tirer! Passeports, argent, clés d'hôtel... Tout, sauf nos vêtements. On est allés faire une déposition à la gendarmerie. C'est l'ami d'un ami qui vivait à Nice qui nous a donné de l'argent pour qu'on puisse manger.
Le lendemain, en arrivant à l'aéroport, on a fait réimprimer nos billets, avec la déposition qui disait qu'on avait tout perdu. Parce que sans passeport, on pouvait pas embarquer. Du coup, pour vérifier notre identité, ils ont appelé quelqu'un de Sion qui m'a dit: «Pour prouver qui vous êtes, dites-moi des choses sur Sion». Alors j'ai parlé du stade de Tourbillon, de la place de la Planta... Et ils m'ont dit «C'est bon, vous pouvez rentrer». On était jeunes... Et quand on était dans l'eau, on voyait bien qu'il y avait des gens. On se disait un peu naïvement qu'ils venaient se poser pour boire un coup et regarder la mer. Aujourd'hui, je ne retournerai pas me baigner sans quelqu'un pour surveiller mes affaires.
2016, je me barre sur un coup de tête au Canada pendant un mois, à Calgary, où personne ne va - solitude, à jamais. J'ai pris mon avion (avec Air Canada, ce détail a son importance) et je me suis envolé comme un grand, tout seul. A moi la liberté, à moi les montagnes.
En débarquant au pays du sirop d'érable, c'est une autre solitude que j'ai découverte: j'ai eu la mauvaise surprise de me retrouver sans mes bagages - c'est dingue comme on se sent démuni sans sa valise. A savoir que je n'avais que mon sac à dos et en son sein mon ordi, ma trousse de toilette et un pull de rechange. C'est tout. Ma valise n'est arrivée que... quatre jours plus tard. Joie! J'ai passé une ribambelle d'appels à la centrale téléphonique de la compagnie et ma valise a été retrouvée... à Dubaï. J'ai donc sagement attendu l'appel d'Air Canada. Je suivais des cours d'anglais et bien entendu, les horaires - dignes de l'armée - ne jouaient jamais. Quand la valise a été rapatriée, on se ratait sans arrêt avec ce chauffeur de misère.
Le deuxième jour - donc le quatrième jour sans mes affaires -, on a enfin réussi à se «capter». J'ai dû lui courir après, dans la rue, en criant «My luggage, sir, I'm Sven Papaux!», dans les rues de Calgary. Je n'ai jamais autant serré dans mes bras ma valise.
Sven Papaux