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Inflation: pourquoi la Suisse s'en sort mieux que ses voisins

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Inflation: pourquoi la Suisse s'en sort (un peu) mieux que ses voisins

Les prix augmentent partout. Mais malgré la flambée de l'inflation, la Suisse s'en sort moins mal que ses voisins. En plus du franc fort et du mix énergétique, une autre particularité suisse nous aide.
05.09.2022, 11:5405.09.2022, 12:20
Florence Vuichard / ch media
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Le plein d'essence, le chauffage, les courses: tout devient plus cher, y compris en Suisse. L'inflation n'a pas atteint de tels sommets dans notre pays depuis 30 ans. Et pourtant, la Suisse s'en sort relativement bien avec une hausse de 3,4%, puisque l'inflation atteint 6,1% en France, 7,5% en Allemagne et même 8,5% aux Etats-Unis.

Les raisons de cette hausse des prix relativement modeste sont faciles à trouver:

  • Premièrement, le mix énergétique est avantageux: grâce à la production nationale d'énergie hydraulique, la Suisse est moins dépendante du gaz et du pétrole et doit donc importer moins de ces sources d'énergie devenues massivement plus chères.
  • Deuxièmement, la force du franc réduit l'inflation: les biens et les services facturés en euros sont certes devenus plus chers, mais la hausse des prix à l'importation en Suisse est en partie compensée par la conversion en un franc toujours plus fort.
  • Troisièmement, il y a selon l'économiste et conseillère nationale PS de Bâle-Campagne Samira Marti, «une raison souvent sous-estimée: le service public». Elle fait ainsi référence à la part importante des prix administrés dans le panier des ménages suisses. «Nous avons le prix en main et nous pouvons le diriger». C'est un avantage qu'il faut préserver.

L'électricité comme exemple

Actuellement, c'est dans le domaine de l'électricité que l'avantage des prix administrés est le plus flagrant: «Grâce à la régulation, les ménages privés en Suisse n'ont pas à faire face à des augmentations de prix aussi massives que ceux d'Allemagne, qui sont exposés au marché libre de l'électricité et ont déjà dû faire face à des augmentations de prix de plus de 30% cette année», explique Marti:

«En principe, les prix réglementés sont moins sujets à la spéculation commerciale»

En d'autres termes, les prix sont fixés – ou du moins contrôlés – par l'Etat. Cela vaut pour l'électricité, mais pas seulement.

Selon une comparaison des différents indices nationaux des prix à la consommation établie par Eurostat, la Suisse se situe en haut de l'échelle en matière de prix administrés. En effet, dans notre pays, 27% des prix à la consommation sont réglementés. En comparaison, en France et en Suède, cette proportion est d'un peu plus de 15%, en Italie et en Allemagne, elle est inférieure à 15%, et en Espagne et en Autriche, moins de 10% des prix sont administrés.

Cet écart s'explique en partie par les mesures de libéralisation et de privatisation adoptées par l'UE, mais que la Suisse n'a pas suivies: dans notre pays, la Poste est toujours gérée par l'Etat, les assurances immobilières sont aux mains des cantons et les ménages peuvent ou doivent acheter l'électricité auprès de leur fournisseur local. Et c'est précisément cette obligation d'approvisionnement de base qui protège les consommateurs de hausses de prix massives, explique Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse.

Inflation: pourquoi la Suisse s'en sort mieux que ses voisins
Selon l'économiste en chef des syndicats Daniel Lampart, une réglementation dure crée des avantages pour les ménages.Image: KEYSTONE

Les entreprises énergétiques locales vont certes augmenter leurs prix de l'électricité de 20 à 30% en 2023. «Cette année, cela nous a coûté beaucoup moins cher», souligne Lampart. «Et pour l'année prochaine, nous pouvons contrôler les prix sur le plan politique».

Pour l'électricité en tout cas, la hausse des prix serait plus forte sans régulation. En effet, dans notre pays, les tarifs de toutes les énergies renouvelables ne peuvent être répercutés sur les ménages qu'à hauteur de ce que l'on appelle le prix de revient. C'est maintenant à la Commission fédérale de l'électricité de veiller à ce qu'il n'y ait pas de majorations injustifiées.

Des soins de santé coûteux, mais peu affectés par l'inflation

Le secteur de la santé se taille la part du lion en matière de prix administrés. Qu'il s'agisse de médicaments, d'une visite chez le médecin ou d'un test sanguin, chaque prix est au moins co-déterminé par l'Etat. C'est en principe à l'avantage des patientes et des patients, affirme également le surveillant des prix Stefan Meierhans:

«Avec une bonne régulation, on peut par exemple déjà économiser des centaines de millions rien que pour les médicaments»

Selon Meierhans, le fait que les coûts du système de santé suisse, et donc les primes, atteignent des sommets toujours plus vertigineux a principalement d'autres raisons. Le problème principal serait de mauvaises mesures incitatives, par exemple lorsque les cantons peuvent fixer les prix de leurs propres hôpitaux, et l'augmentation du volume, c'est-à-dire le recours à toujours plus de prestations sous forme de médicaments, de consultations médicales ou d'opérations.

«En d'autres termes, les pilules deviennent certes moins chères grâce à des prix réglementés, ce qui ménage l'inflation. Mais en même temps, on en consomme toujours plus, ce qui renchérit les coûts du système de santé et par conséquent aussi les primes d'assurance maladie»

Les prix administrés sont un frein à l'inflation, affirme le Surveillant des prix Meierhans, qui surveille avec son équipe une liste presque interminable de prix administrés et examine également à la loupe les tarifs des pouvoirs publics et les prix des entreprises détenant un monopole sur le marché. Il attend maintenant des autorités et institutions communales, cantonales et nationales non seulement une extrême retenue, comme il le souligne, «mais aussi un examen des éventuels potentiels d'allègement».

Les prix doivent toujours pouvoir être ajustés si le «principe de la couverture des coûts» n'est plus respecté, mais «la baisse des prix administrés en période de forte pression inflationniste est particulièrement appropriée pour atténuer le renchérissement». Mais pour que les ménages puissent profiter des avantages des prix administrés, il faut de la transparence, explique Samira Marti. Une réglementation intelligente et stricte, mais aussi un contrôle rigoureux sont par conséquent indispensables. (bzbasel.ch)

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