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David Solomon de Goldman Sachs se mue en DJ controversé la nuit

David Solomon, PDG de Goldman Sachs et DJ.
David Solomon s'amuse derrière les platines, mais ça chauffe à l''interne chez Goldman Sachs.Image: watson/Shutterstock

Ce patron de banque se mue en DJ la nuit et crée la polémique

L'homme fort de Goldman Sachs, l'une des banques les plus puissantes du monde, est aussi... un disc-jockey qui écume les gros festivals et cumule les collaborations. Au point de pondre désormais un hit. Mais celui-ci laisse entendre quelques fausses notes.
04.03.2023, 16:2804.03.2023, 17:40
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David Solomon, un chauve souriant aux 61 printemps, est connu à travers le monde pour être le manitou de Goldman Sachs. Pour les novices, la banque d'affaires a traversé une zone de turbulences en 2007, en naviguant délicatement dans les eaux troubles de la crise financière des subprimes. Mais ce n'est pas son rôle de col blanc qui interpelle, plutôt un tout autre costume nettement plus surprenant: celui de DJ.

Pour ce fils d’un père éditeur et d’une mère spécialisée dans l’audiologie, cette activité participe à une philosophie qu'il inculque à ses collaborateurs et collaboratrices. Selon un porte-parole de l'entreprise, interrogé par le New York Times, «les centres d’intérêt extérieurs à l’entreprise permettent de mener une vie plus équilibrée et d’avoir une meilleure carrière.»

Une activité qui pourrait lui permettre de mieux faire passer la pilule après une année 2022 difficile. Elle a même été désastreuse, selon le magazine Fortune. Goldman Sachs Group a réduit la rémunération de son PDG d'environ 30% à 25 millions de dollars en 2022. Pire, Goldman Sachs a récemment licencié 3 200 employés et annoncé une perte de 3 milliards de dollars.

Mais malgré les vents contraires et incertains de la finance, l'Américain ne souhaite pas tirer la prise des enceintes. Si Solomon s'est lancé tardivement dans le milieu de la nuit, en 2015 sous la houlette de Oakenfold, DJ célèbre dans le milieu qui lui a appris les rudiments du métier, son agenda ne désemplit pas.

Mieux, il s'est même payé le luxe de collaborer avec Ryan Tedder (du groupe One Republic), de faire la première partie de The Chainsmokers et de donner des concerts à Lollapalooza et Coachella.

Aujourd'hui, Solomon compte une douzaine de productions à son actif. Il a profité de lancer son propre label, Payback Records qui fait partie du giron d'Atlantic Records, et cartonne sur Spotify avec près de 600 000 auditeurs mensuels. Et tout ça en dirigeant le leader mondial de la banque d'affaires. Fortiche!

Un emploi du temps qui fait jaser

Un temps connu sous le nom de DJ D-Sol, il mixe désormais sous sa véritable identité. Chaque année, il donne entre quatre et six concerts. Ses cachets? Il les reverse à des oeuvres caritatives.

Dans la lignée de son hobby branché, le financier s'est lancé dans une refonte de la culture d'entreprise établie. Son objectif? «Assouplir la culture maison, avec des codes vestimentaires plus casual, des méthodes de travail, de rétribution et de recrutement plus souple, davantage tournées vers la diversité et l’égalité hommes-femmes», écrivait Challenges en 2021.

Mais ces derniers temps, Solomon fait grincer des dents. Son activité de DJ empièterait sur le bon déroulement de l'entreprise. Le New York Times écrivait que des employés de Goldman Sachs l'ont parfois aidé à gérer son emploi du temps de DJ et ses dons à des oeuvres caritatives.

La frontière est à présent floue, en témoigne ce rapport annuel Music In The Air qui révèle les futures tendances de l'industrie, a permis de nouer un lien entre la banque et l'univers de la musique. Une relation qui pousserait des observateurs à se questionner quant à la carrière de DJ de Solomon et son rôle de PDG: a-t-il ses entrées grâce à sa position chez Goldman Sachs ou son talent aux platines fait le travail?

Désormais, la séparation des deux activités est devenue d'un seul coup ténue. L'épisode qui fait grandement jaser est l'obtention des droits pour remixer «I Wanna Dance with Somebody (Who Loves Me)» de Whitney Houston.

La signature a été facilitée par Lawrence Mestel, un client de Goldman. Qui est-il? Comme le souligne Le Point, il est le CEO de Primary Wave, une société gérant les droits d'auteur de plusieurs artistes tels que Nirvana, John Lennon, Bob Marley ou encore Whitney Houston. Mestel a réussi à convaincre Pat Houston, la belle-sœur de la chanteuse décédée et exécutrice testamentaire, d'autoriser l'utilisation du morceau. Sony Music, détentrice de l'enregistrement original du single, a également approuvé l'affaire.

Un retour d'ascenseur

Un petit coup de pouce de la part de Mestel qui prendrait des airs de retour d'ascenseur. Pour comprendre, il faut rembobiner: après avoir campé une place dans les services bancaires d'investissement, David Solomon prend du galon et se retrouve bombardé comme directeur général de la banque new-yorkaise en 2018. La relation d'affaires entre Mestel et Solomon est vieille «de plusieurs années», selon les dires de Mestel.

David Solomon lors du WEF à Davos.
David Solomon lors du WEF à Davos.Image: sda

Une relation privilégiée bien difficile à balayer sous le tapis: l'année d'après, l'homme à la tête de Primary Wave se retrouve dans le «Goldman Sachs 100 Most Intriguing Entrepreneurs» (réd: les 100 entrepreneurs les plus intrigants). Selon les informations du New York Times, ce projet est très prisé par le PDG de Goldman Sachs, bien que la direction, par le biais d'un porte-parole, assure que Solomon n'avait pas choisi Mestel pour figurer sur la liste des 100. Un petit coup de pouce dans les deux camps?

Conflit d'intérêt ou pas, le morceau remixé par Solomon est en passe de devenir un hit. Il est même classé au quatrième rang du classement dance de Billboard. Une vague de popularité musicale bienvenue, mais un mini tsunami gronderait en interne, selon certaines indiscrétions.

Grassement payé, Solomon doit désormais répondre aux investisseurs après le bilan catastrophique de 2022 et un bénéfice net qui a dégringolé de 48%. Autrement, la fête va vite se terminer.

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