Les scientifiques du «Cellulose and Wood Materials» du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) «viennent de mettre au point un procédé permettant de produire de la nanocellulose de haute qualité à partir des déchets de brasserie», indiquent-ils ce mardi matin. C'est quoi? Rien de moins «qu'une matière première biodégradable polyvalente qui peut par exemple être transformée en emballages ou en matières plastiques renforcées par des fibres». Les chercheurs ont publié leurs résultats dans la revue ACS Sustainable Chemistry & Engineering.
Mais qu'est-ce que la bière à avoir avec tout ça? Les experts expliquent (et on appréciera le ton biblique):
Vous l'aurez compris, les chercheurs de l'Empa, sous la direction de Gustav Nyström, pensent qu'il y a plus à tirer de ces déchets. En effet, à l'heure actuelle, les produits cellulaires micro et nanofibrillés sont fabriqués à partir de pâte de bois, mais cette ressource pourrait être utilisée de manière plus stratégique ailleurs:
A l'inverse, jusqu'à présent, les plantes annuelles, qui ont une croissance plus rapide, ont le potentiel de fournir des matières premières, mais elles sont peu exploitées à cette fin. Et ça tombe bien, ces dernières entrent dans la production de la boisson houblonnée. Gilberto Siqueira, co-auteur du papier de l'Empa explique que grâce à leur méthode, ils peuvent produire des matériaux de haute qualité à partir d'un résidu abondant et peu coûteux, actuellement largement gaspillé. Et c'est un avantage aussi pour les brasseurs:
D'ailleurs, les drêches utilisées dans l'expérience provenaient de la brasserie zurichoise Pentabier, une petite entreprise située à Dübendorf.
«Ils en ont extrait les fibres de nanocellulose et les ont transformées par lyophilisation en un aérogel», explique l'Empa. Ce matériau a une structure «aérée» avec de nombreux pores, ce qui lui confère d'excellentes propriétés d'isolation thermique. Les aérogels peuvent être fabriqués à partir de diverses substances – les aérogels de silicate, utilisés dans la construction, sont bien connus.
De leur côté, les aérogels à base de nanocellulose offrent des avantages supplémentaires: ils proviennent de sources renouvelables et sont biodégradables. L'objectif est de les utiliser dans les emballages, en particulier pour les aliments sensibles à la température tels que la viande.
Pour explorer pleinement le potentiel de la nanocellulose issue des drêches de bière, les chercheurs ont expérimenté différentes méthodes de prétraitement et de fabrication afin d'évaluer leurs effets sur le produit final. Ils sont bien conscients que leur produit doit répondre à des impératifs:
C'est précisément une raison pour laquelle les chercheurs s'intéressent à la production de matières premières à partir de résidus.
(jah)