Economie
credit-suisse

Credit suisse: L'ex-président Urs Rohner ne remboursera rien

Son ombre demeure: Urs Rohner a siégé au conseil d'administration de la banque de crise Credit Suisse pendant douze ans, dont dix ans en tant que président.
Urs Rohner a été le président de la banque Credit suisse pendant 12 ans et son passé le rattrape.Image: shutterstock/keystone/watson

L'ex-président de Credit Suisse ne remboursera rien: voici ce qu'il a gagné

Après sa démission de Credit Suisse au printemps 2021, Urs Rohner s'est fait discret. Pendant dix ans, il a été le chef suprême de la banque et ne se faisait pas payer en actions, comme de nombreux cadres qui ont tiré leur épingle du jeu.
03.04.2023, 08:0309.04.2023, 10:08
Patrik Müller et Florence Vuichard / ch media
Plus de «Economie»

«J'estime que nous n'avons rien à nous reprocher». Ces mots ont été prononcés par Urs Rohner, en 2014, lorsque le Credit Suisse a dû plaider coupable à des «activités criminelles» aux Etats-Unis et payer une amende de 2,7 milliards de dollars. Ce n'était pas le dernier scandale de la banque lors du mandat de Rohner. Les déboires les plus coûteux sont arrivés juste avant son départ, au printemps 2021: des milliards de pertes dues aux faillites de Greensill et d'Archegos. Mais dans la perception que Rohner a de lui-même, ses mains sont toujours restées propres.

Pendant douze ans, ce juriste aujourd'hui âgé de 63 ans a siégé au conseil d'administration de Credit Suisse. D'abord comme vice-président, puis comme président à partir de 2011. Durant cette période, il a marqué la banque plus que quiconque.

Depuis la quasi-faillite et la reprise en urgence par UBS, Rohner souffre, confie un ami de longue date. Il n'ose plus guère sortir avec les gens. L'ex-président de Credit Suisse craint d'être «mis au ban de la société», comme l'ont été Marcel Ospel en 2008 après le sauvetage d'UBS par l'Etat ou les chefs de Swissair en 2001.

Indulgence pour une acceptation sociale?

Ces derniers jours, l'information a circulé dans les milieux bancaires zurichois que Rohner prévoyait de rembourser une partie des millions qu'il avait encaissés au cours de toutes ces années. Cela semble tout à fait plausible: Rohner évolue dans la société zurichoise, dans le milieu artistique et culturel, et il est membre du Rotary 1, le club de service le plus influent de Suisse. Alors pourquoi ne pas sauver une partie de sa réputation en offrant une forme d'indemnité à la société?

D'autres ont, après tout, montré l'exemple, comme l'ancien chef d'UBS Peter Wuffli, qui est redevenu «socialement accepté» par la suite et est aujourd'hui engagé dans Partners Group.

CH-Media a directement confronté Urs Rohner à la rumeur. L'ex-président de Credit Suisse a réagi par l'intermédiaire d'un porte-parole. Celui-ci affirme qu'il a toujours perçu sa rémunération indépendamment des résultats de l'entreprise au cours de toutes ces années:

«En tant que président du conseil d'administration, il n'a pas reçu de bonus, c'est pourquoi il n'y a rien à rembourser»

De plus, Rohner a volontairement renoncé à une partie de sa rémunération pendant sept ans, à savoir de 2014 à 2021. «C'est un total de cinq millions de francs qu'il n'a pas perçu, mais auquel il aurait eu droit». Il en restera ainsi.

Il a été payé des dizaines de millions

Rohner n'a, toutefois, pas peu gagné. Il a reçu 52 millions de francs au cours de ses douze années au conseil d'administration de Credit Suisse. C'est ce qui ressort d'une synthèse des consultants de la fondation Ethos.

Il a perçu une grande partie de la somme en argent. La dégringolade de l'action de Credit Suisse au cours des dernières années a montré que seul le cash a une vraie valeur.

D'autres collègues du conseil d'administration et de la direction, qui se sont fait rémunérer en actions, ont été sanctionnés financièrement. Et certains ont trouvé la parade pour garder leur argent.

Un système où les banquiers pariaient contre leur banque

Ceux qui s'en sont le mieux tirés ont vendu leurs actions auparavant parce qu'ils n'avaient plus confiance en leur propre entreprise. Et cela s'est produit à grande échelle. Ainsi, le 1er novembre 2022, quatre membres du conseil d'administration ont transformé en argent un total de 23 899 actions nominatives d'une valeur de 120 760 francs, comme le montrent les transactions anonymes du management auprès de la bourse suisse Six.

Le moment de la vente est intéressant: les quatre membres du conseil d'administration ont vendu leurs titres à peine cinq jours après que la direction du Credit Suisse a présenté sa stratégie orientée vers l'avenir.

La nouvelle stratégie ne semblait pas les avoir convaincus. Cela rappelle – à une échelle beaucoup plus petite, certes – l'épisode peu glorieux de 2008 autour du richissime nouveau membre du conseil d'administration d'UBS, Rainer-Marc Frey: alors que la grande banque luttait pour sa survie, celui-ci a jeté un million d'actions UBS sur le marché pour maximiser ses propres bénéfices. En cas de doute, les responsables sont toujours plus proches de leur propre porte-monnaie.

Non seulement les membres du conseil d'administration, mais aussi les membres actuels et anciens de la direction ont vendu des actions Credit Suisse – et ce pour un total de 439 039 actions au cours des deux dernières années. C'est également ce qui ressort des transactions de la direction. Même les employés les plus haut placés ont apparemment perdu la foi dans leur banque. Ou sont-ils tout simplement passés à la caisse dès qu'ils ont été mis à la porte?

En tout cas, il y a une certaine coïncidence temporelle entre les départs forcés du chef juridique Romeo Cerutti et du chef des finances David Mathers fin avril 2022, la destitution du PDG Thomas Gottstein fin juillet 2022, et quatre ventes de gros paquets d'actions d'un montant compris entre 50 000 et 100 025 actions nominatives. Il s'agissait à chaque fois de ventes d'une contre-valeur de 308 000 à 544 000 francs.

Le non-banquier au sommet

Urs Rohner, lui, a tenu bon jusqu'au bout, aucune demande de démission n'a pu le mettre en danger. Sa carrière est le résultat de son avancée prudente, voire surprotectrice, et longtemps sans erreurs: après avoir travaillé comme avocat au cabinet zurichois Lenz & Staehelin et comme chef du groupe de télévision allemand Pro Sieben Sat. 1, il a été appelé à la mi-2004 comme chef juridique au sein de la direction du Credit Suisse. En 2009, il a été promu au poste de vice-président du conseil d'administration.

Deux ans plus tard, c'est la consécration: l'assemblée générale l'élit président et successeur du démissionnaire Hans-Ulrich Doerig. Une position qu'il ne quitte pas avant d'avoir atteint la durée maximale de 12 ans de mandat au conseil d'administration.

Hans Ulrich Doerig, links, neuer Verwaltungsratspraesident der Credit Suisse, und Urs Rohner, Mitglied des Verwaltungsrates, praesentieren sich gut gelaunt, nach der Generalversammlung der Credit Suis ...
Hans Ulrich Doerig et Urs Rohner.Image: KEYSTONE

Pendant longtemps, Rohner est effectivement resté immaculé: Credit Suisse a mieux surmonté la crise financière qu'UBS. Et toutes de nombreuses affaires ne lui sont pas restées sur les bras:

  • Le bonus de 70 millions pour son PDG Brady Dougan.
  • Le litige fiscal américain.
  • Les amendes de plusieurs milliards.
  • Le scandale de la filature.
  • L'affaire du Mozambique.
  • Les faillites de plusieurs milliards de Greensill et Archegos...

Tous ces problèmes, Urs Rohner les a enjambés avec légèreté, comme le coureur de haies qu'il était dans sa jeunesse. Il ne trébuche que maintenant, deux ans après sa démission du poste de président de Credit Suisse. (aargauerzeitung.ch)

Voici comment les voleurs des bornes CFF opèrent
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Ce fabricant de jouets culte est en crise
Playmobil souffre d'une baisse de ses recettes et supprime des emplois. L'entreprise allemande révèle pour la première fois les difficultés financières qu'elle doit affronter.

Le fabricant allemand des Playmobil, Horst Brandstätter Group, a révélé pour la première fois l'ampleur de la chute de son chiffre d'affaires au cours des deux dernières années. «Sur l'exercice 2023/2024, nous avons réalisé un chiffre d'affaires d'environ 490 millions d'euros», a indiqué l'entreprise.

L’article