Economie
credit-suisse

Rachat de Credit Suisse: les employés craignent pour leur poste

epa10536139 A man walks past the logo of Credit Suisse in Hong Kong, China, 22 March 2023. The Hong Kong Monetary Authority said Credit Suisse
Un homme passant devant le logo du Credit Suisse à Hong Kong, Chine, le 22 mars 2023.Image: EPA

Jobs menacés: les banquiers de Credit Suisse se ruent chez les chasseurs de têtes

La chute de la grande banque suisse devrait entraîner une suppression massive d'emplois ainsi qu'une nouvelle perte considérable pour la puissante place financière zurichoise. L'avenir des apprentis s'avère, dans le même temps, incertain.
22.03.2023, 18:5526.03.2023, 12:08
Pascal Michel, Gabriela Jordan et Stefan Ehrbar / ch media
Plus de «Economie»

Après le dernier accord financier, il ne reste à la Suisse plus qu'une grande banque. Même si c'est une banque-monstre, cela risque d'impacter sa place dans le domaine. A noter que d'innombrables questions restent encore en suspens. Comme celle de savoir comment l'intégration de Credit Suisse (CS) à UBS va exactement se dérouler. Ce qui demeure certain, c'est qu'après la reprise, les deux banques vont subir de grosses suppressions d'emplois.

Voici ce que l'on sait pour le moment:

Le sauvetage de CS devrait entraîner la suppression de dizaines de milliers de postes, écrivait mardi le Financial times, qui a suivi de près ce qu'il s'est passé ces derniers jours et qui continue manifestement à recevoir des informations exclusives. Le journal économique se réfère à des personnes au courant des plans.

Bataille interne «sanglante»

Dans le monde, UBS compte actuellement 74 000 postes à temps plein, Credit Suisse 50 000. Ensemble, les deux banques comptent désormais plus de 120 000 postes, dont 35 000 en Suisse. Autant d'emplois qui pourraient être supprimés, d'après le Financial times. Le journal estime que jusqu'à un tiers de ces postes pourraient être touchés, surtout dans les activités nationales et la banque d'investissement de CS. Chez les employés, la tension est donc grande, en particulier chez ceux de Credit Suisse:

«Il y aura une bataille sanglante en interne pour les postes à pourvoir. Elle s'étendra à toutes les fonctions, de l'assistant au conseiller»
Employé de Credit Suissewatson

L'agence de presse Bloomberg écrit que les banquiers de Credit Suisse se ruent chez les chasseurs de têtes. «Les recruteurs du monde entier reçoivent un flot sans précédent d'appels de banquiers de Credit Suisse.» Mais on entend aussi le contraire sur la place financière suisse. Certains collaborateurs, qui ne savent pas ce qui les attend, continueraient donc à travailler comme avant.

Cet article pourrait vous intéresser:

Afin de minimiser les dommages pour le personnel, l'Association suisse du personnel bancaire (ASPB), soutenue par la Confédération et l'Union syndicale suisse (USS), a demandé la mise en place d'une task force qui exige notamment un gel des licenciements jusqu'à fin 2023.

👉Toutes les dernières informations à propos de Credit Suisse👈

La chute de CS est également un coup dur pour la ville de Zurich, l'un des acteurs les plus importants de l'industrie financière mondiale. Pas plus tard qu'en janvier, la direction cantonale des finances a publié un rapport montrant en détail l'importance des banques et des assurances pour la région. Ainsi, avec 97 300 emplois à temps plein, le secteur fournit un emploi sur dix dans la région et génère un franc de valeur ajoutée sur six. Les deux grandes banques comptent environ 15 000 emplois à temps plein dans la région de Zurich, et 23 000 dans toute la Suisse, selon les chiffres de la Banque nationale suisse (BNS). Celle-ci n'inclut pas toutes les filiales des banques, mais seulement UBS SA, UBS Switzerland SA, Credit Suisse SA et Credit Suisse (Suisse) SA.

Poids des grandes banques amoindrie

Dans l'avant-propos du rapport, la directrice cantonale de l'économie publique Carmen Walker-Späh (PRD) a rendu hommage au secteur: durant les années de pandémie, la place financière s'est montrée «très robuste», déclare-t-elle. «L'économie zurichoise en a grandement profité.»

Le poids des grandes banques a, toutefois, nettement diminué – en Suisse comme à Zurich, la principale place financière du pays. L'économie zurichoise s'est fortement diversifiée, ce qui était également un objectif politique après la crise financière de 2008. Avec des implantations dans le domaine de l'informatique, par exemple chez Google, la croissance a été particulièrement forte dans ce secteur. Aujourd'hui, le canton de Zurich emploie probablement plus de personnes dans le secteur de l'informatique que dans les services financiers.

Alors qu'en 2014, le secteur financier était encore le plus important en termes d'emploi dans le canton de Zurich, il est aujourd'hui relégué à la sixième place. Il a été dépassé par les secteurs du commerce de gros, de la santé ou des sièges sociaux et du conseil – bien avant les problèmes de Credit Suisse. Dans ce dernier domaine, près de 15 000 emplois à temps plein ont été créés dans le canton de Zurich entre 2015 et 2020, tandis que le secteur informatique a augmenté de près de 7000. En revanche, dans les services financiers, près de 8000 postes ont été supprimés durant la même période.

Manque de personnes «qualifiées»

Cela explique aussi que la politique zurichoise réagisse de manière assez sereine à la disparition de Credit Suisse. Le canton peut supporter la perte de recettes fiscales, a déclaré lundi le directeur cantonal des Finances Ernst Stocker (UDC). Le chef des Finances de la ville de Zurich, Daniel Leupi (Verts), a calmé le jeu, mardi, en déclarant que la région économique de Zurich s'était révélée «très attractive et stable» ces dernières années. Mais il devient encore plus important de diversifier l'économie, déclare-t-il au Tages-Anzeiger. Le secteur de l'informatique et des startups devrait ainsi être encore renforcé.

Les banques, piliers de l'économie? L'effondrement de Credit Suisse ébranle cette croyance. Le nombre de banquiers qui perdront leur emploi dépendra de la structure de la nouvelle mégabanque. UBS ne voudra pas doubler les postes dans le back-office. De plus, les deux grandes banques ont déjà supprimé ou délocalisé des milliers de postes depuis la crise financière, non seulement à Zurich, mais aussi dans toute la Suisse. Néanmoins, Christian Bretscher, directeur de l'Association des banques zurichoises (ZBV), reste optimiste:

«Malgré les suppressions d'emplois, le taux de chômage dans le secteur reste constant à un niveau très bas depuis des années»
Christian Bretscher, directeur de l'Association des banques zurichoises (ZBV)watson

D'après le directeur de la ZBV, le taux de chômage dans le secteur se situe actuellement à 2,1 pour cent. Les personnes licenciées trouvent donc, dans la plupart des cas, un emploi dans d'autres banques ou assurances – même après la vague de restructurations de 2016. Alors que les grandes banques avaient réduit les coûts liés à l'emploi, la concurrence ainsi que les assurances ont créé des postes.

Reste à savoir si cette dynamique continuera après l'effondrement de Credit Suisse. Pour Christian Bretscher, il est en tout cas clair que «le secteur bancaire manque lui aussi de personnel qualifié». Actuellement, il y aurait 2200 postes vacants rien que dans le canton de Zurich.

Les apprentis craignent pour leur formation

L'incertitude est grande chez les apprentis de Credit Suisse. Est-ce qu'UBS prendra en charge la relève bancaire? Ou les 400 apprentis de CS devront-ils frapper à la porte d'une autre banque? Le maintien de l'emploi des employés de banque sera une grande priorité, affirment plusieurs experts du secteur. Là aussi, les grandes banques sont «too big to fail»: UBS, Credit Suisse et la Banque cantonale de Zurich (ZKB) fournissent ensemble la majeure partie des 3000 places d'apprentissage bancaires en Suisse.

«Si l'Etat accorde des milliards en matière de protection, il faut aussi une garantie que les apprentis puissent terminer leur formation», demande Natalia Ferrara (PLR), de l'Association du personnel bancaire. Si cela ne se fait pas, c'est au canton de Zurich que cela incombe. L'Office de la formation professionnelle (OFP) est en effet tenu de soutenir les apprentis qui n'ont plus d'entreprise formatrice. On ne sait pas si et comment UBS reprendra les apprentis de son ancienne rivale. Tout ce que la banque déclare, c'est que «cette intégration prendra du temps. Il est encore trop tôt pour faire des affirmations.» (aargauerzeitung.ch)

Copin comme cochon: elle passe enfin le permis de conduire
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Voici comment les Suisses investissent leur argent
En matière d'épargne, la majorité de la population suisse privilégie la prudence. Une nouvelle étude le montre: le compte privé et le compte d'épargne sont clairement les formes de placement les plus appréciées.

«Il ne faut pas parler d'argent», nous apprend-on dès le plus jeune âge. En Suisse, le sujet reste tabou, même avec nos proches. Les Helvètes ignorent donc à peu près tout de la manière dont leurs concitoyens gèrent leur fortune. Une nouvelle étude de moneyland.ch vient éclairer leur lanterne: la plateforme de comparaison pour les banques, les assurances et la téléphonie a interrogé 1500 personnes pour savoir si elles avaient de l'argent investi dans différentes formes de placement et, si oui, combien.

L’article