La Fed entame une nouvelle phase de sa lutte contre l'inflation
La deuxième phase de la lutte contre l'inflation est lancée aux Etats-Unis. La banque centrale, après avoir relevé ses taux très fort depuis le printemps, ralentit désormais le rythme et a réduit drastiquement sa prévision de croissance pour 2023.
La banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage:
- Celui-ci se situe désormais dans une fourchette de 4,25 à 4,50%, a annoncé la Fed, précisant que la décision a été prise à l'unanimité;
- Il s'agit du niveau le plus élevé depuis 2007. Et la Fed a prévenu qu'il n'était pas encore temps de s'arrêter: de nouvelles hausses «seront appropriées»;
- Ses responsables prévoient même de les faire grimper au-delà des 5,00%, alors qu'ils anticipaient 4,6% lors des précédentes prévisions, publiées en septembre.
«Plus de preuves nécessaires»
Car, si la hausse des prix a montré un «ralentissement bienvenu», a souligné le président de la Fed Jerome Powell, lors d'une conférence de presse à l'issue de cette réunion, il estime qu'«il faudra nettement plus de preuves pour être confiants dans le fait que l'inflation est bien sur une tendance à l'apaisement».
Face à une hausse des prix, au plus haut depuis plus de 40 ans, la Fed a sorti depuis le début de l'année l'artillerie lourde, relevant, à quatre reprises, ses taux de trois quarts de point, un niveau de hausse auquel elle n'avait pas eu recours depuis 1994. Mais les effets de ses décisions mettent des mois à se faire sentir.
Lente décrue
La Fed, pour autant, se montre un peu moins optimiste qu'en septembre sur la trajectoire de l'inflation, et n'évoque pas de récession pour l'année prochaine, malgré les risques provoqués par sa lutte contre l'inflation, qui pourrait trop freiner l'activité économique.
Le taux directeur de la Fed était, jusqu'en mars, situé entre 0 et 0,25%, un niveau plancher destiné à soutenir l'économie pendant la crise du Covid en stimulant la consommation.
Celle-ci avait également été poussée par le niveau d'épargne particulièrement élevé des Américains, au moment même où de nombreux biens devenaient plus difficiles à obtenir à cause des difficultés mondiales d'approvisionnement et de la pénurie de main d'oeuvre. Résultat: les prix avaient flambé.
«Pénurie de main-d'oeuvre structurelle»
Si la décrue est entamée, elle reste lente. L'inflation a fortement ralenti en novembre, à 7,1% contre 7,7% en octobre, selon l'indice CPI:
Cela contraint les entreprises à augmenter les salaires pour attirer les candidats et retenir leur personnel:
La Banque centrale européenne (BCE), qui se réunira jeudi, pourrait elle aussi passer à la deuxième phase de lutte contre l'inflation, et ralentir le rythme, après avoir opéré depuis juillet un tour de vis monétaire sans précédent dans son histoire. (ats/jch)