Alphabet, la maison mère de Google, a réalisé cet été la plus faible croissance de son chiffre d'affaires depuis 2013. Hormis le début de la pandémie, un signe fort que les géants de la publicité numérique résistent de moins en moins bien à l'inflation.
Le groupe californien a publié mardi un chiffre d'affaires de 69.1 milliards de dollars au troisième trimestre, en hausse de 6% sur un an.
De juillet à septembre, les recettes publicitaires de YouTube ont baissé de 2% à 7 milliards de dollars, alors que le marché attendait une petite progression.
«Ce trimestre décevant pour Google augure de temps difficiles à venir si les conditions macroéconomiques continuent de se dégrader. C'est la première fois que les revenus de la pub sur YouTube diminuent depuis que la société a commencé à les publier séparément fin 2019, essentiellement à cause de la concurrence du streaming et des formats de vidéos courtes» sur les applications mobiles comme TikTok, selon Evelyn Mitchell, analyste d'Insider Intelligence.
Philipp Schindler, le vice-président et directeur des ventes d'Alphabet, a reconnu lors d'une conférence téléphonique que certains annonceurs, notamment des services financiers, s'étaient «retirés» de la plateforme.
Et ses résultats pâtissent de la comparaison avec l'année 2021, quand la pandémie et les restrictions sanitaires favorisaient largement les activités en ligne.
L'ascension fulgurante de TikTok a aussi entamé la domination de Google et de Meta (Facebook, Instagram) sur ce marché. En 2021, l'application de divertissement a dépassé Google en tant que site web le plus populaire au monde, d'après Cloudflare, un fournisseur de services sur internet. Les grandes plateformes ont bien tenté de copier les formats de TikTok (Instagram a les «Reels» et YouTube les «Shorts»), mais elles peinent à transformer l'investissement en profits.
Alphabet a ralenti le recrutement après avoir embauché sans relâche pendant la pandémie. L'entreprise comptait près de 187 000 salariés au 30 septembre, soit environ 13 000 de plus que fin juin. Mais «nous continuerons à trouver de nouvelles personnes pour les rôles critiques, notamment des ingénieurs», a précisé Ruth Porat, la directrice financière, alors que plusieurs de ses voisins californiens, de Netflix à Twitter en passant par Snap, ont remercié des employés cette année.
Il y a un mois, Google a annoncé la fermeture de sa plateforme de jeux vidéo en ligne Stadia, trois ans après le lancement en grande pompe de ce service permettant de jouer sans console ni ordinateur, via le cloud.
La société a parallèlement réaffirmé ses ambitions dans les smartphones, avec le lancement du Pixel 7. De juillet 2021 à juin 2022, quelque 6.2 millions de combinés de la marque ont été livrés, soit une hausse de 129% sur un an, selon les chiffres du cabinet Canalys.
Et son activité d'informatique à distance, Google Cloud, se porte bien: elle a continué de croître, avec un chiffre d'affaires trimestriel de 6,9 milliards de dollars, contre 5 milliards de dollars lors de la même période l'année dernière.
Google a récemment ajouté un nouvel outil pour donner plus de contrôle aux internautes sur les contenus des annonces qui s'affichent pendant leur navigation sur internet, espérant ainsi se réconcilier avec ses utilisateurs, à l'heure où les pubs se mélangent de façon plus fluide aux contenus originaux sur des services comme TikTok et Instagram. (ats/jch)