En 2023, le marché immobilier suisse a enregistré la plus faible hausse de prix des quinze dernières années, rapporte ce lundi la plateforme d'évaluation RealAdvisor. L'augmentation, qualifiée de «modeste», a été de +0,9% pour les appartements et de +0,7% pour les maisons.
On ne peut pas dire la même chose de l'évolution sur les dix dernières années. Entre 2013 et 2023, les prix des appartements ont grimpé de 32,5% à l'échelle nationale, ceux des maisons de 34,4%. Joint par watson, le co-fondateur de RealAdvisor commente:
La hausse des prix immobiliers enregistrée au cours de la dernière décennie est «d'autant plus remarquable» lorsqu'on la compare à l'augmentation des salaires, ajoute Jonas Wiesel. Une comparaison qui, poursuit-il, «met en évidence un déséquilibre entre le pouvoir d'achat et le coût du logement».
En effet, selon l'Office fédéral de la statistique, le salaire médian est passé de 5979 francs en 2010 à 6665 en 2020 (derniers chiffres disponibles). Sur un peu la même période donc, la hausse n'a été que de 11,5%. «Effectivement, les salaires n'ont pas suivi la même courbe ascendante que les prix de l'immobilier», reconnaît le co-fondateur de RealAdvisor. Et d'ajouter:
«Toutefois», tempère-t-il, «qualifier l'augmentation des prix de disproportionnée nécessite une analyse plus approfondie».
Dans le détail, les chiffres partagés par RealAdvisors montrent d'importantes disparités au niveau cantonal, bien que toutes les régions du pays affichent des valeurs à la hausse.
Le canton ayant enregistré la hausse la plus importante est Zoug, où les appartements et les maisons coûtent, respectivement, 58,7% et 53% plus cher qu'il y a dix ans. A l'autre bout du classement, on retrouve le Tessin, canton affichant les augmentations de prix les plus faibles (+10,1 et 14,6%).
Les cantons romands sont plutôt bien placés; tant pour les maisons que les appartements, ils se trouvent dans la deuxième moitié du classement, affichant presque toujours des valeurs inférieures à 30%, en dessous donc de la moyenne nationale. A titre d'exemple, le prix des maisons a augmenté de 21,5% à Genève, celui des appartements de 20,2% dans le Jura.
Comment expliquer ces disparités? «Les variations des prix immobiliers d'un canton à l'autre s'expliquent principalement par la dynamique de l'offre et de la demande», répond Jonas Wiesel.
Plus généralement, cette dynamique permet en partie d'expliquer la hausse globale enregistrée depuis 2013. «Le marché immobilier est fortement réglementé, et la difficulté à augmenter l'offre de logements par rapport à il y a dix ans contribue à cette inflation des prix», complète le co-fondateur de RealAdvisor.
Que faut-il s'attendre pour 2024? Selon la plateforme d'évaluation immobilière, «les prix des biens immobiliers sont susceptibles de connaître une augmentation légèrement supérieure à celle de 2023». La faute est à imputer à une «offre limitée» et à une «demande qui devrait se renforcer».