Le Conseil fédéral a pris connaissance «avec grand regret» des droits de douane supplémentaires imposés par les Etats-Unis. La Suisse continue de viser une solution négociée avec les Etats-Unis, a souligné le porte-parole du Département fédéral des finances (DFF).
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Les droits de douane supplémentaires de 39% imposés par le président américain s'écartent «nettement» du projet de déclaration d'intention commune, a écrit vendredi matin le responsable de la communication du DFF, Pascal Hollenstein, sollicité par l'agence de presse Keystone-ATS. Ce document était le fruit d'intenses discussions entre la Suisse et les Etats-Unis au cours des derniers mois, a relevé le porte-parole.
Le Conseil fédéral prend acte avec grand regret du fait que les Etats-Unis – malgré les progrès réalisés dans les discussions bilatérales et «l'attitude très constructive de la Suisse dès le début» – veulent appliquer les droits de douane supplémentaires unilatéraux «d'un montant considérable aux importations en provenance de Suisse».
Selon Pascal Hollenstein, le Conseil fédéral va analyser la nouvelle situation et décider de la marche à suivre. Berne va rester en contact avec l'administration américaine. Elle va chercher à trouver une solution avec Washington qui soit «compatible tant avec l'ordre juridique suisse qu'avec les obligations existantes», a indiqué le porte-parole du DFF.
Donald Trump a annoncé sa décision dans la nuit de jeudi à vendredi, en publiant une liste détaillant les montants pour les différents pays qui n'étaient pas encore au clair. Quelques heures auparavant, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter avait fait savoir sur «X» qu'elle n'avait pas trouvé d'accord avec Donald Trump lors du «dernier entretien» avant l'expiration du délai de négociation initialement fixé au 1er août à 06h00 (heure suisse). Elle avait relevé que le chef de Maison Blanche pointait notamment le déficit commercial américain à l'égard de la Suisse.
L'augmentation des droits de douane pèsera sur les entreprises exportatrices et leurs fournisseurs. Pour préserver les emplois, Berne va recourir aux indemnisations prévues par le système du chômage partiel, a expliqué Pascal Hollenstein. L'industrie en particulier ressentira la charge douanière supplémentaire. Le porte-parole du DFF a notamment cité l'industrie horlogère, les producteurs de machines et d'instruments de précision ainsi que de l'industrie alimentaire.
Jeudi déjà, Karin Keller-Sutter avait déclaré à la radio SRF:
La ministre des finances avait ajouté qu'il était toujours possible de poursuivre les négociations et qu'en règle générale, «le dernier mot n'est jamais tout à fait dit».
L'économie d'exportation est déjà frappée par la politique douanière américaine. En mai, les exportations vers l'Amérique du Nord ont chuté de 39,6%, soit de 2,3 milliards de francs. Il s'agit de la valeur la plus basse depuis fin 2020, avait expliqué mi-juin l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières.
Le taux de 39% imposé à la Suisse dépasse celui de 31% annoncé en avril par Donald Trump. La Suisse se voit infliger le 5e droit de douane le plus élevé au monde après le Brésil (50%), la Syrie (41%), le Laos et le Myanmar (40%). La Confédération est le pays européen le plus lourdement imposé. La raison de cette sévérité n'est pas encore claire. L'Union européenne, principal partenaire commercial de la Suisse, a pu négocier un droit de douane de 15%.
Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 7 août – et non pas ce vendredi comme annoncé initialement. Ce délai doit donner le temps nécessaire à l'administration des douanes de mettre en place les nouvelles règles, a expliqué un responsable américain. (ats)