Le 19 mars, l'histoire du Credit Suisse a pris fin. La banque a dû se laisser racheter par sa concurrente UBS, sous la pression du Conseil fédéral, de la Banque nationale et de l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma). Les autorités ne voulaient pas appliquer le plan d'urgence, c'est-à-dire le sauvetage des activités suisses en cas de faillite simultanée de la maison mère. Les dommages auraient été trop importants tant pour la place financière suisse que pour l'économie du pays tout entier.
Un bon mois plus tard, le Credit Suisse obtient de bonnes notes de la Finma pour son plan d'urgence, qui n'a pas été appliqué en cas «d'urgence» à proprement parler. Le certificat de l'autorité de surveillance, publié mercredi, ne porte certes que sur la période allant jusqu'à fin 2022 et n'inclut pas les journées dramatiques de mars, mais il semble tout de même quelque peu absurde. Même si le directeur de la Finma, Urban Angehrn, estime, avec du recul, que «les événements autour de Credit Suisse montrent l'importance des préparatifs concrets en cas de crise». Avec le plan d'assainissement et le plan d'urgence, les autorités avaient sur la table des options qui n'existaient tout simplement pas, il y a dix ans.
Urban Angehrn (lui☝️) admet qu'il y a encore une grande marge d'amélioration:
En principe, les plans d'urgence suisses visent à garantir qu'en cas d'urgence, les établissements financiers d'importance systémique puissent être assainis ou liquidés sans que leurs fonctions ne soient interrompues. C'est pourquoi les plans d'assainissement et de liquidation des cinq «too big to fail» sont soumis à un examen annuel de la Finma, dont les résultats sont ensuite publiés, comme ce fut le cas mercredi.
Dans ce contexte, la logique des autorités semble être que des mesures comme l'assainissement ou la liquidation ne doivent pas nécessairement être appliquées en cas de crise. Il n'est, toutefois, pas inintéressant de les préparer à l'avance, puisque le geste aura le mérite de recevoir une bonne évaluation de la Finma.
Urban Angehrn l'a expliqué il y a quelques semaines lors d'une conférence de presse, les plans d'urgence ne sont appliqués que lorsqu'il n'existe pas d'autre solution. A l'époque, le directeur de la Finma avait décrit les dommages qu'une faillite de Credit Suisse aurait causés: la maison mère aurait disparu - et avec elle une banque suisse avec un total de bilan de plus de 350 milliards de francs. Tous les paiements y auraient été suspendus et les comptes de tous les clients bloqués.
L'UBS a également reçu des évaluations positives de la Finma. Dans l'ensemble, l'autorité de surveillance constate de «nouveaux progrès opérationnels» chez les grandes banques suisses. Le plan d'urgence de Raiffeisen «répond pour la première fois aux exigences relatives à la poursuite sans interruption des fonctions d'importance systémique en cas de menace d'insolvabilité.»
Les plans de la Banque cantonale de Zurich et de Postfinance ne font toujours pas l'unanimité. Le premier n'est «pas encore réalisable», constate la Finma. L'établissement financier zurichois n'a pas «réservé suffisamment de capital pour la recapitalisation en cas d'urgence.»
Selon la Finma, les perspectives sont encore moins encourageantes pour la filiale de la Poste. Celle-ci doit «réorienter sa stratégie de recapitalisation en cas d'urgence». Cela est devenu nécessaire après l'échec de la révision de la loi sur l'organisation de la Poste au Parlement. Cette révision de la loi comprenait, outre la privatisation partielle de Postfinance, la levée de l'interdiction des hypothèques et des crédits. Par le passé, la Finma avait déjà jugé les plans d'urgence de Postfinance insuffisants.
Hansruedi Köng, CEO de Postfinance, n'est pas inquiet. C'est ce qu'il a laissé paraître dans une interview accordée à Finanz und Wirtschaft. Les bases d'évaluation de l'autorité fédérale sont «un peu dépassées», d'après le directeur, car elles prennent en compte les chiffres d'affaires de 2021.
Après le changement de taux d'intérêt en 2022, Postfinance serait «en bien meilleure position, surtout en ce qui concerne la couverture des cas d'urgence», explique-t-il. De plus, les fonds propres exigés sont nettement plus importants que ce qui est nécessaire du point de vue de Postfinance. (aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté par Anaïs Rey.