Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation sur le marché du logement est tendue. Les logements vides, en particulier dans les villes, sont rares. Le taux de logements vacants en Suisse est de 1,15%.
Comme tout bien rare, on peut donc le proposer cher, ce qui fait grimper les loyers à un niveau historiquement élevé. Et l'augmentation du taux d'intérêt de référence risque désormais d'aggraver la situation.
Depuis son introduction en 2008, le taux d'intérêt de référence n'a connu qu'une seule tendance: vers le bas. Entre octobre 2008 et mars 2023, il est passé de 3,5% à 1,25%. Mais, en juin dernier, le taux est remonté pour la première fois. De nombreux locataires ont dû payer jusqu'à 3% de plus pour leur logement. Aujourd'hui, le taux d'intérêt de référence a été adapté une nouvelle fois à la hausse, passant de 1,5 à 1,75%. Qu'est-ce que cela signifie exactement et comment cela affecte-t-il les loyers?
Si le taux d'intérêt de référence augmente d'un quart de pourcent, le loyer peut être augmenté de 3%. Vous pouvez utiliser le calculateur de loyer ci-dessous pour voir comment votre loyer varie en fonction du taux d'intérêt.
Mais attention: le calculateur ne prend pas en compte le renchérissement et l'augmentation générale des coûts. Les propriétaires ont, en effet, le droit de les ajouter aux 3%.
La Suisse n'a pas de contrôle étatique des loyers et il appartient aux locataires de défendre leurs droits. Il est donc d'autant plus important de savoir ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Fabian Gloor, de l'Association des locataires, explique:
Selon Fabian Gloor, la majorité des locataires concernés par les augmentations de loyer sont ceux qui ont signé un contrat de location entre juin 2017 et septembre 2023.
En outre, les baux pour lesquels les bailleurs ont toujours répercuté les baisses du taux d'intérêt de référence – c'est-à-dire qu'en cas de baisse du taux d'intérêt de référence, ils ont baissé le loyer en conséquence – sont également concernés.
Tant que le taux d'intérêt de référence est inférieur à 5%, les bailleurs ont le droit d'augmenter le loyer d'environ 3% en cas de hausse du taux d'intérêt d'un quart de pourcent. Ils peuvent, en outre, répercuter le renchérissement ou l'augmentation générale des coûts sur les loyers.
Malheureusement pour vous, oui. «Même si votre loyer a déjà subi une augmentation en juin dernier, il peut augmenter une nouvelle fois», explique Fabian Gloor.
De nombreux locataires ont eu de la chance, en juin, et leurs loyers n'ont pas été révisés à la hausse. Fabian Gloor explique à ce propos:
Les augmentations de loyer résultant de l'augmentation du taux d'intérêt de référence prendront effet au plus tôt en avril 2024.
On parle beaucoup du taux de référence, mais il n'est pas le seul à jouer un rôle dans l'augmentation potentielle des loyers. Le renchérissement et l'augmentation générale des coûts entrent également en ligne de compte. Néanmoins, les bailleurs ne peuvent pas répercuter plus de 40% du renchérissement sur les locataires.
L'augmentation générale des coûts affecte, par exemple, les frais d'entretien du bien immobilier. Dans ce contexte, l'augmentation générale des coûts peut entraîner une hausse forfaitaire du loyer de 0,5%.
En conclusion, la hausse des loyers peut donc être plus importante que ne le laisse supposer le taux de référence.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci