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Scandales en chaîne: Nestlé Waters montre les dents

Nestlé Waters, filiale française de Nestlé, est dans la tourmente.
Nestlé waters dénonce des informations «anxiogènes» pour les consommateurs et les 1 500 salariés en France.Image: Shutterstock

Scandales en chaîne: Nestlé Waters montre les dents

La filiale du groupe suisse se défend des nombreuses accusations qui l'accablent en France et demande une clarification.
07.02.2025, 08:1007.02.2025, 08:10
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«Toutes nos eaux aujourd'hui sont pures à la source», affirme à l'AFP Muriel Lienau, directrice générale de Nestlé Waters, dans la tourmente après des révélations de presse. La patronne demande une clarification sur les processus de microfiltration utilisés sur les eaux minérales en France.

«La sécurité alimentaire de nos produits n'a jamais été en jeu et la sécurité sanitaire des consommateurs a toujours été assurée. La composition minérale de nos eaux n'a jamais été altérée. (...) Nous n'avons jamais fait pression sur aucun décideur public», énumère celle qui a pris en janvier la direction de la nouvelle division eaux du groupe suisse (Nestlé Waters & Premium Beverages).

Elle dénonce des informations «anxiogènes» pour les consommateurs et les 1 500 salariés de Nestlé Waters en France.

Une eau «pas microbiologiquement saine»

Un an après les premières révélations sur des traitements interdits (filtres au charbon, UV) utilisés jusqu'en 2023 par Nestlé sur ses eaux minérales, des médias ont accusé mardi l'Elysée et Matignon d'avoir cédé au lobbying du groupe, en le laissant commercialiser des eaux non conformes à la réglementation et à risque pour la santé.

Radio France et Le Monde font état d'une note du 20 janvier 2023 du directeur général de la santé (DGS) Jérôme Salomon, qui recommandait de «suspendre immédiatement l'autorisation d'exploitation et de conditionnement de l'eau pour les sites Nestlé des Vosges» (Hépar, Contrex, Vittel) et d'étendre cette interdiction «au site d'embouteillage de Perrier» dans le Gard.

Jérôme Salomon citait un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur l'utilisation de microfiltres inférieurs à 0,8 micromètre, qui concluait que l'eau en sortie de puits n'était «pas microbiologiquement saine».

Un «effet désinfectant avéré»

La règlementation européenne ne précise pas le seuil à partir duquel la filtration est assimilée à une désinfection, proscrite pour les eaux minérales naturelles, mais un avis de l'Afssa (ex-Anses) de 2001, qui fait office de jurisprudence, le fixe à 0,8 micromètre.

«La microfiltration est largement utilisée dans toute l'industrie. C'est donc stratégique pour le secteur de pouvoir clarifier» cette réglementation européenne avec une «réflexion technique», affirme Muriel Lienau. Une commission d'enquête parlementaire, que la directrice générale a refusé de commenter, est en cours sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille.

Selon Lienau, les effets de la microfiltration «céramique à 0,8 micromètre autorisée par l'Afssa (ex-Anses)» sont les mêmes que ceux de la microfiltration «à cartouche à 0,2 micromètre» utilisée par le groupe: «ce ne sont pas des moyens de désinfection».

Selon Radio France et Le Monde, l'Agence régionale de santé Occitanie a conclu que la microfiltration du groupe avait un «effet désinfectant avéré». La microfiltration à 0,2 micromètre fait partie du «plan de transformation» appliqué par Nestlé et accepté par le gouvernement quelques semaines après la note du directeur général de la santé.

«C'est comme ça qu'on garantit la sécurité alimentaire (...) on ne recommande pas à qui que ce soit dans l'industrie d'opérer sans cette microfiltration», ajoute Lienau, demandant son autorisation par les autorités puisqu'elle permet de «gérer la création de biofilms» (bactéries agglomérées) «entre la source et l'usine d'embouteillage».

Sans la mention eau minérale

La directrice générale affirme que toutes les eaux sont «pures à la source» et qu'il «peut y avoir des déviations très sporadiques», notamment dans le Gard après des fortes pluies, mais que les contrôles permettent de «stopper un forage si besoin».

En avril, Perrier a dû cesser d'exploiter un forage et détruire «par précaution» deux millions de bouteilles, après la découverte de bactéries «d'origine fécale» à la suite de fortes pluies.

Dans un rapport daté d'août, cité par Radio France et Le Monde, l'ARS Occitanie a «invité» Nestlé Waters à «s'interroger stratégiquement sur un autre usage alimentaire possible de l'exploitation des captages d'eau minérale actuels».

Pour continuer à exploiter les forages à la qualité dégradée, Nestlé Waters a créé une nouvelle marque, Maison Perrier, des boissons à base d'eaux traitées et vendues sans la mention eau minérale. Entre 1,2 et 1,7 milliard de bouteilles, Perrier et Maison Perrier, sont produites chaque année et écoulées dans environ 150 pays.

Muriel Lienau a elle confiance: «nous estimons que les sources dont nous avons la charge peuvent être protégées et gérées sur le long terme» grâce à des investissements, malgré une «vulnérabilité» qui va «ne faire qu'augmenter». (jzs/ats)

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