La Russie a trouvé un moyen de contourner les sanctions occidentales à son encontre. Mercredi, le gouvernement de Vladimir Poutine a annoncé n'accepter plus que les roubles dans les prochains jours pour livrer son gaz aux pays considérés comme «hostiles» à son égard.
La décision, qui devrait être effective d'ici une semaine, aura deux effets: le renforcement de la devise russe face à l'euro et au dollar, et l'envolée des prix du gaz sur le marché européen. Sur Twitter, Raphaël Bloch, journaliste économique de l'Express, a ainsi résumé la situation:
Poutine vient d'ordonner que les européens payent le gaz russe en roubles.
— Raphaël Bloch 🐳 (@Raph_Bloch) March 23, 2022
Gros dilemme pour les Européens : S'ils ne le font pas, ils n'auront pas de gaz russe. S'ils le font, ils soutiendront le cours du rouble et annuleront une partie des effets de 3 semaines de sanctions...
Une situation qui a créé l'affolement au sein de plusieurs Etats.
Comme l'a révélé Reuters le 23 mars, le rouble s’est nettement apprécié ces derniers jours. Fortement dévalué le jour de l'invasion russe en Ukraine le 24 février, il est repassé sous la barre des 95 pour un dollar pour la première fois en trois semaines. Suite à l'annonce de Poutine, plusieurs des pays jugés comme agissant à l'encontre de la Russie se sont demandé comment ils pourraient dorénavant payer leurs achats de gaz.
Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, dont le pays est particulièrement dépendant du gaz russe, a dénoncé une violation par Moscou des contrats conclus en euros. La France s'est également exprimée à travers Barbara Pompili, présidente tournante de l'Union européenne: «Nous avons, en Europe et en France, à faire face à ce besoin de diesel, qui risque de se faire de plus en plus crucial», si des décisions sont prises dans les jours ou les semaines à venir.
Pour Alexandre Andlauer, expert énergies pour Kpler interviewé par BFM Business, il ne s'agit là, avant tout, que de communication:
Un constat soutenu par Antoine Lecy, professeur au MIT Economics, qui a jugé l'inquiétude européenne «absurde». Plus qu'une sanction anti-européenne, cette décision constitue davantage une sanction contre les oligarques russes qui ne pourront dès lors plus «tricher» en gardant les dollars pour eux, conclut le professeur.
Beaucoup d’émotion à tort sur cette règle, comme s’il s’agissait d’un coup de génie de Putin qui mettait les européens dans une impasse. C’est complètement absurde. (1/n) https://t.co/48fzTFMa5f
— Antoine Levy (@LevyAntoine) March 23, 2022
Jeudi, une réunion ministérielle de l'Agence internationale de l'énergie a eu lieu à Paris, afin de trouver des solutions pour amortir la hausse des prix du pétrole et réduire la dépendance au gaz russe.
Le plan en dix points présenté début mars prévoit à cet effet d’acheter nettement plus de gaz liquide, de baisser la consommation d’énergie dans les bâtiments par des rénovations et de remplacer les systèmes de chauffage, tout en accélérant le développement de l’éolien et du solaire.
Début mars, l’AIE a déjà libéré 60 millions de barils de pétrole tirés des réserves obligatoires des pays membres. La Suisse a participé à cette mesure. (mndl/asi)