C'est la première réponse de la Russie face aux nombreuses sanctions économiques formulées à son encontre par l'Occident. Lundi 7 mars, le gouvernement de Vladimir Poutine a dressé une liste d'une cinquantaine de pays jugés «hostiles». Parmi eux, la Suisse, qui s'est récemment alignée aux sanctions imposées par l'Union européenne.
Selon les informations de l'agence de presse russe Tass, cette mesure fait suite à un décret signé le 5 mars par le président Poutine et autorisant le gouvernement, les entreprises ainsi que les citoyens russes à désormais pouvoir rembourser leurs dettes aux créanciers étrangers en roubles. «Cela, même lorsque celles-ci sont libellées dans des devises étrangères», a avancé mardi le quotidien économique Les Echos.
Cette procédure provisoire s’applique aux paiements supérieurs à dix millions de roubles, soit les dettes dépassant environ 65 000 francs.
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Accepter un remboursement de dettes étrangères en roubles aurait-il des conséquences pour la Suisse, élue championne des sanctions contre la Russie? C'est une question que watson a soumise au Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) lundi.
D'un point de vue économique, «cela ne changera rien». Pour le DEFR, le problème risque plutôt d'être diplomatique, «et dans ce cas, il faudrait contacter le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE)», nous a-t-il conseillé avant de, néanmoins, préciser que celui-ci «se garderait certainement de dévoiler de telles explications» tant l'envergure politico-diplomatique du conflit était sensible.
Contacté par watson, le DFAE n'a, comme auguré, pas pu fournir d'éclaircissements supplémentaires sur le sujet:
Les Affaires étrangères ont expliqué «devoir analyser la situation et comprendre les termes exacts du décret russe» avant de se positionner officiellement. Un point de vue que partage également le Département fédéral des finances (DFF), qui estime qu'«en principe, un paiement réalisé en Suisse doit être effectué en francs suisses».
Alors, si du côté économique on ne craint pas la contre-sanction russe, au niveau diplomatique et financier, les conséquences véritables sur les entreprises suisses demeurent encore vagues. Ce qui est sûr, c'est que du côté de la Russie, ce nouveau décret signé par le Kremlin mènera le pays tout droit vers un défaut de paiement, si l'on tient compte de l'analyse des Echos. Depuis le 1er janvier 2022, la valeur du rouble a déjà dégringolé de 45%.