La Russie menace d'utiliser le pétrole de son voisin, le Kazakhstan, comme arme de perturbation contre les pays européens qui soutiennent l'Ukraine. En effet, la justice russe a ordonné, au début du mois de juillet, une suspension des flux de pétrole d'un gros terminal d’exportation de brut pour 30 jours.
Le Caspian pipeline consortium (CPC), qui fait transiter l'or noir du Kazakhstan vers la mer Noire via l'un des plus gros oléoducs du monde, a été sommé d'interrompre ses opérations en raison de violations, explique Reuters.
En signifiant un arrêt des flux pétroliers pendant un mois, la Russie frappe là où ça fait mal et envoie un avertissement à peine voilé à ses détracteurs européens.
Si la suppression de quelque 1,5 million de barils de brut par jour ne perturbait pas l'économie russe, l'Europe centrale et le marché méditerranéen en paieraient le prix cher. De façon plus large, le marché mondial du pétrole en ressentirait le manque.
C'est à travers un tribunal régional, plus précisément un juge russe de la ville de Novorossiysk, sur la côte de la mer Noire, que la sentence est tombée.
Ces mesures de rétorsion sont justifiées par une série d'infractions commises «dans le cadre du plan d’intervention en cas de déversement d’hydrocarbures de CPC, que la société avait eu jusqu’à la fin novembre pour rectifier», explique le site lesactualites.news.
Ce n'est pas la première fois que Moscou saisit ses tribunaux régionaux pour peser sur l'organisation du marché pétrolier mondial. Le cas du gisement gazier de Kovykta, en Sibérie, ou encore le projet Sakhaline-2, font notamment partie des exemples flagrants où la justice russe a été employée à des fins politiques, commente le site Korii.
Le Kazakhstan se tient sur une crête étroite. Le pays d'Asie centrale, bordé au nord par la Russie, est dans une position délicate depuis le début de la guerre en Ukraine. Sortant d'une crise politique majeure en janvier de cette année, il tente de maintenir un équilibre entre son voisin russe belligérant, dont il est extrêmement dépendant en termes d'importations (40% selon des chiffres donnés par Libération), et les sanctions occidentales, qu'il entend bien éviter.
(jod)