Si Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle française dimanche, est reconduit à l'Elysée lors du second tour le 24 avril, «ce ne serait pas une grande rupture», a déclaré auprès d'AWP Olivier Crevoisier, professeur d'économie territoriale à l'université de Neuchâtel (Unine).
De même, Heiner Mikosch, qui travaille au Centre d'études conjoncturelles de l'EPF de Zurich (KOF), estime que peu de nouveautés sont à attendre en cas de réélection du candidat de La République en Marche (LRM) au programme jugé libéral et pro-européen. Du point de vue des marchés, seule une réaction positive limitée dans le temps est attendue si Macron repart pour un quinquennat à la tête du cinquième partenaire commercial de la Suisse en 2020.
Pour John Plassard de Mirabaud, «dire qu'une victoire de Marine Le Pen est impossible dans deux semaines serait faire preuve de mémoire (très courte)», invoquant le Brexit et la victoire de Donald Trump qui «n'étaient absolument pas prévus par les instituts de sondage». En 2017, Macron avait battu Le Pen par 66,1% contre 33,9% au second tour, mais «cette fois-ci, les scores devraient être beaucoup plus serrés (quel que soit le vainqueur)».
En cas d'arrivée de la candidate Le Pen au pouvoir, «il y aura une certaine incertitude du point de vue du cadre institutionnel», a expliqué Crevoisier.
Marine Le Pen ne propose plus directement de sortir la France de l'UE ou de la monnaie unique, mais une partie de son programme serait incompatible avec le cadre des traités européens actuels. Si des attentes vers plus de démocratie sont fortes en France, le professeur met en garde contre des «référendums couperets», à l'image du Brexit, avec «des prises de risques politiques extrêmement fortes, sans véritable débat». Quant à la question des frontaliers français travaillant en Suisse, Marine Le Pen devrait «avoir une attitude pragmatique».
Heiner Mikosch table sur un «choc» pour les marchés boursiers ainsi qu'une réaction négative des investisseurs européens qui auront le sentiment «de ne pas savoir ce qui viendra demain». Cela péjorerait les «chances de croissance» en France. Les entreprises qui font des affaires avec le pays voisin, notamment en Suisse romande, risquent de le ressentir encore plus fortement, selon lui.
Que ce soit pour l'un ou l'autre candidat, Jan Atteslander, en charge des relations extérieures chez Economiesuisse, ne voit «pas encore un programme économique concret qui aurait un effet sur les relations avec la Suisse». Il est encore trop tôt pour se prononcer, a-t-il conclu.
Pour Jeffrey Halley, analyste de marché chez Oanda, si Macron est sorti en tête du premier tour, «l'incertitude des élections françaises sera une raison supplémentaire pour la Banque centrale européenne (BCE)) de ne pas intervenir cette semaine», sachant qu'elle «freine déjà toute progression de l'euro». Selon lui, une victoire de Marine Le Pen serait un séisme encore plus important que le Brexit.