Le premier tour de l’élection présidentielle française a rendu son verdict. Si l’on excepte, ce n’est pas rien, l’éviction du jeu de la droite classique, incarnée il y a cinq ans par François Fillon, qui était arrivé troisième pour Les Républicains (LR), on prend les mêmes et on recommence. Dans l’ordre: Macron, Le Pen, Mélenchon. Exit Mélenchon pour le second tour. Restent Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Un écart d’environ 5% les séparait aux alentours de minuit. Il s'est réduit à moins de 3,5% au cours de la nuit. Il était de 2,7% en 2017 en faveur du premier.
Emmanuel Macron n’a pas encore gagné la présidentielle. Sur le papier, il est plus près de la victoire que ne l’est Marine Le Pen. Tout est question, à présent, de réserves de voix. En grattant beaucoup, Marine Le Pen peut espérer, si l'on se fie aux scores des uns et des autres, entre 35% et 40% des voix, à commencer par celles d’Eric Zemmour. Le candidat de Reconquête lui a apportées hier soir après 20 heures, de même que Nicolas Dupont-Aignan. Mais, si les résultats de premier tour proposent, l'électorat de second tour dispose.
Le président sortant peut compter de son côté sur les soutiens de Valérie Pécresse (LR), Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts), Fabien Roussel (Parti communiste) et Anne Hidalgo (Parti socialiste). Même Jean-Luc Mélenchon, qui a martelé qu’aucune voix de son camp ne devait aller à l’extrême droite, a donné sinon une indication de vote, du moins une recommandation de non-vote pouvant se traduire par de l'abstention, ce dont le chef de l'Etat ne devrait pas, en principe, excessivement pâtir.
Le vote utile, qui est aussi celui de la peur face à l’extrême-droite et de la peur face à la guerre en Ukraine, a servi Emmanuel Macron, vu comme un garant de la démocratie et de la continuité de l'Etat. Les sondages de premier tour qui donnaient 8% à Valérie Pécresse ont ainsi été divisés par deux dans les urnes. Nul doute qu’Emmanuel Macron en aura profité. Pareillement, Marine Le Pen aura pris des voix à Eric Zemmour, qui, pour autant, fait mieux que Valérie Pécresse. Tout comme Jean-Luc Mélenchon, qui avait pour lui la dynamique à gauche et qui a en partie siphonné le vote écologiste.
Et maintenant? Ce qui était vrai pour le premier tour, reste vrai pour le second: l’extrême droite demeure un danger et la guerre en Ukraine bat son plein. Mais il y a tout le volet social. Un thème sur lequel Marine Le Pen est habile et rassembleuse, en candidate du pouvoir d'achat. Tout comme l'est Jean-Luc Mélenchon, pour qui ce terrain-là est du velours et qui, au passage, a peut-être réussi dimanche à bâtir une gauche capable d'incarner à nouveau un jour l'alternance. Or, si Mélenchon souhaite qu’aucune voix de ses électeurs n’aille à la présidente du Rassemblement national, il ne les a pas pour autant explicitement appelés à voter pour Emmanuel Macron le 24 avril.
Un «tout sauf Macron» qui ne l’empêchera peut-être pas d’être réélu, mais qui – bis repetita post-2017? – pourrait alors une nouvelle fois le mettre en grande difficulté face à la rue.
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