A un an du lancement de l'offensive des troupes russes sur le territoire ukrainien, plusieurs valeurs vedettes de la Bourse suisse – dont les trois plus importantes – sont encore bien présentes sur le marché russe, alors qu'une partie s'est partiellement ou totalement retirée.
Les poids lourds du Swiss market index (SMI), le groupe agro-alimentaire Nestlé et les pharmas Novartis et Roche, qui représentent ensemble plus de la moitié des capitalisations boursières recensées sur la place zurichoise, ont maintenu leurs activités en Russie.
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La multinationale veveysanne, qui avait été publiquement tancée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour soutenir l'effort de guerre de Moscou, dit avoir «réduit drastiquement son portefeuille en Russie», où elle a également suspendu la publicité et les investissements, ainsi que:
Les produits des deux géants pharmaceutiques bâlois sont exemptés des sanctions commerciales adoptées par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Le fabricant d'aides auditives Sonova, le spécialiste des soins ophtalmiques Alcon et le fournisseur de l'industrie dentaire Straumann continuent également d'opérer sur le marché russe au nom du bien-être des patients.
En 2022, les exportations de la pharma helvétique vers la Russie ont bondi de près de 40% par rapport à 2021, atteignant de nouveaux sommets à 2,1 milliards de francs, alors même que les volumes n'ont que très peu augmenté, selon des données de l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF) publiées fin janvier.
UBS, Credit Suisse et Julius Bär se sont engagés à ne plus réaliser de nouvelles affaires avec des clients basés en Russie. La banque aux deux voiles s'est vu interdire, en juillet dernier, par un tribunal moscovite la vente de ses sociétés russes. Julius Bär a entamé les procédures en vue de la fermeture de sa filiale dédiée au conseil, ouverte à Moscou en 2018.
Présent en Russie depuis 1981, SGS y a suspendu le développement de ses affaires ainsi que ses activités d'investissement, tout en réduisant son portefeuille de services. Le numéro un mondial de l'inspection et de la certification ne projette pour l'heure pas de se retirer et dit «évaluer constamment différents scénarios».
Certaines entreprises ont cédé leurs activités aux équipes de direction locales (management buy-out): c'est le cas de Zurich insurance, de Schindler et plus récemment de Holcim, dont les ex-filiales respectives opèrent désormais comme «Thuricum», «TRP Group» et «Cementum».
Le logisticien Kühne+Nagel a indiqué à AWP avoir vendu en juillet dernier ses activités en Azerbaïdjan, en Biélorussie et au Kazakhstan à l'ex-patron de sa filiale, Perry Neumann, qui a depuis rebaptisé cette dernière Noytech.
Après avoir dans un premier temps suspendu ses livraisons à destination de la Russie, Logitech a décidé fin août de mettre un terme aux activités de sa filiale locale.
ABB avait été une des premières entreprises à avoir annoncé la suspension de ses opérations ainsi que la prise de nouvelles commandes. En juillet, le groupe électrotechnique a entrepris les démarches pour se retirer «au plus vite» de Russie, où il dispose de deux sites de production.
Geberit a également mis fin à toutes ses activités en Russie, alors que Sika y a suspendu la production et les investissements.
Une étude publiée en janvier par l'institut IMD de Lausanne et l'Université de Saint-Gall relevait que seuls 8,5% des entreprises basées dans l'Union européenne (UE) et les pays du G7 présentes en Russie s'étaient retirées, principalement d'importantes multinationales.
Selon cette enquête, qui ne couvre pas les sociétés établies en Suisse, les champions de l'exode sont:
De son côté, un groupe de chercheurs de l'université de Yale, aux Etats-Unis, a recensé plus de 1300 organisations étrangères opérant sur sol russe. Sur 53 entités helvétiques, 18 y ont cessé leurs activités, parmi lesquelles plus de trois quarts – dont les groupes de luxe Richemont et Swatch – seraient à terme disposés à revenir dans ce pays.
Parmi les sociétés du marché élargi (SPI) également, la situation varie entre ceux qui veulent rester à tout prix, comme le chimiste grison Ems-Chemie, dont la directrice générale (CEO) Magdalena Martullo-Blocher a affirmé dans la presse dominicale ne pas vouloir faire cadeau de ses usines à l'Etat russe, et ceux qui se sont résolus à partir, comme le chocolatier Lindt&Sprüngli, qui a confirmé avoir engagé début février la procédure de liquidation de sa filiale. (awp/ats)