En tant que «vieux» réseau social plébiscité par les jeunes, Snapchat peine à exister au-delà de sa base d'utilisateurs fidèles, aux yeux des précieux annonceurs et influenceurs. Un casse-tête que l'application doit absolument résoudre si elle veut atteindre la rentabilité.
Le patron a ouvert la conférence annuelle de l'entreprise avec ces chiffres montrant qu'elle n'a rien à envier à ses concurrentes en termes de fréquentation.
En 2022, ses pertes nettes ont triplé à 1,43 milliard de dollars. Le groupe californien a donc entrepris une diversification à marche forcée, après avoir licencié 20% de ses effectifs l'été dernier (plus de 1200 personnes).
Mercredi, Snap a présenté sa stratégie pour attirer plus de créateurs de contenus, inciter les utilisateurs à souscrire à l'abonnement payant et convaincre les annonceurs et les entreprises du potentiel de la réalité augmentée.
Selon l'analyste, la plateforme doit trouver un juste milieu entre «le sens de la communauté et des échanges privés», qu'elle a cultivé depuis sa création, et la nécessité de créer plus «d'espaces publics» rémunérateurs.
Le réseau social a inventé les «stories» en 2013, un format de photos ou vidéos éphémères ensuite copié par ses rivales. C'est aussi un pionnier de la communication visuelle et de la réalité augmentée.
Mais, aujourd'hui, «personne ne parle d'eux», remarque Carolina Milanesi, de Creative Strategies:
Une différence que Snap revendique haut et fort. «Les gens sont fatigués des concours de popularité sur les réseaux sociaux», a lancé mercredi Evan Spiegel:
Snapchat résiste en partie au phénomène TikTok, imité par Instagram: un fil de vidéos courtes et divertissantes publiées par des créateurs de contenus, triées en fonction de l'utilisateur, à consommer comme des bonbons.
L'appli au fantôme s'ouvre par défaut sur la caméra, proposant à l'utilisateur de se filmer lui-même, ou son environnement, avec ou sans filtre, pour publication privée ou publique.
Et les nouveaux outils présentés mercredi visent d'abord les usagers, avec des nouveaux formats de stories et une carte plus dynamique.
My AI, son chatbot à base d'intelligence artificielle générative, va pouvoir être personnalisé et les 3 millions d'abonnés à Snapchat+, la formule payante lancée l'été dernier, vont bientôt tester ses capacités visuelles: le programme répondra aux photos avec des images générées automatiquement.
Le groupe ne peut néanmoins pas faire l'impasse sur les influenceurs, qui attirent le public et donc les annonceurs.
Jack Brody, un vice-président de la firme, pense que «les créateurs peuvent vraiment bénéficier de cette culture que nous avons développée (...), qui leur permet d'être eux-mêmes», sans pour autant devoir abandonner les autres plateformes.
Mercredi, la plateforme a étendu la possibilité de monétiser des contenus à plus de créateurs et amélioré leurs chances d'être «découverts» par le public.
Le groupe a par ailleurs récemment lancé «ARES», une suite de logiciels pour les magasins en ligne qui veulent intégrer des outils de réalité augmentée, comme l'essayage virtuel de vêtements. Mi-messagerie, mi-réseau social, Snap se lance ainsi pour la première fois dans les services aux entreprises. (ats/jch)