Comme à l'école. Dès cette semaine, Migros a décidé d'évaluer ses propres produits de 1 à 5. Transports, sorties en plein air, usages de médicaments ou de fertilisants, irrigations, de nombreux critères seront pris en compte. Avec son échelle de durabilité M-Check, le distributeur souhaite informer ses clients, en un coup d'œil, sur le bien-être animal et sur le bilan écologique.
Et le résultat n'est pas toujours positif: un morceau de boeuf, par exemple, n'obtiendra jamais mieux qu'une étoile dans la catégorie «climat». «Nous permettons ainsi à la clientèle d’acheter en parfaite connaissance de cause», affirme l'entreprise.
Réalisé en partenariat avec le WWF et Myclimate, le système sera d'abord apposé sur une centaine de produits alimentaires, notamment la viande. D'ici 2025, tous les emballages des marques propres à Migros (y compris le non-alimentaire) devraient être concernés.
Que pensez-vous de l'initiative de la Migros?
Je ne vais pas faire la fine bouche, je trouve ça très bien, c'est honorable d'aller au-devant de l'attente des mangeurs. Mais il faut aussi voir qu'il y a une crise de confiance énorme après tous les scandales alimentaires et toutes les remises en cause des qualités gustatives. Face aux attentes de la population, ils ne peuvent pas rester dans leur tour d'ivoire, ils sentent bien qu'ils doivent faire quelque chose. Petit à petit, on doit donner un vrai rôle aux mangeurs. Nous ne sommes pas que des consommateurs, cela doit devenir normal de nous informer.
En quoi cet outil est un atout pour les consommateurs?
En soi, je ne suis pas très fan de tous ces systèmes de notation, il ne faut pas que le produit devienne un sapin de Noël non plus. Mais c'est utile pour le consommateur d'avoir un repérage rapide pour savoir si c'est bien ou pas. Cela clarifie le choix. Peut-être que je vais quand même le prendre parce que c'est le meilleur marché mais au moins je suis informé. Quand on sait que 30% de l'urgence climatique est liée à l'alimentation, cela permet de faire des choix.
Pourquoi c'est important pour nous d'être mieux informés?
On est au bout de la chaîne, mais nous ne sommes pas simplement des gens qui avalent ce que d'autres préparent. Nous avons aussi nos sensibilités. Les mangeurs devraient être des partenaires d'égal à égal avec les producteurs, les vendeurs, les cuisiniers. Le futur, à mes yeux, c'est que le respect du consommateur doit devenir un réflexe. J'espère qu'il y aura un effet d'entraînement. Dans le duopole que nous connaissons, quand une décision de ce type est prise, elle a normalement une répercussion sur le reste du marché.
Migros va assez loin avec ses notes ou vous voyez des pistes d'amélioration?
C'est déjà bien qu'une grande entreprise décide unilatéralement d'introduire un tel système. C'est un premier pas, mais on peut encore en faire beaucoup d'autres. Si on veut aller plus loin, il faudrait que les règles soient complètement transparentes. Un label classique est relié à un cahier des charges. Alors que là, c'est Migros qui a la main sur sa notation. J'espère qu'ils mettront leurs critères sur Internet. D'autres organismes, comme Slow Food, devraient également être associés à la démarche. Selon moi, c'est ça, la crédibilité qu'ils doivent viser dans le futur.
Ils prennent le risque de dévaloriser certains de leurs produits aux yeux de leurs clients. Que cherchent-ils selon vous?
Je pense qu'ils ne prennent pas un si gros risque parce que, malheureusement, c'est encore le porte-monnaie qui décide de beaucoup de choses. Le droit à l'alimentation devrait être le droit à une alimentation de qualité et non pas médiocre. Migros, eux, ils cherchent à se mettre en avant pour montrer qu'ils ont une réflexion sur le sujet. Mais comme je l'ai dit, au vu de la situation actuelle, c'était obligatoire pour eux de le faire.