Le Covid n'a pas fini de nous réserver des surprises. Après avoir causé une pénurie de composants électroniques impactant notamment les voitures, les ordinateurs et les smartphones, la pandémie va désormais s'en prendre à nos baskets. De nombreuses usines textiles du Sud-est asiatique sont à l'arrêt, suite à la flambée du variant delta qui frappe la région.
Produisant la moitié des paires vendues par Nike dans le monde, le Vietnam est le parfait exemple de la situation. Le pays, qui a brillamment résisté aux trois premières vagues, est cette fois-ci touché de plein fouet par le virus avec environ 8000 nouvelles contaminations quotidiennes. Les autorités ont dû se résoudre à confiner une partie de la population.
À tel point que des usines Nike, Adidas, Puma ou encore Uniqlo ont été obligées de cesser leur activité, suite à la découverte de nombreux cas positifs parmi leurs employés. Un arrêt brutal qui menace l'approvisionnement des marchés occidentaux pour la fin de l'année, comme l'explique le journal Les Echos.
Et la situation n'est pas plus réjouissante pour les fabriques toujours ouvertes où les effectifs ont été divisés par deux à cause du virus.
Pour éviter la pénurie, Steve Lamar, président du puissant lobby américain de la chaussure, s'est adressé directement à Joe Biden: «Je vous demande d'accélérer immédiatement la distribution des vaccins américains excédentaires au Vietnam et dans d'autres pays partenaires clés». En effet, seul 1% des Vietnamiens sont entièrement vaccinés pour le moment.
Patron d'une dizaine de magasins de chaussures en Suisse romande, Toto Morand n'est pas inquiet dans l'immédiat, mais souligne qu'il ne faudrait pas que les fermetures s'éternisent: «Si cela dure quelques semaines, les usines vont mettre les bouchées double pour rattraper le retard, mais si elles sont à l'arrêt trois mois, on aura forcément un gros problème puisque tout est produit dans ces pays-là.»
Toto Morand précise toutefois que cela fait un an et demi que la situation est compliquée à gérer pour les acteurs du domaine. «On a dû s'habituer à ce qu'il y ait des retards ou des annulations. Quand on passe commande, on n'est jamais sûr de recevoir nos baskets», confie-t-il.
Et le fondateur de Pomp It Up de pointer un autre problème rencontré par les professionnels de la chaussure. «Désormais, les grandes marques sont nos concurrentes, elles préfèrent vendre leurs produits directement dans leurs boutiques en ligne. Si la pénurie se confirme, elles risquent de garder leur stock pour elles.»