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Salaire: les femmes suisses peu discriminées selon une étude

Les femmes sont peu discriminées en matière de salaires (selon les patrons)

Une étude mandatée par l'Union patronale suisse (UPS) n'a constaté presque aucun écart salarial entre hommes et femmes. La recherche, qui ne porte que sur quelque 500 entreprises appliquant l'instrument de l'égalité salariale de la Confédération, ne serait pourtant pas «représentative».
13.06.2023, 14:4913.06.2023, 15:39
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Il n'y aurait pratiquement aucune inégalité salariale entre hommes et femmes en Suisse. Telle est la conclusion d'une étude de l'Université de Saint-Gall, commandée par l'Union patronale suisse (UPS) et publiée mardi.

Les syndicats ne sont pas de cet avis.

Mais reprenons depuis le début. 👇

Sur quoi porte l'étude?

Il n'y aurait pratiquement aucune inégalité salariale entre hommes et femmes en Suisse, selon l'UPS.
Il n'y aurait pratiquement aucune inégalité salariale entre hommes et femmes en Suisse, selon l'UPS.Image: KEYSTONE

L'Université de Saint-Gall a rassemblé 615 analyses sur l'égalité salariale. Cela correspond à 10% des entreprises soumises à l'obligation d'analyse et 550 000 collaboratrices et collaborateurs. Pour des raisons de comparabilité, l'enquête s'est concentrée sur 461 entreprises utilisant l'outil de la Confédération.

Pourquoi cette analyse sur l'égalité salariale?

Selon la loi sur l'égalité, les entreprises de plus de 100 employés doivent effectuer une analyse de l'égalité salariale et la présenter aux collaborateurs et aux actionnaires au plus tard fin juin.

Qu'est-ce qui a été découvert?

Les auteurs de la recherche ont passé en revue les analyses menées auprès de 461 entreprises qui utilisent l'instrument de l'égalité salariale de la Confédération. Parmi elles, 99,3% respectent la loi sur l'égalité.

Au total, 89% des entreprises n'ont pas montré d'effet de genre, comme l'a fait savoir l'organisation patronale mardi. Et 3,3% des écarts de salaires entre hommes et femmes sont demeurés sans explication. Seules trois entreprises présentaient un écart salarial supérieur à 5%, le seuil de tolérance fixé par la Confédération.

Comment les employeurs interprêtent les chiffres?

Pour l'organisation patronale, l'enquête montre que les directives fédérales sont respectées, tant au niveau des branches qu'au plan régional. Les différences salariales ne seraient comprises que dans une fourchette étroite.

L'Union patronale se trouve confortée dans ce résultat. D'après elle, les chiffres utilisés par les syndicats dans les débats montrant des écarts de salaires inexpliqués seraient exagérés.

Dans le même temps, la réalité s'avère nettement meilleure que ce que montre l'enquête sur la structure des salaires menée par l'Office fédéral de la statistique (OFS), estime l'UPS. Ces chiffres positifs, qui montrent les progrès des entreprises en matière d'égalité salariale, devraient être inclus aux débats, demande-t-elle.

Les entreprises ne devraient cependant pas abaisser leur vigilance. Les disparités salariales nécessitent que l'on s'attaque à leur cause, notamment les interruptions plus fréquentes de la vie professionnelle pour les femmes. Et pour cela, les femmes doivent pouvoir bénéficier de conditions leur permettant de travailler de la même manière que les hommes.

Comment les syndicats voient-ils cette étude?

Pour l'Union syndicale suisse (USS), l'UPS «enjolive» la situation. Son étude n'est pas représentative, mais ne dépeint «qu'une petite partie de la réalité», puisqu'elle ne couvre que 10% des entreprises ayant effectué une analyse de l'égalité salariale, critique l'USS.

Et de souligner que, selon l'Office fédéral de la statistique, les femmes ont toujours 43% de revenus de moins que les hommes.

Travailsuisse, une importante faîtière, a publié ses propres chiffres début juin, basés sur les informations fournies par environ 160 entreprises. Ces données concernent environ 18% de tous les travailleurs en Suisse. Les chiffres des syndicats montrent que près de 95 % des entreprises présentaient une disparité salariale inexplicable en défaveur des femmes. La disparité salariale maximale non expliquée était de 15,7%.

En moyenne, la disparité salariale non expliquée s'élevait à 3%, ce qui est inférieur à l'étude de l'Université de Saint-Gall commandée par l'organisation patronale.

Pourquoi les chiffres sont-ils si différents?

Pas tout à fait. Travailsuisse analyse les chiffres des entreprises qui ont transmis au syndicat les résultats de leurs analyses salariales. Il ne s'agit pas d'un échantillon représentatif aléatoire, mais d'entreprises qui s'attaquent activement au problème de la discrimination salariale et qui sont principalement engagées dans un partenariat social, selon Tobias Bauer, responsable de la politique économique chez Travailsuisse. Elles figurent donc sur la liste blanche du site web respect8-3.ch.

La fédération syndicale appelle donc les employés à signaler anonymement les entreprises qui ne réalisent pas l'analyse de l'égalité des salaires requise par la loi sur l'égalité. A partir du milieu de cette année, les entreprises en infraction seront publiées sur une liste noire.

Que dit la Confédération?

Le gouvernement estime l'écart salarial non expliqué entre hommes et femmes dans l'ensemble de l'économie à 7,8%. C'est ce qui ressort du rapport final de l'analyse des écarts de salaire entre femmes et hommes basée sur l'Enquête suisse sur la structure des salaires, publié par l'Office fédéral de la statistique (OFS) en avril.

L'écart salarial non expliqué aurait légèrement diminué par rapport à 2018, où il était de 8,1%. Selon l'OFS, l'écart salarial moyen global entre femmes et hommes dans l'ensemble de l'économie est d'environ 16,4%. Environ la moitié de cet écart peut être expliquée par des facteurs tels que l'âge, le niveau d'éducation, le secteur d'activité et la profession. (jah/ats)

La première grève féministe de Suisse le 14 juin 1991
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La première grève féministe de Suisse le 14 juin 1991
La première grève des femmes* de Suisse avait impliqué plus de 500 000 femmes à travers le pays.
source: keystone
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