L'Union syndicale suisse (USS) va se prononcer sur la situation des femmes sur le marché du travail, ce mardi matin. Comme le montre une étude publiée en avril par l'Office fédéral de la statistique (OFS), elles continuent de toucher un salaire inférieur à celui des hommes en Suisse. L'écart entre les sexes se monte plus exactement à 18%: un pourcentage qui n'a que très peu évolué au fil de ces dix dernières années.
Concrètement, à la fin du mois, les femmes reçoivent 1500 francs en moins que leurs collègues masculins, en moyenne. De minimes différences existent entre le secteur public et le secteur privé (voir le graphique ci-dessous), mais le constat reste le même, comme le résument les auteurs de l'étude:
D'importantes différences existent au niveau de la région géographique, de la branche économique, ou encore de l'âge. En voici quelques-unes.
Les écarts salariaux ne sont pas les mêmes si l'on travaille à Lausanne, Saint-Gall, Neuchâtel ou Lugano. Les différences dans la fiche de salaire varient en effet fortement d'un endroit à l'autre.
La région lémanique, formée par les cantons de Genève, Vaud et Valais, affiche l'écart salarial le plus bas, soit 14,7%: la différence se monte à 1423 francs par mois, en moyenne. A l'autre bout du classement, on retrouve Zurich, où les femmes touchent un salaire inférieur de 24,1% par rapport à celui des hommes.
Les différences sont également importantes au niveau de la branche économique: le secteur affichant l'écart salarial le plus important est celui des services financiers et des assurances, où 43% des salariés sont des femmes. Ces dernières perçoivent un revenu 32,3% inférieur à celui des hommes.
Un autre domaine affichant un écart salarial supérieur à la moyenne est celui de la santé et de l'action sociale, où la part de femmes atteint jusqu'à 78%. La différence moyenne se monte à 1591 francs chaque mois.
«Cet écart ne peut être considéré de manière évidente comme une discrimination», nuancent les auteurs de l'étude.
Le temps de travail n'a en revanche pas d'influence sur les chiffres contenus dans l'étude, où il est question de salaires bruts standardisés sur un plein temps.
Un coup d'oeil aux professions permet d'aller encore plus dans le détail. Les différences sont encore plus prononcées, les écarts salariaux oscillant entre 0,6% («assistants de fabrication de l’alimentation») et 26,2% («spécialistes de la santé»).
L'écart qui caractérise le groupe des spécialistes de la santé s'explique en partie par le fait qu'il comprend tant les médecins que les chefs des services de soins, ainsi que les infirmiers et les sages-femmes, commente l'étude. Dans la branche médicale, les salaires tendent à être plus élevés, et la part des femmes plus basse que dans le personnel de santé diplômé. Ces différences au sein du groupe de professions font que l'écart salarial entre les sexes est relativement élevé.
Une autre variable intéressante concerne le niveau de formation. Plus ce dernier est élevé, plus les salaires sont importants... et plus l'écart entre hommes et femmes se creuse.
Ainsi, en moyenne, les femmes titulaires d'un diplôme universitaire touchent un salaire inférieur de 22,5% par rapport aux hommes ayant accompli la même formation, écart qui tombe à 12,2% dans le cadre d'un apprentissage.
Dans la catégorie «haute école universitaire», la différence salariale moyenne dans le secteur privé (-24,7%) est presque deux fois plus élevée que dans le secteur public (-12,5%), notent encore les auteurs de l'étude.
D'importantes différences existent dernièrement au niveau de l'âge. Une claire tendance semble se dessiner, l'écart salarial augmentant nettement dans les groupes les plus âgés.
Comparée avec les employés de moins de 30 ans, la différence salariale moyenne dans le groupe des plus de 50 ans est près de cinq fois plus élevée.
Ces différences s'expliquent en partie au moyen d’autres facteurs d’influence, telles la formation acquise ou la position professionnelle, qui ont toutes deux tendance à augmenter avec l’âge.
Cet article a originairement été publié le 18 avril 2023