Le ministre afghan de l'Intérieur Sirajuddin Haqqani, nommé par les talibans, a promis lundi de «très bonnes nouvelles» pour «très bientôt» au sujet d'un retour des filles dans les écoles secondaires en Afghanistan. Il s'exprimait dans une rare interview avec la chaîne américaine CNN International.
«J'aimerais apporter une clarification. Personne ne s'oppose à l'éducation pour les femmes», a longtemps déclaré Sirajuddin Haqqani, l'un des dirigeants talibans les plus secrets. Il ne s'est en effet montré pour la première fois à visage découvert en public qu'en mars.
Il a fait valoir que les filles pouvaient déjà aller en classe au primaire.
Pour rappel: fin mars, les talibans, au pouvoir depuis le retrait en août des forces américaines, ont fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture pourtant annoncée de longue date. Ce revirement inattendu, ordonné par le chef suprême du mouvement et du pays, Hibatullah Akhundzada, a indigné la communauté internationale.
Sirajuddin Haqqani a laissé entendre que ce «mécanisme» était lié à la tenue vestimentaire exigée pour les futures élèves, expliquant que l'éducation devait être basée sur la «culture afghane et les règles et principes islamiques», et évoquant plus largement la question du port du hijab.
Les talibans ont exigé, après leur retour au pouvoir, que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête mais laissant apparaître le visage. Depuis début mai toutefois, ils leur ont imposé le port en public d'un voile intégral, de préférence la burqa, déjà obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
Le réseau Haqqani est accusé d'avoir commis certains des attentats les plus violents perpétrés par les talibans en Afghanistan ces 20 dernières années. Sirajuddin Haqqani lui-même figure toujours sur la liste des suspects les plus recherchés du FBI, qui a promis jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information pouvant mener à son arrestation.
Sur CNN, le ministre a expliqué que «les vingt dernières années étaient une période de combat défensif et de guerre», mais qu'il voulait à l'avenir «avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis et la communauté internationale».
«Actuellement, nous ne les voyons pas comme des ennemis», a-t-il insisté, assurant que les talibans entendaient respecter l'accord signé avec Washington en 2020, dans lequel ils s'engagent à ne pas laisser l'Afghanistan devenir à nouveau une base arrière pour des attaques terroristes visant les Américains. (sda/ag)