Les putschistes ont convoqué les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion, ce lundi à 13h00 (heure suisse) au Palais du peuple, siège du Parlement, dans un format qu'ils n'ont pas précisé. «Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion», ont-ils prévenu.
Les forces spéciales guinéennes, conduites par leur commandant, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, ont enlevé le chef de l'Etat Alpha Condé dimanche. Leur objectif, mettre fin à:
Preuve de l'enlèvement en images, les putschistes ont publié une vidéo saisissante du président Condé. Il apparaît calme, mais défait, en jeans et chemise, assis dans un canapé. Les putschistes ont assuré qu'il était en bonne santé et bien traité.
Outre l'enlèvement du président, les militaires ont proclamé la dissolution du gouvernement, des institutions et de la Constitution qu'avait fait adopter Condé en 2020. Il s'en était servi pour se présenter la même année à un troisième mandat, malgré des mois de contestation meurtrière.
Les putschistes affirment vouloir rendre «la politique au peuple». Ils ont promis une période de transition, à la manière du voisin malien, théâtre d'un putsch lui aussi récemment. Ils ont annoncé un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes.
Dans la soirée, les miltaires ont annoncé au journal télévisé:
Ce coup de force surprise des militaires parachève des mois de grave crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.
Malgré des ressources minérales et hydrologiques considérables, la Guinée reste un pays pauvre à l'histoire tourmentée. Dirigé depuis l'indépendance de 1958 par des régimes autoritaires ou dictatoriaux, il est coutumier des actions brutales de ses forces armées.
Le président Condé, au pouvoir depuis 2010, était de plus en plus isolé, à la limite de l'autoritarisme, selon ses détracteurs. L'apparent épilogue de son régime a donné lieu à des scènes de joie dans différents quartiers de la capitale, notamment dans les banlieues réputées favorables à l'opposition, comme on le voit sur la vidéo ci-dessous. 👇
People of Guinea celebrating the military coup
— Beno SarkCess (@BenopaOnyx1) September 5, 2021
pic.twitter.com/MIeGGVIWmU
Le coup d'Etat a suscité une large réprobation internationale, du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'Union africaine en passant par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union européenne.
La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l'appel à «la libération immédiate et sans condition du président Condé». Les Etats-Unis ont également condamné le coup d'Etat qui, ont-ils prévenu, pourrait «limiter» la capacité américaine à soutenir la Guinée. Le président Condé s'était lui de plus en plus tourné vers la Chine, la Russie et la Turquie ces dernières années.
Les principaux dirigeants de l'opposition guinéenne ne se sont pas encore véritablement prononcés sur les évènements. Mais le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a pris acte de «l'arrestation du dictateur» et des déclarations des militaires sur la Constitution.
Aucun décès n'a été rapporté officiellement lundi après le putsch, malgré le crépitement intense des armes automatiques dans le centre de Conakry dimanche matin. Aucun incident majeur n'a été signalé dans la nuit de dimanche à lundi.
C'est le troisiène nouveau coup de force en Afrique subsaharienne en un an, après le Mali en 2020 ou le Tchad en 2021. (ats/mbr)